L’année 2025 s’achève et avec elle, la traditionnelle rétrospective de la rédaction d’Outremers360. Une année marquée notamment par les suites du passage de Chido à Mayotte et notamment, de la loi de refondation du Département, par le cyclone Garance qui a dévasté La Réunion, par la Conférence des Nations Unies pour l’Océan à Nice, et la place particulière des Outre-mer, par l’accord de Bougival pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ou encore, les derniers soubresauts de l’exécutif, entre la chute du gouvernement Bayrou, la rocambolesque nomination de Sébastien Lecornu, et le départ de Manuel Valls au profit de Naïma Moutchou.
Après Chido, refonder Mayotte
Le 14 décembre 2024, Mayotte faisait face à sa plus dévastatrice catastrophe naturelle. Le cyclone Chido, en passant sur l’île, fait une quarantaine de victimes en plus de détruire un Département qui affiche déjà des retards de développement béants par rapport à l’Hexagone ou à sa voisine de l’océan Indien, La Réunion.
Pour à la fois répondre à l’urgence de la reconstruction et proposer une vision de long terme, le gouvernement propose alors la loi de refondation de Mayotte. À la clé : plus de 4 milliards d’euros de rattrapage économiques, structurels et sociaux pour l’île. Le projet de loi, qui s’ajoute à la loi d’urgence adoptée début 2025, prévoit notamment la construction d’un nouvel aéroport, d’un nouvel hôpital, de nouvelles retenues collinaires pour l’accès à l’eau, la convergence des droits, le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine, de nouveaux établissements scolaires, l’extension de l’université, la réhabilitation et la construction de nouvelles structures sportives, de nouveaux logements et la réhabilitation de l’habitat insalubre ou encore, le déploiement de la fibre.
Le 10 juillet 2025, le Parlement adopte définitivement ce projet de loi de refondation, non sans débats houleux, notamment à l’Assemblée nationale. En amont, l’État a mis en place l’établissement public de reconstruction et de développement de l’archipel, officiellement installé par l’ancien ministre Manuel Valls, début septembre. Plus récemment, sa successeure Naïma Moutchou a, elle, installé le comité de suivi de la loi Mayotte, lors de son déplacement la semaine dernière, à l’occasion du premier anniversaire du passage du cyclone.
Cyclone Garance : au tour de La Réunion
Quelques semaines après Mayotte, c’est au tour de La Réunion d’être touchée par le « brutal et violent » cyclone Garance, le 28 février. Le cyclone ne fait pas moins de 5 victimes sur l’île et laisse une facture de plusieurs millions d’euros de dégâts sur les habitations, l’agriculture, les infrastructures. Selon les derniers chiffres, Garance aura coûté aux assurances 380 millions d’euros, tandis que l’État mobilise un fonds de 200 millions pour l’île.

1,6 millions d’euros seront aussi versés aux sinistrés réunionnais, tandis que les exploitants agricoles recevront une enveloppe de 5 millions d’euros. Chido comme Garance ont été les catastrophes naturelles les plus dévastatrices de la saison 2024/2025, et à l’échelle de La Réunion et Mayotte. Point positif, les Antilles ont été relativement épargnées par les tempêtes et ouragans de la saison 2025 dans l’Atlantique, qui s’étend de juin à octobre. Seule la Jamaïque a subi le passage destructeur et meurtrier de l’ouragan Mélissa.

