Originaire de Martinique, Laetitia Limmois s’impose comme une journaliste vidéo passionnée, animée par l’envie de rendre l’information accessible à tous. Après des débuts chez Loopsider, où elle reçoit le Grand Prix CB News, elle rejoint France TV avant d’intégrer, en 2022, le journal Le Monde. Elle y crée des vidéos qui démystifient l’actualité, des sujets internationaux complexes aux enjeux locaux, avec des mots simples et des illustrations percutantes. Son pari ? Que chacun, quel que soit son âge ou son bagage, puisse comprendre l’information et se sentir concerné. Pour Outremers360, elle revient sur son parcours, les obstacles qu'elle a rencontrés, et nous décrit son quotidien de journaliste vidéo au sein du journal Le Monde, le plus grand quotidien national français.
Maintenir le cap
C’est grâce à sa mère que Laetitia s’oriente vers le journalisme. Une fois son bac scientifique obtenu, elle quitte la Martinique pour l'Hexagone et s’inscrit en licence Information-Communication, parcours Lettres modernes, à la Sorbonne Nouvelle, puis intègre l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Paris. Son diplôme en poche, elle se confronte vite à la dure réalité : « Marché saturé, aucun réseau, candidatures sans réponse… j’ai vite compris qu’il fallait s’accrocher ».
Alors pendant un an, elle enchaîne les petits boulots, vendeuse, serveuse en boîte de nuit, et décroche quelques piges pour le magazine Grazia. Mais elle garde le cap. C’est un podcast qui change tout : Le Tchip, sur Arte Radio, consacré aux cultures noires. Malgré sa nature plutôt introvertie, elle contacte François Oulac, créateur et co-animateur du podcast, qui l’encourage à postuler chez Loopsider, une plateforme de contenu vidéo alors en plein lancement. Elle y trouve le lieu idéal pour se lancer dans le journalisme vidéo : « Je voulais faire de la vidéo mais pas forcément de la télé, dont le format me semblait trop codifié. »
Chez Loopsider, Laetitia crée un journalisme vivant, alliant humour et rigueur pédagogique. En 2019, son travail lui vaut le Grand Prix CB News pour Hello World, une émission hebdomadaire au format court, diffusée sur Snapchat Discover et produite par Loopsider. Ses story Snapchat sont visionnées par 700 000 visiteurs uniques par semaine, soit 25 millions de vues par mois !
La vidéo pour rendre l'info accessible à tous
Laetitia est convaincue que le format vidéo permet de rendre l’information accessible à tous : « Si je fais du journalisme, c’est avant tout pour que tout le monde puisse avoir accès à une information compréhensible. L’information est souvent orientée vers un public qui possède déjà les clés, ce sont souvent des personnes déjà bien informées, très éduquées ou à l’aise avec des sujets complexes. »
Laetitia revendique un journalisme accessible et clair, pensé pour que « tout le monde puisse avoir accès à l’information ». Dans ses vidéos, elle prend le temps de revenir aux bases, de décoder chaque étape pour que « chacun puisse comprendre un sujet complexe ». Elle refuse un journalisme élitiste réservé à ceux qui maîtrisent déjà les codes et le vocabulaire, et préfère proposer des formats courts, didactiques et percutants. Une approche qui séduit autant les jeunes, souvent laissés à l’écart des médias traditionnels, que des publics plus âgés en quête de clarté et de concision. Dans la rue ou sur les réseaux sociaux, les gens l’interpellent et la remercient. Pour Laetitia, c’est la preuve qu’en rendant l’information plus simple et plus visuelle, on peut toucher bien au-delà du public habituel des médias.

Le Monde, une expérience révélatrice
Après un passage chez France TV Slash, Laetitia rejoint la rédaction du Monde en 2022, au sein du service vidéos verticales, où elle produit des formats courts et pédagogiques pour les réseaux sociaux. Ses sujets sont variés. Laetitia traite aussi bien de l’histoire des relations entre les deux Corées que de la misogynoir, en passant par les enjeux des Outre-mer comme les sargasses ou encore l’histoire et le rôle des békés dans l’économie ultramarine.
Chacun de ses sujets est traité avec rigueur et présenté de manière claire, concise, dynamique et pédagogique : « On privilégie des vidéos courtes, souvent d’une minute, avec un angle très ciblé. L’objectif n’est pas d’être exhaustif, mais de condenser l’information de manière précise et percutante. En parallèle, il existe des vidéos un peu plus longues, de trois à quatre minutes, qui permettent de développer davantage certains sujets.»
Laetitia privilégie des angles originaux et explicatifs, tout en maintenant une proximité sincère avec le public et un ton parfois humoristique pour capter l’attention, parfois volatile, sur les réseaux sociaux : « L’idée, c’est de devenir vraiment spécialiste du sujet, afin de pouvoir l’expliquer de manière claire et pédagogique. Ensuite, il y a tout un processus de vérification très rigoureux, avec de nombreuses étapes de validation afin de garantir une fiabilité à 100 %. On reste ainsi fidèle à l’ADN du journal : une information rigoureusement vérifiée et vérifiable. »
Depuis plus de deux ans, au sein du journal Le Monde Laetitia s’épanouit pleinement : « Je dis souvent que j’ai trouvé mon oasis, en travaillant au Monde. C’est une rédaction magnifique, en parfaite adéquation avec mes valeurs, et c’est vraiment un plaisir de travailler dans cet environnement. »
Remettre les Outre-mer au cœur de l’actualité
Laetitia accorde une attention particulière aux sujets ultramarins. Elle milite pour un traitement médiatique plus nuancé des Outre-mer : « On parle de nous seulement lors de grosses crises, de débordements violents ou de catastrophes naturelles. Pour moi, il est important de remettre les Outre-mer au cœur de l’actualité. Même si nous sommes éloignés, nous faisons partie de la France. »
Animée par le désir de transmettre, Laetitia dispense des cours de vidéo au CFJ et à Paris-Dauphine. Son souhait ? Créer en Martinique une année préparatoire au journalisme pour aider les jeunes ultramarins à acquérir les bases du métier. À plus long terme, elle envisage la création d’un média caribéen centré sur des vidéos explicatives, afin de valoriser l’actualité et les acteurs des territoires ultramarins. De quoi donner de belles perspectives au journalisme ultramarin.
EG