Rétro 2016: Année record des déplacements politiques en Outre-mer

Rétro 2016: Année record des déplacements politiques en Outre-mer

©Stephane de Sakutin / AFP

A la charnière entre 2016 et 2017, Outremers360 vous propose un coup de rétroviseur sur les événements qui ont ponctué l’actualité de ces 12 derniers mois dans les Collectivités ultramarines. Cette sélection de quelques unes parmi les centaines de dépêches publiées cette année par notre site et relayées par la presse ou les réseaux sociaux témoigne de l’extrême vitalité de ces pays et de leurs régions dont nous rendons compte chaque jour, de leurs problématiques, mais surtout des défis qu’ils relèvent et des dynamiques dont ils sont porteurs. Rubrique par rubrique, voici ce que fut l’année d’Outremers360. Merci de la partager.

Aujourd’hui, pleins phares sur les nombreux déplacements du gouvernement, du Président de la République et des nombreux candidats à la prochaine Présidentielle dans les Outre-mer. De manière générale, l’année 2016 marque irréfutablement un record des déplacements officiels dans les Outre-mer. Revue de toutes ces visites accompagnées d’annonces qui ont, le temps d’un séjour, marqué nos Collectivités.

François Hollande, Président de la République

Le 22 février 2016, François Hollande se rend à Wallis et Futuna, après une très courte escale à Tahiti. Cela faisait 37 ans que le territoire n’avait pas pu s’adresser directement à un Président de la République. Le dernier à avoir fait le déplacement était Valéry Giscard d’Estaing en 1979. Jacques Chirac s’y rendra également mais en tant que Premier ministre, en 1986. Sur place, François Hollande a assuré la péréquation des tarifs de l’électricité avant le 1er janvier 2020 et annoncé la création d’un centre de dialyse à Wallis et Futuna, « la population de Wallis et Futuna a le droit à l’égalité avec les autres Français. Notamment en matière de santé ». Il a également engagé le soutien de l’Etat pour la pose du câble sous-marin numérique qui doit relier Wallis et Futuna aux îles Samoa et Fidji.

A Wallis et Futuna, François Hollande s'est prêté à la scrupuleuse cérémonie du Kava royal ©AFP

A Wallis et Futuna, François Hollande s’est prêté à la scrupuleuse cérémonie du Kava royal ©AFP

Mais l’image qui restera du Président de la République, au niveau national, est sans conteste celle de la cérémonie du Kava royal. En effet, par manque de connaissance des scrupuleuses traditions wallisiennes et futuniennes, les médias nationaux ont interprété les fameux trois claquements de main du Président de la République par de l’autosatisfaction. Or, il s’agissait d’un respect bien rendu aux traditions de l’archipel, qui exigent que l’invité tape trois fois dans ses mains lorsqu’il est appelé à boire une gorgée du fameux breuvage.

Dans la foulée, François Hollande revient en Polynésie française, 14 ans après Jacques Chirac, alors Président de la République. Ses plus grandes annonces en Polynésie concernent le nucléaire : sanctuarisation de la « dette », officiellement nommée Dotation globale d’autonomie, reconnaissance du fait nucléaire, dépollution de l’atoll de Hao, modification de la loi Morin qui indemnise les victimes des essais. Il y annoncera également, à la surprise générale, l’établissement des « Accords de Papeete », encore en cours de rédaction. Lors de ce déplacement dans le Pacifique, François Hollande était notamment accompagné de George Pau-Langevin, alors ministre des Outre-mer.

François Hollande au marché de Papeete, avec le Président de la Polynésie française ©Florent Collet / La Dépêche de Tahiti

François Hollande au marché de Papeete, avec le Président de la Polynésie française ©Florent Collet / La Dépêche de Tahiti

Manuel Valls, alors Premier ministre

Lors du XIVème Comité des signataires des Accords de Nouméa de février, Manuel Valls annonce une visite en Nouvelle-Calédonie. Et c’est donc en mars 2015 que l’ancien Premier ministre se rend sur le Caillou, en proie à une violente crise du nickel. Sur ce sujet, il annoncera un prêt de 200 millions d’euros à la Société Le Nickel. Un prêt qui finalement s’élèvera à plus de 500 millions d’euros, essentiellement consacrés à la garantie de l’Etat sur la construction de la future centrale électrique. Manuel Valls a également été le premier Premier ministre en exercice à se rendre dans la « brousse calédonienne » et aux Iles Loyauté, saluant une « Nouvelle-Calédonie diverse » et « peu connue ». Lors de ce déplacement, il était accompagné par l’ancienne ministre des Outre-mer George Pau-Langevin et il fera également un stop en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Manuel Valls aux Îles Loyauté, au cœur de l'identité Kanak ©Outremers360

