UNOC 3 : Lancement d'une initiative internationale sur les sargasses impulsée par la Guadeloupe et plusieurs Etats de la Caraïbe

© Outremers360

UNOC 3 : Lancement d'une initiative internationale sur les sargasses impulsée par la Guadeloupe et plusieurs Etats de la Caraïbe

Lors de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan ce mardi 10 juin, un plan d'action international ambitieux a été présenté pour répondre à un fléau environnemental de l’invasion massive des algues sargasses sur les côtes de la Caraïbe. Une stratégie qui s'est tenue en présence du ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux Thani Mohamed Soihili, d'Arnaud Mentré ambassadeur chargé de la coopération régionale dans la zone Atlantique et de la vice-présidente du conseil régional de Guadeloupe Sylvie Gustave Dit Duflo et des représentants de plusieurs Etats de la Caraïbe. 

 

Des côtes mexicaines aux plages des Antilles françaises, le phénomène des échouements massifs de sargasses est récurrent depuis 2011. En provenance de la mer des Sargasses et désormais aussi d’un nouveau réservoir au large de l’Amazone, ces algues prolifèrent, formant une « ceinture » d’environ 8 000 km entre les côtes africaines et l’arc antillais selon la vice-présidente de la Région Guadeloupe Sylvie Gustave Dit Duflo. Une « invasion silencieuse » selon l'élue régionale qui nécessite une réponse globale. Lors du Sommet des Océans, la Guadeloupe porte la voix de cette menace aux conséquences sanitaires, économiques et environnementales lourdes sur le plan national. 

 la vice-présidente de la Région Guadeloupe Sylvie Gustave Dit Duflo © Outremers360

Ce plan, fruit d'une coopération avec les ministères de l’Outre-mer et des Affaires étrangères, s’appuie sur une double approche : locale, pour protéger les populations, et internationale, pour mutualiser les efforts. Le Ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats, Thani Mohamed Soihili a souligné qu'au delà « d’un document technique, c’est une boussole partagée, une déclaration de solidarité entre États riverains d’un même océan, confrontés à un même défi». « Plus qu’un outil, c’est une diplomatie de l’océan qui est en marche, lucide et déterminée, cherchant à transformer un fléau en moteur de coopération, et une crise en levier de résilience. C’est une opportunité pour la science, pour l’économie circulaire, et pour nos territoires. Elle doit enclencher une prise de conscience internationale et favoriser l’émergence d’un consensus aux Nations Unies», a-t-il poursuivi. 

Le Ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats, Thani Mohamed Soihili © Outremers360
De gauche à droite : Sylvie Gustave dit Duflo, Arnaud Mentré-Ambassadeur chargé de la coopération régionale dans la zone Atlantique et Thani Mohamed Soihili © Outremers360

Vers une gouvernance régionale et scientifique unifiée

Pour Sylvie Gustave dit-Duflo, une réponse efficace passe par la création d’une instance intergouvernementale capable de coordonner les données scientifiques, les politiques publiques et les initiatives locales à l’échelle du bassin Atlantique. « Il ne faut pas traiter ce problème à l'échelle d'un pays, mais bien à l’échelle du bassin », insiste-t-elle. «Les sargasses ont beaucoup d'impact négatif, mais l'impact positif, c'est que ça nous a obligés à coopérer vraiment. En France, sur nos territoires français, la question des sargasses est traitée sous l'angle de la lutte contre les sargasses. Dans les pays anglo-saxons, ils parlent davantage de la gestion des sargasses. Ce sont des perspectives différentes ! ».

« L'enjeu est de parler de la même manière, définir des objectifs communs et puis se faire confiance pour pouvoir créer un noyau dur et pour pouvoir porter la thématique à l'international». La dynamique a déjà suscité l’adhésion de plusieurs pays de la région, notamment la République dominicaine, le Costa Rica, le Mexique, et plus récemment, la Grenade, qui souhaite devenir une plateforme régionale pour la collecte et la valorisation des sargasses dans le cadre du programme européen Global Gateway. 

© Outremers360
© Outremers360

Objectif ONU et reconnaissance juridique

Parmi les prochaines étapes : le soutien à une résolution sur les sargasses lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2025, portée par la République dominicaine, et une motion de la Région Guadeloupe au Congrès mondial de la nature à Abu Dhabi. L’objectif est clair : obtenir une reconnaissance juridique et biologique de cette algue envahissante pour faciliter son intégration dans les textes internationaux. « Cette motion définit les algues de manière biologique et juridique».

Déterminée à prendre la problématique des sargasses à bras-le corps, la Région Guadeloupe poursuit également le développement du programme SargCoop 2 pour accélérer la recherche et la coopération technique, tout en espérant qu’un sommet mondial aboutisse à une véritable résolution internationale sur les sargasses d’ici trois ans.