Bilan Outre-mer 2024 : Fragments d’une année entre les vents du chaos et la houle des espérances par Joël Destom, Membre du Comité économique et social européen

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Bilan Outre-mer 2024 : Fragments d’une année entre les vents du chaos et la houle des espérances par Joël Destom, Membre du Comité économique et social européen

Tout au long de l’année, Outremers360 vous a proposé une couverture des actualités en lien avec les territoires ultramarins et leurs bassins géographiques. Dans une approche exclusive, Joël Destom nous invite à une lecture chronologique pour revisiter 2024 et partager son regard sur certains évènements marquants. Selon ce membre du Conseil économique et social européen, qu’il s’agisse de politique, d’économie, de culture ou de sport, l’information n’a de sens que lorsqu’elle dépasse ses frontières immédiates pour s’inscrire dans une perspective globale.

 

L’année qui s'achève aura été une longue traversée. Aux quatre coins du monde, le temps semble s’être dilaté pour accueillir les drames et les espérances, les clameurs et les silences. Comprendre les Outre-mer, c’est comprendre l’avenir! Comprendre ces territoires, c’est comprendre un monde en mutation, où chaque défi local résonne comme une leçon pour l’humanité tout entière.

Janvier 2024. Entre remaniement, défi climatique et contexte géopolitique, la tonalité est donnée.

La nomination de Gabriel Attal à Matignon s’accompagne de la reconduction de Gérald Darmanin au portefeuille de l’Intérieur et des Outre-mer. Les questions immédiatement posées, seront malheureusement très souvent répétées en douze mois: Y aura-t-il continuité ou renouveau? Combien de temps durera ce chapitre?

Dans l’océan Indien, le cyclone Belal bouscule La Réunion avec des dégâts moins importants qu’attendus mais, l’ombre du dérèglement climatique plane. A Mayotte, c’est la tempête des ambitions économiques qui fait rage. Le projet gazier mozambicain, présenté à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet en visite à Longoni, ouvre des perspectives de croissance tout en suscitant de fortes interrogations sur son impact environnemental et social.

© Prefet de La Réunion 

Depuis Cherbourg, Emmanuel Macron, dans ses vœux aux armées martèle un engagement: "Nous maintiendrons sans faiblir la protection de nos Outre-mer". Derrière ces mots, les défis géopolitiques heurtent les fragilités économiques et sociales des territoires. Janvier 2024 n’est qu’un prélude, les grandes lignes de l'année sont tracées.

Février 2024. Souveraineté, sécurité et intégration économique: le décor d’un grand théâtre.

Le mois débute avec la nomination de Marie Guévenoux comme ministre déléguée aux Outre-mer. Les questions ont déjà été posées, elles sont répétées.

Loin des salons ministériels, une bataille se joue en mer. Les forces navales françaises interceptent 1,6 tonne de méthamphétamine dans le nord du canal du Mozambique. Une prise certes spectaculaire mais un éclairage sur la perméabilité des routes maritimes aux trafics criminels. Dans ces eaux, les Outre-mer se trouvent au carrefour d’un affrontement entre Etats et réseaux transnationaux. La victoire notable rappelle une lutte qui est loin d’être terminée et nécessite des ressources accrues.

Avec le départ de la mission Jeanne d’Arc 2024 de la Marine nationale, les escales prévues aux Antilles, en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont donc pas anodines. Elles relèvent de la volonté d’afficher une souveraineté dans un monde où les tensions géopolitiques ne cessent de s’exacerber.

Dans le même temps, Ivan Odonnat, président de l’IEDOM soulève une vérité inconfortable: l’économie des Outre-mer souffre d’un manque d’intégration dans les différents bassins régionaux. Les territoires pourtant dotés d’atouts géographiques et humains indéniables peinent à s’insérer dans les dynamiques locales. Les mers qui les connectent au monde, semblent aussi être des barrières invisibles. Février 2024 dessine une carte complexe où les Outre-mer apparaissent comme des points de convergence, des zones de tension et des territoires de promesses.

Mars 2024. Octroi de mer, autonomie énergétique, crise de l’eau, des problématiques anciennes ...

