A La Réunion, le cyclone Belal a fait moins de mal que redouté

©Facebook / Patrice Selly

A La Réunion, le cyclone Belal a fait moins de mal que redouté

« On pensait que ce serait beaucoup plus violent » : 48 heures après le passage du cyclone Belal qui a durement frappé La Réunion et causé la mort de trois personnes, les conséquences semblent moindres que redoutées, mercredi, sur l'île de l'océan Indien où a débuté l'inventaire des dégâts.

Short, chemise bleue, tongs, et taco de tortilla de maïs à la main, sur le bord de mer de Saint-Pierre, dans le sud-ouest du territoire, le cyclone Belal est loin d'avoir gâché les vacances de Nicolas, 37 ans. « De ce que j'ai connu auparavant, et avec ce qu'ils disaient aux infos, on pensait que ce serait beaucoup plus violent », lâche ce conducteur de bus (sans vouloir livrer son nom), sous le soleil radieux et le regard de son frère de 21 ans qui arbore un maillot bleu et jaune aux couleurs du club de football local.

Le cyclone tropical a balayé La Réunion, territoire de 870 000 habitants, de dimanche et jusqu'à la levée de l'alerte rouge mardi. Il n'a pas atteint le stade de cyclone tropical intense redouté, ni causé les terribles dégâts que de nombreux réunionnais craignaient, mais a entraîné la mort de trois personnes sans domicile fixe.

Lundi, un premier corps sans vie avait été retrouvé à Saint-Gilles, dans l'ouest, durant les premières heures du passage du cyclone, puis deux autres mardi, dont l'un dans une cabane en tôles au Tampon (sud). Ces deux dernières personnes « auraient refusé l'hébergement d'urgence », a déclaré le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, en visite depuis ce matin. Il s’est notamment rendu dans une exploitation agricole de la commune au cours d'une visite sur l'île.

Gérald Darmanin doit aussi échanger avec les habitants d’un quartier de Saint-Paul (ouest de l’île) et un second quartier des hauts de Saint-Denis. Le ministre pourrait éventuellement annoncer l'état de catastrophe naturelle et l'état de calamité agricole dans la journée. « Il n'y avait pas trop de dégâts ici chez nous, sauf un peu d'eau qui est entrée dans la cuisine », témoigne Caroline, ancienne employée municipale de 37 ans, et résidente de la commune du Tampon (qui n'a pas donné son nom de famille).

Missions de reconnaissance

En sillonnant la route du littoral, l'un des principaux axes routiers de l'île, de Saint-Denis à Saint-Pierre (sud-ouest), loin d'un paysage de désolation, il ne reste que quelques traces du cyclone encore visibles : notamment des feuilles et des branches, poussées sur le bas-côté de la chaussée.

Tout juste arrivé dans une caserne de Saint-Pierre avec 35 agents, le lieutenant Raphaël Ageneau confirme que « c'est plutôt la végétation qui a été touchée par les vents violents », pointant du doigt un palmier couché par le vent dans la cour de la caserne, à peine soutenu par la paume d'une imposante sculpture en forme de main. Il fait partie d'un détachement de quelque 140 agents de la sécurité civile, de pompiers, de gendarmes, ainsi que d'agents du gestionnaire Enedis, arrivés mardi en fin d'après-midi de Brignoles (Var) et Mayotte pour prêter main forte aux secours locaux.

Des missions de reconnaissance sont lancées dès mercredi matin « car tout n'a pas encore été fait en profondeur », et certaines habitations pourraient encore être coupées des principales routes, explique Raphaël Ageneau. « 42% des habitants n'ont plus internet, 40% des antennes relais sont hors service, 32% des foyers n'ont pas d'électricité, 17% ont un accès compliqué ou impossible à l'eau, et 7% ne reçoivent plus la TNT et la radio », avait énuméré le préfet mardi lors d'un point presse.

Mardi, depuis Paris, Gérald Darmanin avait « salué les services de l'État en lien avec les collectivités locales » qui ont permis de « sauver de très nombreuses vies ». Assis sur une rambarde du bord de mer de Saint-Pierre, près d'un bar où un anniversaire est bruyamment célébré, Kathy et Rémy, qui n'ont donné que leur prénom, soulignent la « médiatisation accentuée » de l'événement par rapport à d'autres phénomènes antérieurs.

« J'ai eu des dégâts avec de l'eau infiltrée au niveau de la terrasse, mais c'est surtout parce que je n'avais pas fait les travaux d'étanchéité depuis longtemps », ironise le quinquagénaire, artiste en décoration, qui relativise toutefois la gravité de Belal. Le dernier cyclone intense ayant touché La Réunion - un stade que n'a finalement pas atteint Belal - était Bejisa, aux tout premiers jours de 2014.

Confusion et chaos sur l’île sœur 

Sur Maurice, « île sœur » de La Réunion, Belal a également fait d’importants dégâts dus aux inondations. Plusieurs axes routiers restent impraticables et les écoles demeurent fermées malgré la levée de l’alerte maximale et la reprise de la vie économique. Sur place, les autorités ont été surprises par les pluies diluviennes qui se sont abattues lundi, alors que seules les écoles avaient été fermées. À Port-Louis, la capitale, plusieurs automobilistes ont été pris au piège dans les crues et deux personnes sont mortes.

Et si la gestion réunionnaise a été saluée, les autorités mauriciennes ont, elles, été vivement critiquées. Le Premier ministre a, dès lundi, annoncé la démission du directeur du service local de météo, l’accusant d’être à la source des mauvaises décisions prises par l’exécutif. Face au chaos et à la confusion, une enquête aurait été lancée par les autorités locales.

Avec AFP