Législatives 2024 : Au second tour, quels sont les soutiens, les consignes, les appels au barrage et reports de voix en Outre-mer

©Anthony Tejero / Les Nouvelles Calédoniennes

Législatives 2024 : Au second tour, quels sont les soutiens, les consignes, les appels au barrage et reports de voix en Outre-mer

A quelques jours du second tour des législatives anticipées, Outremers360 vous propose un tour d’horizon des soutiens, consignes, appels au barrage et reports de voix possibles à l’égard des candidats qualifiés ce samedi 6 et dimanche 7 juillet.

Saint-Pierre et Miquelon :

Dans l’archipel de l’Atlantique nord, le député sortant Stéphane Lenormand (Liot) aborde le second tour avec une nette avance de 720 voix sur son adversaire Frédéric Beaumont (PS). Or ici, les électeurs ont eu le choix entre trois candidats de gauche : outre le candidat PS, la candidate LFI Marion Letournel et le candidat divers gauche Patrick Lebailly. Ces deux derniers font en tout 809 voix, auxquelles peuvent s’ajouter des abstentionnistes portés par le climat électoral national.

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Marion Letournel a déjà appelé à soutenir le candidat socialiste. Patrick Lebailly et son parti Ensemble pour Construire sont restés silencieux. Charge à Frédéric Beaumont de convaincre les électeurs du candidat éliminé au premier tour pour espérer battre Stéphane Lenormand. Quid également des 291 voix de la candidate RN et aussi des potentiels votants additionnels au second tour ?

Guyane :

Sur le territoire amazonien, les jeux sont faits dans la 2ème circonscription (Iracoubo, Kourou, Macouria, Mana, Maripasoula, Montsinéry-Tonnegrande, Saint-Laurent-du-Maroni et Sinnamary). Le député sortant (GDR, Nouveau Front Populaire) Davy Rimane, arrivé largement en tête au premier tour, sera seul candidat au second puisque son adversaire Sophie Charles s’est désistée.

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Dans la seconde, les résultats paraissent comme une formalité pour le sortant Jean-Victor Castor (GDR, NFP), qui a aussi dominé le 1er tour, de plus de 9 500 voix sur son adversaire de droite Boris Chong Sit. Davy Rimane et son collègue Jean-Victor Castor ont tout de même reçu le soutien du président de la Collectivité territoriale, Gabriel Serville, notamment pour défendre le projet d’évolution statutaire. La candidate arrivée troisième dans la 1ère circonscription n’a, de son côté, pas donné de consigne de vote, malgré une proximité idéologique avec le député sortant. Yvane Goua a en effet regretté le manque de considération de Jean-Victor Castor à son égard. Le candidat RN, lui, a appelé à voter pour Boris Chong Sit.

Guadeloupe :

Dans l’archipel guadeloupéen, qui comporte quatre circonscriptions, le Parti socialiste soutient naturellement ses deux candidats, députés sortants : Christian Baptiste (2ème circonscription) et Élie Califer (4ème). Dans la 3ème circonscription, le PS guadeloupéen appelle à barrer la route du candidat RN, Rudy Tolassi, qui a mené campagne aux européennes et est depuis élu à Bruxelles, en faveur du député sortant Max Mathiasin (Liot). Une position relayée par le sénateur et ancien ministre socialiste des Outre-mer, Victorin Lurel.

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Dans la 1ère circonscription, pas de consigne, puisqu’aucun candidat RN n’est qualifié au second tour. Le PS laisse libre choix à ses électeurs de départager le député sortant Olivier Serva (Liot) de Chantal Lérus (GUSR, divers gauche). Celle-ci a toutefois un retard de 9 000 voix sur son adversaire. La marche est haute, et les quelques 5 500 voix portées à gauche au premier tour ne suffiront pas à défaire Olivier Serva.

Martinique :

Sur l’île antillaise, les quatre députés sortants, tous NFP, sont au second tour : Jiovanny William face à Philippe Edmond-Mariette (coalition indépendantiste) dans la 1ère circonscription ; Marcellin Nadeau face à Yan Monplaisir (divers droite) sur la seconde ; Johnny Hadjar face à Béatrice Bellay (PS) sur la 3ème ; et Jean-Philippe Nilor face à Grégory Michel Roy-Larentry (RN) dans la 4ème.