Manuel Valls aux Îles Loyauté, au cœur de l’identité Kanak ©Outremers360

A Saint-Pierre et Miquelon au mois d’octobre 2016, Manuel Valls a annoncé la réhabilitation des structures portuaires de l’archipel afin de créer un terminal de croisières, pour un montant compris entre 6 et 8 millions d’euros, et le lancement d’un fonds de 2 millions pour aider la filière pêche et aquaculture. Il s’était également exprimé sur la ligne aérienne directe entre Paris et Saint-Pierre et avait évoqué le dossier d’autorisation de voyage électronique entre l’archipel et son pays voisin le Canada. A Saint-Pierre et Miquelon, l’ancien Premier ministre était accompagné par la nouvelle ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et la ministre de la Fonction publique Annick Girardin, également originaire de l’archipel.

Manuel valls à Saint-Pierre et Miquelon ©DR

Manuel valls à Saint-Pierre et Miquelon ©DR

Bernard Cazeneuve, en tant que ministre de l’Intérieur

En octobre, l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel Premier ministre avait effectué un déplacement aux Antilles-Guyane. De la Martinique à la Guyane en passant par la Guadeloupe, Bernard Cazeneuve a annoncé un renforcement des effectifs et des moyens dans les trois départements. 85 policiers et gendarmes pour la Martinique, 158 pour la Guadeloupe, et 165 pour la Guyane sans compter l’arsenal « des matériels nouveaux, armes, casques, véhicules ». Sur les sujets liés à l’orpaillage illégal et à la lutte contre la drogue en Guyane, Bernard Cazeneuve a rappelé le bilan des différentes opérations Harpie et des moyens déployés lors du quinquennat. Toujours en Guyane, Bernard Cazeneuve avait soutenu la décision du Préfet de fermer temporairement les guichets des demandeurs d’asile face à un afflux important de ces derniers.

Bernard Cazeneuve à Cayenne, capitale de la Guyane ©DR

Bernard Cazeneuve à Cayenne, capitale de la Guyane ©DR

Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice

Le ministre de la Justice et Garde des Sceaux effectuera d’abord un discret déplacement aux Antilles en juillet, où il visita le centre pénitentiaire de Baie-Mahault en Guadeloupe. Il s’est ensuite rendu en Nouvelle-Calédonie, début décembre. Cette visite faisait suite à la réunion d’urgence organisée Place Beauvau début novembre, aux côtés de Bernard Cazeneuve, d’Ericka Bareigts et des élus calédoniens, suite aux tensions au sein de la tribu de Saint-Louis. En Nouvelle-Calédonie, Jean-Jacques Urvoas avait souhaité une plus grande implication des autorités coutumières Kanak dans la justice et l’ouverture de postes supplémentaires au Centre pénitentiaire de Nouméa – Camp Est. Jean-Jacques Urvoas a également tenu à resserrer le bon fonctionnement de la justice pénale, signalant que Nouméa détenait le record national de l’état d’ivresse sur la voie publique. A noter que cette visite a eu lieu alors que les affrontements à Saint-Louis prenaient une nouvelle tournure, avec notamment la mort de Ramon Noraro, meneur présumé des exactions et auteur présumé de coups de feu ayant blessé des gendarmes.

©Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie

©Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale

Fin octobre, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, effectue un déplacement de 8 jours en Polynésie française d’abord, puis en Nouvelle-Calédonie. Sa visite a notamment été l’occasion pour la ministre d’assurer le soutien financier de l’Etat dans les projets liés à l’éducation dans ces deux territoires, puisque la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie ont la compétence dans ce domaine. Najat Vallaud-Belkacem a donc, entre autres, annoncé le cofinancement par l’Etat de trois internats (deux à Tahiti et un dans l’archipel des Marquises), l’augmentation de 10% de la participation de l’Etat aux transports scolaires polynésiens, l’augmentation de 500.000 euros de sa dotation globale annuelle et l’ouverture de plusieurs nouvelles filières, dont des classes préparatoires aux concours des grandes écoles nationales.

Discours de Najat Vallaud-Belkacem en Polynésie française ©Tahiti-infos

Discours de Najat Vallaud-Belkacem en Polynésie française ©Tahiti-infos

En Nouvelle-Calédonie, la ministre a signé un protocole d’accord pour soutenir le projet éducatif de Nouvelle-Calédonie. « Ce projet éducatif vise à élever le niveau de compétence de la jeunesse calédonienne et à prendre en compte la singularité des territoires et des élèves (…). L’Etat a décidé de l’accompagner par des moyens financiers qui sont importants », avait déclaré Najat Vallaud-Belkacem. Elle avait aussi annoncé un changement de mode de désignation du vice recteur et directeur général de l’enseignement, en application du principe de la « calédonisation » des cadres. Son déplacement a également été marqué par la visite du flambant neuf lycée Michel Rocard à Pouembout, sur la côte Est.

