Ce 1er février, Ivan Odonnat, président de l'Institut d'Émission des Départements d'Outre-Mer (IEDOM) et directeur général de l'Institut d'Émission d'Outre-Mer (IEOM) était auditionné par La Délégation sénatoriale aux Outre-mer dans le cadre du rapport d'information sur la coopération et l'intégration régionales de ces territoires. Compte-rendu liminaire.
Dans son introduction, Ivan Odonnat a souligné que l’IEDOM-IEOM avaient en chantier un travail d’analyses quantitatives visant à mieux exploiter les données de commerce extérieur dont on dispose sur les Outre-mer afin de mesurer « le potentiel de commerce », c’est à dire d’évaluer la capacité des territoires d’Outre-mer à s’insérer dans le commerce international. Ce travail de fond devrait aboutir par une publication d’ici juin 2024.
Pour lui, le commerce extérieur n’est pas un facteur de croissance en Outre-mer car la production est insuffisante. Sur 2010 à 2019 par exemple, la croissance a été tirée par la consommation, alimentée par une dynamique des importations provenant essentiellement de l’Hexagone. Il y a également la question des tarifs douaniers qui frappent par exemple les départements français d’Amérique qui souhaitent exporter vers les USA, alors que les autres pays des Caraïbes en sont exonérés dans le cadre de l’Initiative du bassin caribéen. Il y a ainsi « une insuffisance de l’insertion des Outre-mer dans les bassins régionaux ».
Ivan Odonnat a ensuite abordé la structure du coût moyen de la grande distribution pour les cinq départements et régions d’Outre-mer. « Dans le coût de revient des produits qui arrivent dans les territoires, vous avez une composante liée au prix d’achat de la marchandise auquel vous allez rajouter tout un ensemble de facteurs dont un certain nombre reflète la nécessité de faire venir ces produits de l’extérieur. Quand vous les faites venir, vous ajoutez une succession de coûts. L’idée à explorer est de savoir s’il y a une marge de réduction de ces coûts si au lieu d’aller les chercher dans l’Hexagone on va les chercher dans les pays plus proches. La réponse est probablement oui ».
Les perspectives, maintenant. Le président de l'IEDOM a relevé que pour leurs voisins, les Outre-mer français étaient des marchés intéressants. Il leur faut donc une incitation. Et pour cela il faudrait adapter le contexte institutionnel et réglementaire pour renforcer les liens commerciaux régionaux. « Si l’on veut vraiment penser l’insertion régionale, je ne vois pas comment on peut contourner ce constat. Il faut se rapprocher de ces autres ensembles régionaux », a insisté Ivan Odonnat.
Sur le plan financier, ce dernier a constaté que très peu de capitaux externes viennent investir en Outre-mer. « Une orientation à explorer est comment en attirer d’autres », a-t-il dit. « Si on veut développer de l’activité, on a besoin de financements ». Autre volet, le renforcement de la compétitivité au niveau des exportations. Cela implique la question douanière, et celle des coûts de production au niveau des salaires et des prix des intrants par exemple. Dans ce cadre, il faudrait savoir où l’on se situe par rapport à ses voisins. « Si l’on n’a pas ce comparatif-là, c’est difficile de poser correctement la question de l’insertion régionale », a déclaré Ivan Odonnat.
Coopération régionale Outre-mer : audition d’Ivan Odonnat au Sénat
PM