Chikungunya : Une épidémie d'ampleur exceptionnelle à La Réunion et à Mayotte
Depuis août 2024, une transmission généralisée du virus du chikungunya a été documentée à La Réunion ainsi qu'une augmentation des cas de transmission locale à Mayotte. L'épidémie a pris une ampleur dramatique au premier semestre 2025, touchant près de la moitié de la population réunionnaise. Environ 450 000 personnes, soit près de la moitié des habitants de La Réunion, ont été contaminées par le virus, faisant de cette vague, la plus importante depuis vingt ans.
Plus de 47 500 cas confirmés de chikungunya et plus de 170 000 consultations pour suspicion de la maladie ont été signalés sur l'île au 4 mai 2025. L'épidémie a connu une accélération fulgurante au début de l'année 2025, avec les cas hebdomadaires passant de 30 fin 2024 à 4000 durant la semaine du 10 au 16 mars 2025. Le bilan humain s'est alourdi avec douze décès entre mars et avril chez des personnes de plus de 70 ans présentant des comorbidités, tandis que 340 hospitalisations ont été recensées entre janvier et début mai, dont 43% d'adultes de plus de 65 ans et 25% d'enfants de moins de six mois.
À Mayotte, l'épidémie s'est également installée après près de vingt ans sans transmission majeure. Passé en phase 3 du plan Orsec arboviroses le 27 mai, le territoire connaît une transmission intense et généralisée avec 757 cas et 19 hospitalisations dont 11 femmes enceintes. La situation sanitaire a été particulièrement préoccupante dans les communes de Mamoudzou, Pamandzi et Dzaoudzi, avec la moitié des cas concernant les 25-34 ans.
Face à cette crise, les autorités ont déployé une campagne de vaccination avec le vaccin Ixchiq, bien que la Haute Autorité de Santé ait recommandé en avril 2025 de suspendre la vaccination chez les sujets de 65 ans et plus en raison de nouveaux cas d'effets indésirables graves. Environ 66% de la population de La Réunion possède des anticorps contre le chikungunya, combinant l'épidémie actuelle avec celle de 2005-2006. Cette immunité collective devrait protéger l'île à court terme, le risque d'une épidémie d'ampleur en 2026 étant considéré comme faible selon les autorités sanitaires.

Avec ZION et Fanon, le cinéma antillais fait sensation sur les grands écrans
Côté culture, les Outre-mer ont montré leur dynamisme et richesse sur les différentes scènes culturelles du monde entier. Dans les salles obscures, deux films réalisés par des Guadeloupéens ont tenu le haut de l'affiche pendant plusieurs semaines aux Antilles et dans l'Hexagone.
Sorti le 2 avril, le biopic Fanon réalisé par le cinéaste guadeloupéen Jean-Claude Barny retrace le séjour du penseur martiniquais Frantz Fanon en Algérie sous l'occupation française, alors qu'il exerce comme médecin à l'hôpital psychiatrique de Blida, au sud-ouest d'Alger. Dans ce troisième long-métrage de Jean-Claude Barny, l'auteur de « Peau noire, masques blancs » découvre les conditions d'internement pitoyables de patients algériens et se bat pour imposer une approche thérapeutique humaine. Son combat s'étend en dehors de l'enceinte de l'hôpital lorsqu'il prend contact avec des résistants du Front de libération nationale (FLN), en lutte pour l'indépendance, que le psychiatre aide et soigne clandestinement. Une période cruciale pour le psychiatre et essayiste qui y articule sa réflexion sur la violence du colonialisme. Le film, qui fut diffusé uniquement dans 107 salles, cumulera près de 250 000 entrées au box-office.

Succès aussi pour le jeune réalisateur Nelson Foix et son premier long-métrage ZION, sorti au mois d'avril dans l'Hexagone.Zion, retrace la course haletante d'un jeune Guadeloupéen Chris au ban de la société, dealer qui retrouve un bébé devant sa porte, supposé être le sien. Face à cette parentalité subite, Chris doit également effectuer une livraison à risque pour le caïd du quartier voisin. Après plusieurs semaines d'exploitation, le film affichera un cumul de près de 473 000 entrées en France.