La Cour des comptes a jeté un pavé dans la mare en proposant une réforme de l’octroi de mer. C’est un débat qui couve depuis des années mais qui atteint désormais son paroxysme. Cette taxe héritée de l’époque coloniale et cruciale pour les finances locales ultramarines est jugée inefficace. Elle alourdit les prix pour les consommateurs tout en manquant à son objectif de protection des productions locales. Pourtant, la perspective d’une réforme suscite de vives oppositions, illustrant la difficulté de trouver un nouvel équilibre entre développement économique, justice fiscale et autonomie locale.

Sur le front environnemental, un autre verdict fait froid dans le dos. Le CESE estime que l’objectif d’autonomie énergétique des Outre-mer d’ici 2030, souvent brandi comme un symbole de résilience, est hors d’atteinte. Les infrastructures obsolètes et le manque d’investissements freinent une transition pourtant vitale. Sans une stratégie radicalement différente, cette ambition s'éteindra comme une bougie dans l’alizé.

Et puis, il y a cette crise silencieuse et dévastatrice : la fiabilité de l'accès à l’eau potable. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, l’UNICEF a rappelé que les Outre-mer restent confrontés à une situation alarmante, où des milliers de personnes vivent sans un accès fiable à une ressource pourtant essentielle. Cette réalité est une grave anomalie. Mars 2024 donne le sentiment que ces territoires peuvent ressembler à des périphéries oubliées. 

Avril 2024. Hommages et mémoires, le passé est érigé en boussole.

La disparition de Maryse Condé, grande écrivaine guadeloupéenne et Prix Nobel alternatif de littérature en 2018, marque profondément la sphère culturelle française et internationale. Avec ses récits, elle aura capté l’âme des Caraïbes tout en donnant une portée universelle aux luttes identitaires et aux quêtes d’émancipation. À la Bibliothèque nationale de France, sous les voûtes silencieuses de Richelieu, un hommage réuni des générations inspirées par cette plume audacieuse et lucide. C’est plus qu’une écrivaine, elle devient gardienne de mémoires.

Justement, le Temps des mémoires 2024, porté par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, ravive des pans d’histoire trop souvent oubliés. En mettant en avant les résistances et le marronnage, cette édition réaffirme que la quête de liberté reste au cœur de l’identité ultramarine. À travers des expositions, des débats et des cérémonies, ce mois permet de relier le passé à des luttes encore vivantes, dans un monde où l’égalité demeure un horizon à atteindre. Avril 2024 rappelle qu’en regardant le passé avec intelligence et lucidité, il est possible de s’enraciner encore plus dans ses valeurs pour embrasser de nouveaux défis.

 

Mai 2024. Nouvelle-Calédonie et ambitions dans l'Indopacifique : au bord de l’implosion.

La Nouvelle-Calédonie bascule dans la tourmente, lorsque des émeutes violentes embrasent Nouméa. Maisons brûlées, habitants exfiltrés, nuits de terreur. Le territoire s’enfonce dans une crise où les fractures politiques locales croisent des dynamiques globales. Le dégel du corps électoral, perçu pour une partie comme une remise en cause des accords historiques, suscite une opposition féroce. À Paris, des centaines de manifestants calédoniens battent  le pavé mais la crise ne se limite pas à une dimension nationale. Certaines puissances étrangères, en quête d’influence dans l’Indopacifique exploitent les fragilités locales, faisant de la Nouvelle-Calédonie un pion dans un échiquier géopolitique brûlant. 

Les troubles en Nouvelle-Calédonie interrogent directement les ambitions françaises dans l’Indopacifique. Alors que Paris cherche à renforcer sa position dans cette région cruciale, les violences et l’instabilité sur place risquent de ternir son image et de compliquer ses objectifs stratégiques. Dans le même mois, une conférence sur la décolonisation est organisée à Bakou, en Azerbaïdjan.

