Les résultats de ces législatives anticipées en Polynésie sont tombés au compte-goutte samedi soir (dimanche matin à Paris). Selon les résultats provisoires qui doivent encore être officialisés, l’union des partis autonomistes a réussi à élire un député dès le premier tour, dans la première circonscription.
Si le Haut-commissariat de la République en Polynésie confirme cette élection dès le premier tour, ce serait un coup dur pour le député sortant Tematai Le Gayic, candidat indépendantiste (GDR, Nouveau Front Populaire) qui en 2022 avait réussi l’exploit dans cette circonscription plutôt favorable aux autonomistes, en devenant le plus jeune député de la Vème République.
Au final, c’est Moerani Frébault, candidat de l’union de quatre grands partis autonomistes, qui s’est arrogé 54,42% des suffrages exprimés et qui serait élu dès le premier tour, remportant ainsi plus de 25% des suffrages inscrits. Le candidat autonomiste, sur liste Renaissance lors des européennes, est notamment arrivé en tête à Papeete et Arue, communes urbaines, plutôt autonomistes, qui avait basculé dans le vote indépendantiste en 2022 et 2023. Naturellement, le député élu s’arroge une large majorité aux îles Marquises, d’où il est originaire et dirige les services de la commune de Hiva Oa, administrée par sa mère Joëlle Frébault. Il deviendrait également le premier député originaire des Marquises à siéger à l’Assemblée nationale.
Si le député sortant Tematai Le Gayic pâtit à la fois de l’union autonomiste et d’un vote sanction à l’égard des indépendantistes, aux affaires du pays depuis 2023, il peut toutefois se satisfaire de ses bons résultats dans certaines îles de sa circonscription, notamment dans des atolls des Tuamotu et sur l’île-commune de Moorea-Maiao, et d’une progression des voix à Papeete, mais pas assez pour rester en tête du scrutin dans la capitale polynésienne.
Il faudra donc s’intéresser aux deux autres circonscriptions pour le second tour des législatives en Polynésie. Dans la 2ème circonscription, le résultat est plus serré. L’ancienne députée Nicole Sanquer (2017-2022) est arrivée en tête avec 49,07%, soit 1 825 voix de plus par rapport au député sortant Steve Chailloux, lui aussi indépendantiste (GDR, Nouveau Front Populaire), qui a récolté 42,18%. Steve Chailloux, arrivé 2ème en 2022 déjà contre Nicole Sanquer, peut là aussi espérer d’un report des voix et d’une meilleure mobilisation au second tour.
Enfin dans la troisième circonscription, la députée sortante, Mereana Reid Arbelot (GDR, Nouveau Front Populaire et parti indépendantiste) est en tête, mais dans un mouchoir de poche, avec 42,71% des voix. C’est à peine 477 voix de plus que la candidate de l’union autonomiste, Pascale Haiti (41,08%). L’épouse de Gaston Flosse, originaire des Marquises, pâtit de son parachutage dans cette circonscription qui comporte notamment les Îles sous-le-vent, et dans laquelle Naumi Mihuraa, une candidature dissidente originaire de cet archipel, a joué les trouble-fête à l’union, obtenant 11,05% des suffrages (3 230 voix).
Les voix de Naumi Mihuraa seront donc très courtisées dans cette circonscription, pour le second tour de dimanche prochain. Le positionnement de la fille de la sénatrice Lana Tetuanui, qui a claqué la porte du parti d’Édouard Fritch face au choix de Pascale Haiti comme candidate de l’union dans cette circonscription, est très attendue.
De manière globale en Polynésie, l’union autonomiste a fonctionné à plein régime puisque l’addition des voix a donné le résultat escompté, et les quatre partis formant l’union enregistrent la moitié des voix en Polynésie française, contre près de 40% pour les indépendantistes. Les deux grandes mouvances laissent des miettes pour les petites formations comme le Rassemblement national, qui ne prend toujours pas lors des scrutins locaux, et Heiura-Les Verts. Le report des voix, notamment celles du RN local, des Verts et de Naumi Mihuraa dans la 3ème circonscription, seront vraisemblablement décisifs, ainsi qu’une meilleure mobilisation des électeurs.
Car sur le front de la participation pour le 1er tour de ces législatives anticipées, la Polynésie fait à peine mieux que le premier tour de 2022 : 43,09% contre 42,16 % il y a deux ans. Un chiffre à rebours des autres territoires d’Outre-mer ayant déjà voté, et où la mobilisation est en nette progression.