UNOC3, un événement d'envergure mondiale pour la protection des océans
Du 9 au 13 juin 2025, Nice a accueilli la troisième Conférence des Nations Unies sur l'Océan (UNOC 3), co-organisée par la France et le Costa Rica. Ce sommet a réuni plus de 15 000 participants, dont plus de 60 chefs d'État et de gouvernement, ainsi que 120 chefs d'État au total, sur les rives de la Méditerranée. L'événement s'est tenu dans le nouveau Centre des Congrès OcéaNice, une infrastructure de 4 000 m² construite spécialement pour l'occasion et livrée en moins d'un an. La conférence a été précédée de trois événements majeurs : le One Ocean Science Congress (3-6 juin) rassemblant 2 000 scientifiques internationaux, le Blue Economy and Finance Forum à Monaco (7-8 juin), et la Conférence sur la Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience (7 juin). Cette organisation témoigne de l'approche globale adoptée pour aborder les défis océaniques sous leurs multiples dimensions : scientifique, économique et environnementale.

Le sommet s'est conclu par l'adoption d'une déclaration politique ambitieuse par plus de 170 États, engageant la communauté internationale à agir d'urgence pour préserver les océans. Le Plan d'action de Nice pour l'océan comprend cette déclaration politique ainsi que plus de 800 engagements volontaires pris par des États, des scientifiques, des agences onusiennes et des acteurs de la société civile.
L'un des succès majeurs concerne le Traité sur la haute mer (BBNJ), adopté en 2023 après quinze ans de négociations. Dix-neuf pays ont ratifié le traité durant la semaine de la conférence, portant le nombre total de ratifications à 50 sur les 60 nécessaires à son entrée en vigueur prévue le 1er janvier 2026. Ce traité vise à renforcer les aires marines protégées et constitue un élément essentiel pour atteindre l'objectif de protection de 30% des océans d'ici 2030, adopté lors de la COP15 sur la biodiversité à Montréal en 2022.
Lire aussi : UNOC 3 : le sommet de l’ONU sur l’Océan s'achève à Nice, avec un cap clair sur la haute mer
Sur la question de l'exploitation minière des fonds marins, quatre pays ont rejoint à Nice la coalition d'États favorable à un moratoire, constituant ainsi une minorité de blocage suffisante pour empêcher l'adoption d'un code minier à l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Cette avancée représente une victoire pour les défenseurs de l'environnement qui s'opposent à l'exploitation de ces écosystèmes fragiles et largement méconnus.
Les engagements financiers ont également marqué la conférence. La Commission européenne a annoncé un investissement d'un milliard d'euros pour soutenir la conservation des océans, la science et la pêche durable.
La conférence a également été l'occasion de lancer « l'appel de Nice » pour un traité ambitieux sur la pollution plastique, deux mois avant le dernier round de négociations prévu en août à Genève. Cet appel vise à faire pression sur les pays pétroliers qui freinent l'adoption de mesures contraignantes de réduction de la production de plastique, après l'échec des négociations de décembre 2024.
- Les territoires ultramarins français au cœur des engagements :
L'UNOC 3 a été l'occasion de mettre en lumière le rôle stratégique des territoires ultramarins français dans la protection des océans. Le Pavillon France 3 Océans, baptisé "La Baleine", a été inauguré par le ministre d'État des Outre-mer Manuel Valls et a servi de vitrine aux nombreuses initiatives des territoires ultramarins en faveur de la préservation des écosystèmes marins. À travers expositions photographiques et contenus interactifs, ce pavillon a démontré que les Outre-mer ne sont pas une périphérie mais un cœur maritime et stratégique, représentant 96% de l'espace maritime français total.
L'annonce majeure est venue de la Polynésie française, dont le président Moetai Brotherson a officialisé la création de la plus grande aire marine protégée du monde. La quasi-totalité de la zone économique exclusive polynésienne, soit 4,55 millions de km², sera placée sous protection, dont 900 000 km² sous protection stricte où toute activité est interdite. Cette décision historique place 78% de la surface maritime française totale sous protection, dont 14,8% sous protection forte, contre seulement 4,8% auparavant. Le président Emmanuel Macron a salué cette « décision historique qui marque un tournant dans la protection de l'Océan Pacifique », s'engageant à donner à la Polynésie « les moyens pour surveiller ces zones ».
Au-delà des chiffres, les leaders des territoires ultramarins ont porté une vision renouvelée de leur rôle dans la gouvernance océanique mondiale. Comme l'a souligné le chercheur polynésien Tamatoa Bambridge, seul ultramarin parmi les 18 scientifiques ayant élaboré les recommandations du congrès scientifique : « Un milliard de personnes sur la planète dépendent des récifs coralliens. Si les récifs de demain disparaissent, toute la protection côtière des Outre-mer est anéantie ».
Les scientifiques et peuples autochtones réunis à l'UNOC ont ainsi fait porter leurs voix pour réguler la pêche industrielle et l'exploitation minière des fonds marins, rappelant que le lien à l'océan relève aussi de la spiritualité, de la famille et de la culture.
Accord de Bougival pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie : de l’unanimité à la contestation
Le 12 juillet, à l’issue d’une semaine de négociations intenses entre l’Élysée et la commune de Bougival en région parisienne, l’État et les partenaires politiques calédoniens, indépendantistes et non indépendantistes, signent le projet d’accord de Bougival, prévoyant notamment un « État de la Nouvelle-Calédonie » dans la France, et le partage des compétences régaliennes.

