Mayotte fait face à une recrudescence des cas de chikungunya. Face à la circulation soutenue du virus, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a décidé, sur proposition du directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Sergio Albarello, d’activer le niveau 3 du plan ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile). Une campagne de vaccination va être organisée pour certains adultes à risque, selon un arrêté du ministère de la Santé publié mercredi au Journal officiel.
Alors que le niveau 2B était franchi à la mi-mai 2025, cette décision d’élever à nouveau le niveau du plan ORESC s’inscrit dans un contexte de circulation virale avérée et de multiplication des cas confirmés nécessitant une hospitalisation. Le niveau 3 correspond à une épidémie de faible intensité mais avec une propagation notable du virus dans le temps et l’espace, et un impact déjà mesurable sur le système de santé.
Une réponse renforcée face à la situation
Le passage à cette phase permet d'adapter les moyens de lutte contre le chikungunya. Il prévoit notamment :
Une coordination accrue des actions de lutte anti-vectorielle sur l’ensemble du territoire ; Une mobilisation renforcée des collectivités territoriales et des partenaires locaux ; Une surveillance sanitaire intensifiée ; Un ajustement des capacités de prise en charge dans les établissements de santé ; Une intensification de la communication auprès de la population.
Les communes et intercommunalités sont appelées à intensifier leurs actions de salubrité publique, un élément jugé essentiel pour freiner la propagation du virus dans les prochaines semaines.
Le chikungunya : symptômes et recommandations
Le chikungunya est une maladie virale transmise par les piqûres de moustiques. Elle se manifeste par une fièvre élevée, des douleurs articulaires marquées (notamment aux poignets, chevilles et doigts), des éruptions cutanées et des maux de tête. Les formes graves peuvent toucher les personnes âgées, les nouveau-nés, ainsi que les personnes souffrant de maladies chroniques. Dans certains cas, des douleurs articulaires persistantes peuvent perdurer plusieurs mois.
Les autorités sanitaires recommandent aux personnes résidant en dehors des zones de Mamoudzou et de Petite-Terre de se faire tester en cas de symptômes afin de mieux cibler les actions de lutte. Dans les zones les plus touchées, le diagnostic systématique n’est plus nécessaire, les actions de prévention y étant déjà fortement déployées.
Les personnes symptomatiques sont invitées à se protéger des piqûres de moustiques pendant au moins une semaine pour éviter de transmettre le virus à leur entourage.
Prévention et vaccination
L’ARS rappelle l’importance des gestes de prévention : couvrir les récipients d’eau, éliminer les déchets susceptibles de retenir l’eau et vider régulièrement les eaux stagnantes à l’intérieur comme à l’extérieur des habitations.
Un vaccin contre le chikungunya est également disponible à Mayotte. Il est recommandé pour les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités. Gratuit sur prescription médicale, ce vaccin permet de réduire le risque de transmission, notamment aux populations les plus vulnérables. Pour "faciliter l'accès de la population à la vaccination" à Mayotte, cette campagne pourra se tenir dans les lieux désignés par le directeur général de l'agence régionale de santé, les lieux d'exercice habituels des professionnels de santé et les pharmacies d'officine, en permettant aux pharmaciens formés d'administrer les vaccins.
Deux raisons sont avancées pour cette campagne de vaccination à Mayotte.
"La détection de cas autochtones de chikungunya à Mayotte depuis mars 2025 dans un contexte d'épidémie à La Réunion et d'une augmentation du nombre de cas détectés sur le territoire entraîne une probabilité élevée de développement d'une épidémie de chikungunya", souligne l'arrêté, évoquant "la faible proportion de la population immunisée" et de "multiples facteurs favorisant la prolifération des moustiques vecteurs de la maladie, dans un environnement post-cyclonique".
Et "cette situation est de nature à saturer dans les prochaines semaines et mois le système de santé de Mayotte déjà fragilisé à la suite du passage du cyclone Chido, et fragiliser la réponse aux besoins en santé de la population dans les prochaines semaines", ajoute-t-il.

Les autorités appellent à une mobilisation collective pour enrayer la progression de l’épidémie.
Damien CHAILLOT