Avec un tel fracas, la flamme olympique ne passe plus par là et son arrivée à bord du Bélem devient secondaire. Pourtant, il s’agit bien du navire mythique à l’histoire indissociable de celle des Antilles et de la Guyane. Miraculé de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, le Belem est devenu un symbole de résilience et de mémoire, rappelant que les Outre-mer contribuent à forger les récits universels. Mai 2024, c’est la démonstration que les Outre-mer sont plus que jamais des carrefours stratégiques où se jouent des luttes mondiales. Luttes identitaires, ambitions stratégiques et espoirs de résilience se croisent pour former un récit universel.

Juin 2024. Entre fractures démocratiques et initiatives stratégiques majeures, mon cœur balance.

Les élections européennes du 9 juin ont été marquées par une abstention massive en Outre-mer. Le désintérêt électoral continue de poser des questions sur le lien entre l’Union européenne et ces territoires. La recherche de réponses est remise à plus tard. Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, convoquant des élections législatives pour les 30 juin et 7 juillet. Ce coup de théâtre politique, destiné à remobiliser un paysage législatif fracturé suscite une effervescence particulière. L’appel lancé par des personnalités sportives françaises, dont plusieurs ultramarins, à voter contre l’extrême droite illustre les inquiétudes face à une montée des extrêmes, dans des territoires souvent en proie à des inégalités exacerbées.

Et pendant ce temps, la France a renforcé sa présence militaire avec des initiatives stratégiques majeures dans … l’Indopacifique. Marara 2024, un exercice naval impliquant 15 nations, place la Polynésie française au centre d’une démonstration de force multilatérale. La mission aérienne Pégase 2024, avec des escales en Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre-et-Miquelon et La Réunion, consolide les alliances dans une région marquée par la montée des tensions sino-américaines. Juin 2024, entre enjeux électoraux et coopérations stratégiques, j’ai fait mon choix. À la croisée des préoccupations locales et des ambitions globales, Les Outre-mer démontrent encore qu’ils jouent un rôle crucial dans les évolutions politiques, militaires et culturelles de la France, du monde.

Juillet 2024. Fierté spatiale, fierté olympique, fierté marquisienne.

Le lancement tant attendu d’Ariane 6 depuis le centre spatial de Kourou en Guyane marque un moment historique, tant pour l’Europe spatiale que pour les Outre-mer. Cet événement, entouré de mesures de sécurité renforcées, rappelle que la Guyane est bien plus qu’un territoire éloigné. C'est une porte d’accès à l’espace, un pivot stratégique pour les ambitions européennes.

Et sous les projecteurs de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris, ce sont tous les territoires qui illuminent la scène mondiale. L’allumage de la vasque olympique par Marie-José Pérec et Teddy Riner fait désormais parti de l’Histoire. Ils incarnent aux yeux du monde entier l’excellence sportive et l’esprit de résilience. Ils apprennent aux jeunes esprits que les talents ultramarins ne sont pas seulement des figures nationales, mais des symboles universels.

Dans le même élan de fierté, la Polynésie française célèbre un moment historique avec l’inscription des îles Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette reconnaissance consacre la richesse culturelle et naturelle d’un archipel unique, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour le tourisme durable et la préservation environnementale. Ce classement est un hommage à des siècles d’histoire et un engagement pour l’avenir. Juillet 2024, c’est le mois pour briller, briller et célébrer une mosaïque de réussites en tous genres.

©Facebook / Les îles Marquises sur la liste du Patrimoine mondial

Août 2024. Toujours en première ligne, toujours aux avants postes.

Les jeux de Paris sont bien plus qu’une compétition. Parmi les héros de ces Jeux, plusieurs athlètes ultramarins brillent par leur courage et leur talent, prouvant que les défis physiques et sociaux peuvent être transcendés par la volonté. Sur les podiums et dans les cœurs, ces sportifs rappellent au monde que leurs territoires, souvent marginalisés, sont aussi des foyers de détermination et d’excellence. Dans chaque geste, chaque victoire, résonne l’écho des luttes pour l’inclusion et la reconnaissance.