Plusieurs lois doivent s’en suivre : une loi organique pour convoquer une consultation des Calédoniens sur ce projet, une autre loi organique pour repousser les élections provinciales mi-2026, un projet de loi constitutionnelle portant création de l’État de Nouvelle-Calédonie, et une loi spéciale pour déterminer la liste des institutions calédoniennes, la répartition des compétences ou encore les modalités de transfert de celles-ci.


Mais l’unanimité autour du projet s’effondre rapidement avec le retrait des signatures de la délégation du FLNKS, qui accuse Paris de faire passer un projet d’accord pour un accord, et de vouloir enterrer l’accession de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination, en durcissant les règles.
Si jusqu’ici le FLNKS était seul contestataire de Bougival, perdant par la même occasion ses alliés historiques -la Palika et l’UPM-, l’annonce d’une consultation anticipée par Naïma Moutchou, c’est-à-dire avant l’adoption au Parlement du projet de loi constitutionnel entérinant l’accord, fissure le soutien à Bougival.


En effet, les indépendantistes de l’UNI (Palika et UPM) et les non indépendantistes de Calédonie ensemble et de l’Éveil océanien, jugent illégitime de convoquer les Calédoniens sur un projet non finalisé, d’autant qu’il reste encore des points majeurs sur lesquels les indépendantistes refusent de transiger, comme les modalités d’accession à la pleine souveraineté.
Finalement, l’idée d’une consultation anticipée s’éloigne. Le Congrès calédonien s’est d’ailleurs montré très divisé lors d’un vote d’avis consultatif sur cette question. Pour tenter de sauver Bougival, Emmanuel Macron a invité les partenaires politiques calédoniens à Paris, le 16 janvier 2026.
Christian Tein : de la détention au retour en Nouvelle-Calédonie
Incarcéré à Mulhouse depuis juillet 2024, Christian Tein, chef de la CCAT puis président du FLNKS, surtout accusé d’avoir orchestré les émeutes de mai-2024, a été remis en liberté le 12 juin 2025, sur ordre des juges de la Cour d’appel de Paris.
La remise en liberté de Christian Tein est intervenue quelques semaines avant le Sommet sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie à Paris. Un sommet auquel le leader indépendantiste a tenté de participer, en vain. Il a tout de même pu être au plus près de la délégation du FLNKS lors des négociations de Bougival, sans participer à celles-ci.
Par la suite, celui qui a toujours réfuté les accusations d’orchestration des émeutes a mené une campagne politique discrète dans l’Hexagone, et auprès des relais du FLNKS. Début décembre, Christian Tein a effectué son retour en Nouvelle-Calédonie, pour notamment participer au congrès du FLNKS, le week-end du 6 décembre.
Le Front indépendantiste a décidé, à l’issue de son congrès, d’envoyer une délégation à Paris.
Gouvernement : Manuel Valls laisse place à Naïma Moutchou
Nommé le 24 décembre 2024 dans le gouvernement Bayrou, Manuel Valls, avec son prestigieux CV d’ancien Premier ministre, devient ministre d’État, ministre des Outre-mer. Une première pour le portefeuille qui se voit numéro 3 de l’exécutif.