Dans ce contexte, le Parti communiste martiniquais a appelé à soutenir, pour le second tour, Philippe Edmond-Mariette, Marcellin Nadeau, Béatrice Bellay et naturellement Jean-Philippe Nilor, seul à faire face à un candidat RN. Sur la 2ème circonscription, le maire de Sainte-Marie, Bruno Nestor-Azerot a décidé d’apporter son soutien au candidat divers-droite, Yan Monplaisir, rapporte Martinique La 1ère. Toujours dans cette circonscription, le candidat RN (2 614 voix) et le candidat Christian Rapha (1 888 voix) laissent libre-choix à leurs électeurs. 

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Dans le duel à gauche qui se joue dans la troisième circonscription, Béatrice Bellay a reçu les soutiens de la candidate de gauche Frédérique Dispagne (624 voix) et de l’indépendantiste Francis Carole (2 617). Johnny Hajjar peut, lui, compter sur le soutien du Parti progressiste martiniquais, dont le soutien appuyé du président de la Collectivité Serge Letchimy, et du PS au niveau national. Dans la quatrième circonscription, Jean-Philippe Nilor bénéficie du vote barrage contre le candidat RN, mais surtout de sa large avance de 18 549 voix sur le candidat d’extrême droite. 

Polynésie française :

En Polynésie, le traditionnel duel autonomistes contre indépendantistes a une nouvelle fois rythmé la campagne électorale, et les mouvements de voix concernent uniquement les deuxième et troisième circonscription puisque le candidat autonomiste Moerani Frébault a été élu dès le premier tour.

Dès le soir du premier tour, les candidats du parti Heiura Les Verts, qui ont rassemblé 2 554 électeurs au premier tour dans les circonscriptions 2 et 3, se positionnent sur les candidats indépendantistes Steve Chailloux et Mereana Reid Arbelot, ne cachant pas leur proximité idéologique avec le parti indépendantiste. Entre 2004 et 2013, le parti écologiste polynésien avait participé à quasiment tous les gouvernements indépendantistes. 

De son côté, l’antenne locale du Rassemblement national se positionne uniquement sur la 2ème circonscription, et en faveur de la candidate autonomiste Nicole Sanquer. Un apport potentiel de 1 240 voix non négligeable. Le candidat a devancé le député sortant Steve Chailloux de 1 824 voix.

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Dans la 3ème circonscription, où l’écart est encore plus mince entre l’indépendantiste Mereana Reid Arbelot et l’autonomiste Pascale Haiti (477), les reports sont encore plus précieux. Et dans ce duel, les 3 230 électeurs de la candidate autonomiste dissidente Naumi Mihuraa sont sollicités. Cette dernière s’est refusée à soutenir une des deux candidates au second tour.

« Choisissez vous-même laquelle des deux est plus apte à représenter notre pays » a-t-elle lancé en début de semaine dans une publication Facebook, en réponse à des sollicitations, dit-elle, des partis de l’union autonomiste qui l’avait pourtant écartée de l’investiture au profit de Pascale Haiti. « Elle a raison : il ne faut pas harceler les gens comme ça » a estimé Édouard Fritch, ancien président polynésien, et chef de file autonomiste, à Radio 1 Tahiti.  « Il faut laisser (aux électeurs) le choix ».

Nouvelle-Calédonie :

Sans surprise, les candidats indépendantistes de l’Union calédonienne (UC) Omayra Naisseline (1ère circonscription) et Emmanuel Tjibaou (2ème circonscription) sont soutenus par l’ensemble des mouvements indépendantistes kanak, ainsi que par le Sénat coutumier.

Le non-indépendantiste Nicolas Metzdorf a, lui, reçu hier le soutien de Philippe Dunoyer, député sortant, battu au premier tour. Dans un communiqué, ce dernier a appelé ses électeurs à « porter leurs voix sur le candidat non indépendantiste qualifié pour le second tour des législatives dans la 1ère circonscription ». L’occasion toutefois de critiquer les « postures radicales qui conduiront le pays nulle part ». Un message adressé, en partie, à l’aile dure des non-indépendantistes, souvent critiquée pour ses discours clivants. 

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L’ancien député et sa suppléante rappellent avoir, « clairement exprimé leur rejet des lignes radicales défendues par les candidats qualifiés pour le second tour. Des lignes qui nous éloignent chaque jour un peu plus de la perspective d’une sortie apaisée du chaos dans lequel les Calédoniens sont plongés depuis près de huit semaines ». Autre soutien pour Nicolas Metzdorf, celui de l’ancien député Gaël Yanno, qui pointe le « risque (…) de voir un député indépendantiste être élu ». La veuve de l’ancien maire Nouméa, Jean Lècques, a aussi appelé à voter pour des députés non indépendantistes.   