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres des feux olympiques, les dirigeants des îles du Pacifique se réunissent pour un sommet crucial sur le changement climatique. Dans cette région où les vagues grignotent les rivages et où les tempêtes gagnent en intensité, chaque réunion est une question de survie. Les appels lancés depuis ce sommet sont clairs : le Pacifique est en première ligne de la crise climatique mondiale. Les dirigeants insulaires exigent des engagements financiers et des actions concrètes de la part des grandes puissances. Ils ne demande pas seulement de l’aide, ils réclament justice. 

Dans ce contexte, l’annonce de The Metals Company concernant un mégaprojet d’exploitation minière d’ici 2026 jette de l’huile sur le feu. Le Pacifique se trouve à un carrefour : choisir entre un développement économique immédiat ou préserver un écosystème déjà fragilisé pour les générations futures. Août 2024, c’est la dualité des Outre-mer : d’un côté, la fragilité face à des menaces globales telles que le changement climatique et les pressions économiques; de l’autre, la force humaine qui transcende les obstacles. 

Septembre 2024. Le retour aux affaires et les mêmes questions.

Emmanuel Macron choisit Michel Barnier comme Premier ministre. Un choix tourné vers la gestion des crises et la recherche de consensus. Connu pour ses talents de négociateur et son expérience européenne, incarnera-t-il la continuité ou le renouveau? Combien de temps durera ce chapitre? Les questions ont déjà été posées, elles sont répétées.

Dans un moment historique, Younous Omarjee, député européen réunionnais, est élu vice-président du Parlement européen avec un portefeuille dédié aux Outre-mer et aux îles du monde à la France. Un ultramarin accède à une fonction où il pourra porter les voix et les besoins des territoires insulaires sur la scène européenne. 

Et la France n’en finit pas de célébrer ses héros des Jeux Olympiques 2024. Plusieurs figures ultramarines sont décorées mais tout cela est vite oublié. François-Noël Buffet est nommé ministre auprès du Premier ministre chargé des Outre-mer. Thani Mohamed Soilihi, sénateur de Mayotte devient secrétaire d’État chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux. Les questions ont déjà été posées, elles sont répétées. Septembre 2024, c’est vraiment la rentrée. Le prestige des honneurs olympiques n’effacera pas l’absence d'avancées politiques majeures.

Octobre 2024. La Martinique, le dérèglement climatique, la guerre : tout sauf le chaos.

Le spectre de la vie chère a ressurgi en Martinique, mettant des milliers de personnes dans les rues. Des affrontements violents, marqués par des échauffourées avec les forces de l’ordre et des blessés de part et d'autre, révèlent un malaise profond. Des nombreuses voix appellent à agir ensemble pour ne pas sombrer dans le chaos. Le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, condamne les violences tout en appelant à la responsabilité collective mais ses mots sont à peine audibles.

© Outremers360

Et pendant ce temps, les Outre-mer continuent d’être en première ligne face au dérèglement climatique. La parution d'une analyse internationale vient rappeler que ces territoires sont des sentinelles vivantes, témoins des ravages de la montée des eaux et des tempêtes plus violentes. Un rendez-vous scientifique à Saint-Pierre-et-Miquelon, rassemble des experts mondiaux autour des sciences aquatiques. Dans cet archipel discret, loin des projecteurs, les discussions portent sur l’avenir des ressources marines, cruciales pour les Outre-mer comme pour le reste du globe.

En bon connaisseur, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, livre sa vision dans un ouvrage intitulé "Vers la guerre". Il y met en lumière la position stratégique des Outre-mer dans un monde de plus en plus instable. Des Caraïbes à l’Indopacifique, ces territoires incarnent à la fois la vulnérabilité face aux crises globales et la résilience face aux dangers. Octobre 2024, c’est un rappel cinglant : les Outre-mer sont souvent des territoires marqués par des colères sociales. Ils n’en demeurent pas moins des acteurs incontournables d’un avenir global. 

Novembre 2024. Douleur et introspection, force de ceux qui refusent d’être oubliés.

Les rues de Paris voient déferler des milliers de membres de la diaspora ultramarine, scandant leur exaspération face à une vie chère insupportable dans leurs territoires d’origine. Ces manifestations exposent une fracture sociale grandissante et la question dépasse le simple prix du lait ou de l’électricité : il s’agit d’une quête de dignité.