Les chantiers sont nombreux pour Manuel Valls, et parmi les priorités : la refondation de Mayotte, la reprise du dialogue politique en Nouvelle-Calédonie et la réponse économique et sociale à la crise de mai-2024, ou encore la loi contre la vie chère en Outre-mer.
L’ancien Premier ministre subit toutefois le destin du gouvernement Bayrou, tombé en août à l’issue du vote de confiance convoqué par le maire de Pau. S’il est reconduit dans le premier gouvernement de Sébastien Lecornu, Manuel Valls n’est pas rappelé pour le second, remplacé par Naïma Moutchou.
L’épilogue d’une semaine politico-dramatique pour la France. Nommé Premier ministre le 29 septembre, Sébastien Lecornu remet sa démission le lundi 18 octobre, le lendemain de la nomination de son gouvernement qui comprenait alors Manuel Valls.
À l’issue d’une semaine riche en rebondissement, durant laquelle l’ancien ministre des Armées, passé par les Outre-mer, est chargé par le chef de l’État de mener d’ultimes négociations, Sébastien Lecornu est renommé Premier ministre le 22 octobre. Dans la foulée, Manuel Valls doit laisser sa place à Naïma Moutchou, non sans regret a-t-il confié.
Restitution des crânes malgaches : la France referme une blessure vieille de 128 ans
Le 26 août 2025, une page douloureuse de l'histoire coloniale française s'est tournée. Au ministère de la Culture à Paris, Rachida Dati, ministre de la Culture, et Volamiranty Donna Mara, ministre de la Communication et de la Culture de Madagascar, en présence de Thani Mohamed-Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, ont présidé la cérémonie de remise de trois crânes sakalava, dont celui du roi Toera, conservés dans les collections nationales françaises au Muséum national d'Histoire naturelle.
Transportés dans des malles recouvertes de tissus traditionnels, ces trois crânes datent des débuts de l'époque coloniale. Le roi Toera a été tué par l'armée française en 1897 lors du massacre d'Ambiky, décapité en représailles de sa tentative d'unir différentes communautés malgaches contre la colonisation. Les deux autres crânes sont ceux de guerriers morts en avril 1898 lors d'une confrontation armée entre les troupes françaises et un groupe sakalava.
Cette restitution, première mise en œuvre de la loi française du 26 décembre 2023 qui facilite la restitution de restes humains conservés dans les collections publiques Elle répond à la demande formulée par Madagascar en mai 2022. Elle a été rendue possible grâce aux travaux du comité scientifique conjoint franco-malgache installé en octobre 2024 et au décret du 2 avril 2025.
Les ministres français ont rappelé que cette cérémonie s'inscrivait dans la dynamique voulue par le président de la République dès 2017, faisant des restitutions un enjeu d'apaisement des mémoires entre la France et ses partenaires africains, comme il l'avait rappelé lors de sa visite d'État à Madagascar les 23 et 24 avril 2025. Lors de cette visite présidentielle, Paris avait exprimé sa volonté de créer les conditions du pardon pour les pages douloureuses de la colonisation française de Madagascar, de 1897 à l'indépendance en 1960, une histoire marquée notamment par l'insurrection de 1947 réprimée dans le sang au prix de dizaines de milliers de vies.
