Guyane : Les bustes d’Amérindiens exposés à Paris bientôt de retour sur le territoire ?

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Guyane : Les bustes d’Amérindiens exposés à Paris bientôt de retour sur le territoire ?

Un tournant historique se dessine pour les descendants de Malé et Kuani, deux frères Arawak exhibés pendant l’hiver 1892 dans le cadre des expositions humaines au Jardin d’acclimatation de Paris, décédés avant leur retour, en raison du froid et des mauvaises conditions de santé. Des bustes moulés, témoins d’une époque marquée par des pratiques colonialistes, pourraient bientôt retrouver leur terre d’origine, la Guyane. Une consultation, organisée la semaine dernière au Musée de l’Homme, a permis de poser les bases d’une éventuelle restitution. Focus avec l’interview de Corinne Toka-Devilliers, présidente de l’association Moliko Alet-Po, par nos partenaires de Radio Péyi.


Une initiative qui s’inscrit dans un contexte législatif en évolution. Une loi cadre, déposée le 4 octobre dernier au Sénat, vise à encadrer la restitution des restes humains ultramarins. Parallèlement, le député Christophe Marion a été mandaté pour rédiger un rapport sur le sujet, reçu récemment par le ministère de la Culture

Corinne Toka-Devilliers, présidente de l’association Moliko Alet-Po, était présente lors de la consultation. Elle se réjouit des avancées et espère une adoption rapide de la loi : « Nous attendons à ce que cette loi cadre soit vraiment pour tout ce qui est ultramarins et tout ce qui est restes humains français […] Le rapport est terminé, je ne pense pas qu’il y aura une inquiétude là-dessus. »
Selon elle, cette loi pourrait marquer une première mondiale pour la France en termes de restitution des restes humains à ses départements d’outre-mer : « Une demande de restitution des restes humains françaises n’a jamais été effectuée […] Pour nous, ce sera une première et grande victoire, même historique. »

Lire ici :  Rachida Dati, ministre de la Culture : « L’enjeu des restitutions des restes humains est non seulement un sujet diplomatique, mais aussi un enjeu national, pour nos compatriotes des Outre-mer »

Un travail collaboratif sans précédent

Cette restitution repose sur un effort collaboratif inédit entre l’association Moliko Alet-Po, le Musée de l’Homme et les instances parlementaires. Corinne Toka-Devilliers souligne l’importance de cette coopération : « Il y a vraiment un travail de collaboration qui se fait […] Aujourd’hui, nous avons toutes les preuves à l’appui pour dire que ce sont des Kali'na, deux Arawaks. » Elle salue également l’ouverture du Musée de l’Homme à cette démarche, une évolution significative par rapport au passé.

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Si la loi est adoptée, les descendants de Malé et Kuani pourraient accueillir les bustes en Guyane d’ici la fin de l’année. Pour Corinne Toka-Devilliers, il s’agirait d’un geste symbolique et réparateur, non seulement pour les familles, mais aussi pour l’ensemble des peuples autochtones.
 

Damien CHAILLOT