Augmentation des vracs liquides et des importations de pétrole brut, hausse des marchandises diverses, du trafic conteneurisé, du transbordement et roulier, reprise importante du secteur des croisières, le Grand Port Maritime de la Martinique affiche une bonne santé en 2023. Pour autant, la direction du port poursuit ses investissements dans le cadre du « Hub Antilles » et des défis engendrés par le dérèglement climatique.
Selon le bilan des sites Ports et Corridors et Mer et Marine, consacrés à la logistique portuaire et l’actualité maritime, « les difficultés liées au contexte international de 2023 n’ont pas touché la Martinique, dont le trafic portuaire a progressé de 11% par rapport à l’année précédente, pour un total de 3,3 Mt. La direction du GPM (Grand Port Maritime de la Martinique, ndlr) se félicite des « performances robustes » du port, où les vracs liquides et marchandises diverses ont tiré les résultats vers le haut ».
Les vracs liquides au port de la Martinique ont augmenté de 31%, atteignant 1,2 million de tonnes. Les importations de pétrole brut ont augmenté de 57%, atteignant 582 051 tonnes, principalement grâce à la reprise des importations de la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara). Un pétrolier a fait escale tous les deux mois au terminal de Lamentin. La Sara exporte également des produits raffinés vers la Guadeloupe et la Guyane, avec une hausse de 47,5% en 2023. « De plus, souligne la direction du port, la reprise d’activité de la Sara a limité les importations de produits raffinés pour préférer une « production locale ». Les importations de produits pétroliers pour EDF, tant pour le site de Bellefontaine que celui de Fort-de-France, ont progressé de 13% à 233 515 t », relève le rapport.
En 2023, les marchandises diverses en Martinique ont augmenté de 1%, atteignant 1,6 million de tonnes. Le trafic conteneurisé a progressé en raison de l'optimisation du chargement des conteneurs par les chargeurs. Le tonnage des marchandises par conteneur plein est passé à 9,66 tonnes par EVP (abréviation française pour équivalent vingt pieds. C'est l'unité de mesure pour exprimer une capacité de transport en multiple du volume standard occupé par un conteneur 20 pieds (6 mètres), ndlr), contre 9,27 tonnes par EVP en 2022. « D’un autre côté, le trafic de transbordement a enregistré une croissance de 25% d’une année sur l’autre. Il s’est établi à 27 773 EVP. Toujours dans cette catégorie des marchandises diverses, le trafic roulier a pour sa part enregistré une hausse de 7%, portée par l’import de véhicules automobiles. La progression est de 12% en tonnage et 9% en nombre », signale l’étude.
Par ailleurs, en 2023, le trafic passagers au port de la Martinique a montré une reprise notable après deux années difficiles dues à la crise sanitaire. Le secteur des croisières a vu une augmentation de 209% de leur nombre, atteignant 681 824 personnes, soit un triplement par rapport à 2022 (+309%). Les liaisons inter-îles ont également progressé, avec 160 813 passagers, soit une hausse de 54 %. Le Grand Port Maritime qualifie cette reprise de « prometteuse ».
Dans un contexte de croissance du trafic, la direction du GPM poursuit ses investissements pour préparer l'avenir. Le projet « Martinique Hub Caraïbe » vise à faire du port un des deux piliers du Hub Antilles. « Avant que ce projet ne concrétise sa réalisation, le GPM investit dès cette année. Ainsi, il est prévu d’allouer une enveloppe de 40 M€ en 2024 pour l'ensemble du projet. Le Hub Antilles doit être opérationnel à une échéance de trois ans, à savoir en 2027 », indique le rapport. Cette perspective implique aussi une réorganisation de la logistique entre les Antilles et la Guyane. Cela entraînera un doublement de l'activité du port, passant de 180 000 à 370 000 EVP. Les investissements prévus dès 2024 incluent l'agrandissement des infrastructures, comme l'allongement des quais de 450 à 600 mètres, et la création d'un terre-plein de 12,5 hectares gagné sur la mer.
Le port de la Martinique, tout en développant son projet de Hub Caraïbe, se penche sur les défis posés par le dérèglement climatique. Les responsables portuaires ont identifié que la montée des eaux représente une menace sérieuse pour les opérations. Ils ont donc compris qu'il est essentiel de mettre en place des mesures d'adaptation pour protéger les infrastructures et garantir la continuité des activités à long terme. « Pour analyser la situation, une étude est en cours avec le Cerema et Artelia sur l’adaptation du GPM de la Martinique à ces changements climatiques. Les propositions issues de cette étude seront intégrées au prochain projet stratégique couvrant la période 2025-2030 », précise l’étude.
En mars 2024, la Banque des Territoires a accordé un prêt de 31 M€ au GPM pour financer l'extension des quais et l'installation de nouveaux portiques, dans le cadre d'un projet total de 122 M€ sur trois ans. Le GPM Martinique, comme celui de Guadeloupe, doit réduire son impact climatique en suivant la réglementation européenne "IMO 2023", avec un objectif de réduction de 55% des gaz à effet de serre d'ici 2030 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050. « La mutation se traduit par une augmentation de la capacité portuaire qui permettra d'accueillir des navires de plus grandes capacités au mode de motorisation Gaz naturel Liquéfié ou méthanol ce qui accentuera le virage vers la décarbonation », souligne la Banque des Territoires.
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PM