Les crânes sont arrivés à Madagascar le 1er septembre, accueillis à l'aéroport par des membres de l'ethnie sakalava vêtus de leurs habits traditionnels. Le 2 septembre, le président malgache Andry Rajoelina a accueilli officiellement les trois crânes lors d'une cérémonie à Antananarivo avant d'être à Belo Tsiribihina, à environ 320 kilomètres de la capitale.
Cette restitution pourrait ouvrir la voie à de nombreuses autres démarches similaires. Selon un rapport de 2018, près de 90 000 objets d'Afrique sub-saharienne sont conservés dans les musées publics français, dont 79 000 au musée du Quai Branly-Jacques Chirac.
La question des restes humains provenant des territoires ultramarins français reste cependant non résolue. La loi de 2023 ne se préoccupe que des restes humains étrangers et n'aborde pas le sort de ceux originaires des territoires ultramarins. Une proposition de loi déposée le 21 janvier 2025 à l'Assemblée nationale par le député Christophe Marion, qui reprend plusieurs conditions posées par la loi de 2023, s'en préoccupe. Des Guyanais descendants d'Amérindiens réclament notamment les dépouilles de leurs six ancêtres Kali'na exhibés dans des zoos humains et conservés depuis « 132 ans », au musée de l'Homme.
Évolutions institutionnelles en Outre-mer : consensus, mais « pas à n’importe quel prix »
Un sujet souvent remis sur la table des discussions entre l’État et les Outre-mer, sans vraiment avancer concrètement. Le 1er octobre dernier, Emmanuel Macron invitait à l’Élysée les élus de l’ensemble des Outre-mer -sauf Nouvelle-Calédonie- pour évoquer avec eux le rapport des experts Pierre Égéa et Frédéric Monlouis-Félicité sur les évolutions statutaires des Outre-mer.
À la sortie, un consensus se dégage, notamment pour la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, trois territoires qui souhaitent davantage d’autonomie et un pouvoir normatif. « Je pense qu'un grand pas a été franchi : Emmanuel Macron a décidé d'ouvrir le chantier de la réforme constitutionnelle avec un premier agenda avant fin décembre », saluait le président de la Collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy.
Prudence toutefois : les élus refusaient, ce soir-là, de sacrifier des droits sociaux et économiques contre une évolution statutaire. Pour la suite, Emmanuel Macron avait proposé la mise en place de groupes de travail qui auraient dû conclure leurs travaux avant la fin de l’année. Sans succès.
Vendredi dernier, les élus de Guadeloupe étaient reçus par la ministre des Outre-mer Naïma Moutchou, à l’issue d’une semaine pour faire avancer le projet, durant laquelle ils ont notamment échangé avec la présidente de l’Assemblée nationale. Le but, pour le président du Département : assurer que la Guadeloupe est prête. Toutefois, le projet d’évolution statutaire ne fait pas l’unanimité parmi la classe politique de l’archipel.
Seul juge de paix : la population locale.
En Polynésie un retour du Matari’i i Ni’a réussi
2025 est l’année d’un changement, ou plutôt d’un retour aux sources culturelles pour la Polynésie. Pour la première fois, le 20 novembre est férié, remplaçant un 29 juin -fête de l’Autonomie- qui divise. Cette fois, le gouvernement de Moetai Brotherson replace le Matari’i i Ni’a dans le calendrier et réussi à rassembler des milliers de personnes à Papeete pour une grande parade culturelle.