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En Martinique, le mois a été marqué par un double défi : une crise sociale et une réflexion sur l’identité. Les affrontements liés à la vie chère ont été exacerbés par l’arrestation de Rodrigue Petitot, président du mouvement à l’origine de la mobilisation. Pendant ce temps, certaines voix proposent une vision rafraîchissante de l’identité martiniquaise : une nécessité inclusive, loin des pièges de l’ethnicité, capable de rassembler un territoire divisé. Ces deux visages, celui de la révolte et celui de la réflexion, montrent une Martinique oscillant entre douleur et introspection.

Après des mois de tensions, la Nouvelle-Calédonie subit un silence précaire. Est-il annonciateur d’une sortie de l’impasse ou alors d'une crise plus profonde? Lors de leurs discours au Congrès de l’archipel, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont insisté sur l’importance du dialogue et des responsabilités partagées. Cependant, les propos d’Emmanuel Moulin, soulignant que "la Nouvelle-Calédonie doit s’aider elle-même", reflètent une réalité brutale. Cette fois-ci,  les soutiens extérieurs ne suffiront pas à stabiliser un territoire en quête d’un nouveau modèle.

Au cœur de ce tumulte social, le musée du Louvre a offert une pause lumineuse en mettant à l’honneur le peintre guadeloupéen Guillaume Guillon Lethière, né esclave. Cette exposition célèbre l’œuvre d’un homme qui a transcendé les limites de son époque pour devenir une voix universelle. Cet hommage vient poser un baume. Les Outre-mer sont aussi des foyers de génie créatif. Novembre 2024, c’est une démonstration supplémentaire de la vitalité et de la complexité de territoires qui rappellent qu’ils ne sont pas de simples périphéries.

Décembre 2024. Entre remaniement, défi climatique et contexte géopolitique, la tonalité aura été respectée.

Le cyclone Chido laisse derrière lui un paysage de désolation à Mayotte. Avec un bilan tragique de 39 morts et plus de 4 000 blessés, cette catastrophe naturelle illustre à nouveau la vulnérabilité des territoires ultramarins face à un climat en dérive. Une étude britannique a pointé le rôle du changement climatique, accusé d’avoir intensifié la violence du phénomène.

La chute du gouvernement français, après une motion de censure historique a malheureusement ramené les mêmes questions : Y aura-t-il continuité ou renouveau? Combien de temps durera ce chapitre? Manuel Valls, désormais ministre des Outre-mer, hérite d’un portefeuille miné par les urgences climatiques et sociales. François Bayrou, à Matignon, doit jongler avec des attentes immenses et des défis complexes pour rétablir la confiance. Il a promis des solutions concrètes mais les délais de reconstruction jugés "incertains" par le prédécesseur de Manuel Valls pèsent lourd sur une population déjà fragilisée.

 En Nouvelle-Calédonie, l’État débloque 154 millions d’euros sur les 231 millions promis pour soutenir l’archipel. Cependant la chute du gouvernement calédonien a mis en évidence les fractures persistantes entre indépendantistes et loyalistes, illustrant à quel point le chemin vers une stabilité durable reste semé d’embûches. Et pour couronner le tout, une analyse publiée par le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale dévoile une campagne de désinformation, orchestrée par des puissances étrangères. Décembre 2024, entre tempêtes et reconstructions, est un condensé des défis qui traversent les Outre-mer : des catastrophes climatiques amplifiées par le dérèglement global, des tensions sociales liées à des fractures économiques et des enjeux stratégiques qui placent ces territoires au cœur des préoccupations internationales.

Comprendre ces territoires, c’est comprendre un monde en mutation, où chaque défi local résonne comme une leçon pour l’humanité tout entière. Alors, pour l’année 2025, il faut souhaiter à chacune, à chacun d’opérer un retour réflexif sur sa propre histoire. Dans la construction des communautés de destin, quel récit les uns et les autres veulent-ils écrire? Quels acteurs souhaitons-nous être?

 

Joël Destom

Membre du Comité économique et social européen