Incertitudes sur les 2 562 voix du candidats RN Simon Loueckhote dans la 1ère circonscription : l’antenne locale du Rassemblement national n’a pas donné de consignes. Des voix qui peuvent s’avérer essentielles pour l’ancien député de la 2ème circonscription, venu concurrencer son ancien collègue Philippe Dunoyer sur Nouméa et les îles. Car avec une avance d’à peine 2 000 voix sur Omayra Naisseline, le duel dans cette circonscription dimanche s’annonce disputé, notamment parce que ces élections législatives enregistrent une participation record. Et en Nouvelle-Calédonie, les mobilisations électorales profitent bien souvent aux indépendantistes. 

La Réunion :

À La Réunion, le RN a gagné plus de 61 000 voix entre 2022 et 2024, et s’est hissé au second tour dans les sept circonscriptions de l’île, dont un candidat en ballotage favorable dans la 3ème. Face à cette percée historique, la gauche, désunie au premier tour, refait l’union autour des six députés sortant qualifiés, ainsi que du candidat de la 3ème circonscription, qui a plus de 3 000 voix à rattraper sur son adversaire.

Ericka Bareigts, maire PS de Saint-Denis, qui avait présenté des candidats dissidents dans certaines circonscriptions au premier tour, a très vite appelé dimanche à « battre la politique dangereuse de l’extrême droite par un large rassemblement pour faire gagner les candidats des forces de progrès et de gauche ». Même soutien du côté de Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne et responsable du Parti communiste réunionnais. Si ce dernier avait soutenu une candidate dissidente de gauche dans la 6ème circonscription lors de premier tour, il appelle cette fois-ci à voter pour le député sortant Frédéric Maillot.

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Côté société civile, les principaux syndicats de l’île -notamment la CGTR, le FSU Réunion ou Solidaires- se sont aussi positionnés sur les candidats réunionnais du Nouveau Front Populaire. Il en va de même pour les associations telle que l’antenne locale de la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs, La Cimade, la Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, Rasine Kaf ou encore, Génération Écologie.

Cette dernière association a aussi dénoncé les prises de positions de certains candidats déchus. Nathalie Bassire, ancienne députée de la 3ème circonscription, constatant une « vague nationale qui porte les extrêmes », a laissé libre choix à ses 9 718 électeurs. Même son de cloche pour le candidat David Lorion, ex-député LR, qui dans un but de « rassembler plutôt que de diviser », appelle « à la responsabilité de chacune et chacun » pour « faire votre devoir de citoyen et d’aller exprimer votre choix ». « Je n’appelle pas à faire barrage car cette stratégie a démontré son inefficacité » a estimé de son côté Thierry Robert, candidat éliminé dans la 7ème circonscription.

Mayotte :

A Mayotte, seuls les électeurs de la 2ème circonscription sont rappelés aux urnes dimanche, Estelle Youssaffa, députée sortante de la 1ère, ayant été réélue au premier tour. Cette dernière a décidé de ne pas prendre position dans la seconde circonscription. Ici, la candidate RN Anchya Bamana bénéficie d’une légère avance de 1 707 voix sur le député sortant Mansour Kamardine. Dans ce contexte, les mouvements de voix, reports et soutiens rendent l’élection incertaine.

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Dès dimanche, le troisième candidat éliminé au premier tour a apporté son soutien à Anchya Bamana. Soit 3 560 potentielles voix supplémentaires à la candidate RN. A cela s’ajoutent les 164 voix Reconquête de Manon Moreno. En face, Madi-Boinamani Madi Mari (soutenu par Renaissance) s’est, lui, positionné en faveur de Mansour Kamardine. Soit 3 470 potentielles voix supplémentaires pour ce dernier.

Mansour Kamardine bénéficie aussi d’un large soutien et appel à faire barrage à la candidate du RN, de la part d’élus mahorais : le sénateur Thani Mohamed Soihili ; le président du Département Ben Issa Ousseni, le maire de Sada Houssamoudine Abdallah, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, ou encore le maire de Chiconi. Il agrège aussi les soutiens de Martial Henry, de Kira Bacar Adacolo, de Sarah Mouhoussoune, conseillère économique et sociale, et même de Younouss Omarjee, député européen figure de La France Insoumise.

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