Matari’i i Ni’a -ou le lever des pléiades- marque dans les cultures polynésiennes le retour du temps de l’abondance : la terre et la mer foisonnent grâce notamment à la chaleur et aux pluies de l’été austral. Déjà instauré en Nouvelle-Zélande, le retour du Matari’i i Ni’a fait de la Polynésie le deuxième pays ou territoire à ré-instituer cette fête perdue avec la colonisation, que seules quelques associations continuaient à faire vivre.

Ce retour en grâce est aussi le fruit d’un long combat politique, porté par l’ancienne Vice-présidente de la Polynésie, Eliane Tevahitua qui, en 2022 déjà, réclamait le retour du Matari’i dans le calendrier local.
Une semaine après la fête, un drame qui coûte la vie à 8 personnes
Une semaine, quasiment jour pour jour après les festivités du Matari’i i Ni’a, c’est la tristesse qui s’empare de la Polynésie. Le mercredi 26 novembre à l’aube, un glissement de terrain ensevelit plusieurs foyers du quartier Te Honu, dans le district d’Afaahiti, sur la presqu’île de Tahiti. Un second glissement de terrain dans la matinée force les secours à battre en retraite, laissant peu d’espoir à ces derniers de retrouver des rescapés.

Pendant toute la journée et la nuit qui ont suivi, 400 personnes sont mobilisées pour tenter de retrouver d’éventuels survivants ou, au mieux, les corps des disparus. Au final, huit personnes, dont une petite fille de 8 ans, ont perdu la vie dans ce drame qui a secoué la Collectivité d’Outre-mer, et rouvert des traumatismes passés. Des catastrophes similaires avaient eu lieu en 1998 sur l’île de Taha’a et en 1987 sur l’île de Huahine.
COP30 à Belém : bilan d’une conférence climatique sous tension
La 30ᵉ Conférence des Parties (COP30) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques s’est déroulée du 10 au 22 novembre 2025 à Belém do Pará, dans le nord du Brésil, au cœur de l’Amazonie, une première historique pour un sommet climatique mondialisé dans un écosystème aussi stratégique pour le climat planétaire.
L’événement a rassemblé des dizaines de milliers de participants -gouvernements, scientifiques, sociétés civiles, peuples autochtones et acteurs privés- autour des enjeux urgents du réchauffement climatique, de l’adaptation, de la finance climat et de la justice climatique.

La COP30 s’est conclue par l’adoption d’un texte de compromis, parfois jugé « a minima » ou insuffisant par plusieurs délégations et ONG. Parmi les principaux éléments retenus :
- Maintenir la limite de +1,5 °C de réchauffement « à portée » reste l’objectif central, bien que le texte reconnaisse pour la première fois qu’un dépassement de cette cible est probable.
- Un renforcement des moyens d’adaptation au changement climatique, avec un appel à tripler les financements dédiés à l’adaptation d’ici 2035, s’inscrit dans la continuité des engagements précédents.
- Un mécanisme de transition juste (« just transition ») a été inscrit pour accompagner les pays dans la transformation de leurs économies vers des modèles bas carbone.
En revanche, aucun engagement contraignant sur la sortie des combustibles fossiles n’a pu être inclus dans le texte final, faute d’accord entre pays producteurs et consommateurs.
La conférence a révélé de profondes divisions entre pays, notamment sur la finance climat, les marchés du carbone, et les mesures concrètes pour réduire les émissions. Plusieurs voix, y compris au sein de l’Union européenne, ont exprimé leur déception face à l’absence de roadmap claire pour sortir des énergies fossiles et mieux protéger les forêts tropicales. Des incidents logistiques ont également marqué l’événement : un incendie dans la Zone Bleue (secteur des négociations) le 20 novembre a temporairement interrompu la conférence.
Malgré ces critiques, la COP30 a favorisé des initiatives politiques fortes, consolidé le rôle des acteurs locaux et souligné l’importance de l’Amazonie dans la régulation du climat mondial. La prochaine étape sera la COP31, prévue en 2026, où les États devront intensifier leurs engagements et clarifier les moyens de mise en œuvre pour que les objectifs climatiques deviennent des réalités mesurables.