La ministre de l'éducation natiionale lors de la signature du projet éducatif, aux côté de Philippe Germain, Président du gouvernement calédonien et Thierry Lataste, Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie ©DR

La ministre de l’éducation natiionale lors de la signature du projet éducatif, aux côté de Philippe Germain, Président du gouvernement calédonien et Thierry Lataste, Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie ©DR

Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer

Fraîchement nommée suite à la démission de George Pau-Langevin et porteuse de la loi Egalité réelle en Outre-mer, Ericka Bareigts a annoncé vouloir être une ministre « de terrain ». La ministre effectue donc sa première visite officielle à Mayotte fin septembre, où plusieurs problématiques l’attendent sur place: sécurité, délinquance, lutte contre l’immigration clandestine et mesures sociales. Plus tard en octobre, elle se rend à Saint-Pierre et Miquelon, avec Manuel Valls, puis aux Antilles fin octobre. En Guadeloupe, le déplacement était placé sous le signe du développement de l’économie sociale et solidaire. Un large pan de son programme était aussi consacré à la politique de la ville. La Ministre des Outre-mer est aussi revenue sur le Plan Séisme Antilles, sans oublier une halte au Mémorial Acte. Sa visite en Martinique était axée sur le logement social, la résorption de l’habitat indigne et l’aide aux agriculteurs après le passage de la tempête Matthew.

Ericka Bareigts en Guadeloupe ©Ericka Bareigts

Ericka Bareigts en Guadeloupe ©Ericka Bareigts

Dans la foulée de son déplacement aux Antilles, la ministre des Outre-mer se rend à La Réunion du 27 au 29 octobre où elle annonce la création officielle de La Rivière, la 25ème commune réunionnaise. Originaire de l’île Bourbon, Ericka Bareigts s’y rendra également pour les obsèques de l’ancien sénateur Paul Vergès en novembre puis plus tard, en décembre, avec au programme logement, BTP et mémoire puisque la ministre y était pendant la Cérémonie d’Hommage aux Ancêtres, organisée à Saint Denis. Malgré son intention de visiter tous les Outre-mer, la ministre a dû annuler son déplacement en Nouvelle-Calédonie, prévu en décembre, suite au remaniement ministériel. Elle était également attendue en Polynésie française mais pour l’heure, pas d’annonce de visite de ces territoires.

Myriam El Khomri, ministre du Travail

La ministre du Travail Myriam El Khomri s’était d’abord rendue en Guyane le 24 octobre, afin notamment d’inaugurer l’Université de la formation professionnelle des Régions et Collectivités Outre-mer (Urcom). Elle y a aussi signé le contrat d’étude prospectif « Maripasoula et Papaïchton » , visant à évaluer les perspectives d’emploi et d’activité sur le Haut-Maroni et a visité la construction de 64 logements sociaux sur la route de Saint-Jean, assuré par un groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification BTP. Après la Guyane, Myriam El Khomri s’est rendue en Guadeloupe sur fond de mouvement social dans plusieurs agences de Pôle Emploi.

Myriam El Khomri au Pôle emploi de Guyane ©Pôle emploi Guyane

Myriam El Khomri au Pôle emploi de Guyane ©Pôle emploi Guyane

Valse des candidats à la Présidentielle de 2017

Année électorale oblige, les politiques de tous bords déjà candidats ont effectué des déplacements dans les Outre-mer, preuve que la campagne a commencé, dès lors de la primaire de la droite et du centre. En pleine campagne pour l’investiture de droite, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire n’ont pas manqué de faire campagne dans les Outre-mer. Ainsi, le maire de Bordeaux aura été celui qui a rendu visite à tous les Outre-mer pour sa campagne: Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Antilles-Guyane, Mayotte et La Réunion. L’ancien Président de la République s’est quant à lui rendu à La Réunion, tout comme son ancien challenger Bruno Le Maire. Enfin, le vainqueur de la primaire de la droite et du centre, François Fillon s’était rendu aux Antilles et à La Réunion. Parmi les autres candidats à la Présidentielle de 2017, Marine Le Pen a effectué un déplacement à La Réunion et à Mayotte ainsi qu’en Guyane, son compagnon et Vice-président du Front national s’est lui rendu en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Enfin, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont commencé leur campagne respective en Guadeloupe et en Martinique. Avant de compléter sa tournée dans l’océan Atlantique, Emmanuel Macron s’est également rendu en Guyane quelques heures.

Candidat malheureux de la primaire de la droite, Alain Juppé en Nouvelle-Calédonie ©Outremers360

Candidat malheureux de la primaire de la droite, Alain Juppé en Nouvelle-Calédonie ©Outremers360