2025, année prolifique pour les Miss des Outre-mer
Dans la nuit du 6 au 7 décembre, Hinaupoko Devèze est devenue la 6ème tahitienne, première originaire des Marquises, à enfiler l’écharpe de Miss France. Son sacre est l’acte final d’une année 2025 prolifique pour les Ultramarines dans les concours en beauté.
En mai, Aurélie Joachim, Miss World Martinique, se classe 4ème de la 72ème édition du prestigieux Miss World, en Inde. Un classement de 3ème dauphine derrière Miss Thaïlande, Miss Ethiopie et Miss Pologne, qui lui permet aussi de remporter l’écharpe de Miss World Americas & Caribbean.
À Miss Universe, la France a eu la chance d’être représentée par quatre femmes, toutes ultramarines. Ève Gilles naturellement, Miss France 2024 originaire de La Réunion, s’est hissée jusqu’au top 30 du concours, organisé cette année dans la région de Bangkok en Thaïlande. La Martinique et Mayotte -pour la première fois-, ont aussi envoyé des représentantes. Si elles ont rendu leurs territoires fiers, Célya Abbatucci et Nourya Aboutoihi n’ont toutefois pas été classées.

Au contraire, la Guadeloupéenne Ophély Mezino a, elle, concouru jusqu’au top 12 de l’élection. L’ancienne Miss Guadeloupe et 1ère dauphine de Miss France 2019, Vaimalama Chaves, a fait un parcours impressionnant et un sans-faute. Nombreux observateurs la voyaient intégrer le top 5, mais cette 74e édition du concours a été entachée par de nombreuses controverses et des accusations de trucage quant au résultat final.
Quelques semaines auparavant, c’est la Martiniquaise Axelle René qui a brillé sur la scène de Miss Grand International (MGI), toujours à Bangkok. Miss Martinique 2022 et dauphine à Miss France 2023 s’est classée 22ème du concours de beauté, plutôt jeune par rapport à Miss World et Miss Universe. Une belle performance pour la candidate qui déjà, l’année précédente, avait remporté le Top Model Challenge de Miss World, entrant d’office au top 40 du concours.
Ariane 6 : une année 2025 marquée par des succès européens
En 2025, le lanceur européen Ariane 6, opéré par Arianespace depuis le Centre spatial guyanais à Kourou, a accumulé une série de succès qui confirment son rôle croissant dans l’accès autonome à l’espace pour l’Europe dans un contexte où elle est fortement concurrencée par SpaceX d'Elon Musk.

La fusée a réalisé plusieurs lancements opérationnels au cours de l’année, notamment le 6 mars 2025 : Ariane 6 effectue avec succès sa première mission commerciale en plaçant en orbite le satellite CSO-3 pour la défense française, marquant le début de son exploitation régulière. Ensuite, le 12 août 2025 : réussite du lancement du satellite météorologique Metop-SGA1, renforçant les capacités d’observation de la Terre. Plusieurs mois plus tard, en novembre 2025, la fusée place en orbite Sentinel-1D, un satellite d’observation radar du programme européen Copernicus.
Le 17 décembre 2025, Ariane 6 a couronné l’année en beauté en réalisant pour la première fois un lancement double, mettant en orbite deux satellites du système de navigation européen Galileo (SAT 33 & SAT 34). Cette réussite illustre la montée en puissance du lanceur pour des missions variées et stratégiques.
Au total, Ariane 6 a accompli cinq vols depuis son introduction, avec une cadence de lancement en nette augmentation et des perspectives d’intensification en 2026, où l’ambition est d’atteindre une dizaine de missions par an. Cette série de succès renforce l’autonomie spatiale européenne et place Ariane 6 comme un élément central des programmes institutionnels et scientifiques du continent européen.
Lire aussi : Ariane 6: moins de lancements en 2025, équilibre à trouver entre Amazon et ambitions européennes
L'année 2026 s'annonce de bons augures pour Ariane 6 avec le premier lancement de satellites au titre de son contrat géant avec Amazon. Il s'agira du premier des 18 lancements prévus par le contrat signé entre Arianespace et Amazon, annoncé en avril 2022.
Par Jean Faatau et Eline Ulysse























