SÉRIE. Ports en Outre-mer (5/6) : en 2023, le Port autonome de Nouvelle-Calédonie a enregistré une progression de 11,7% de son trafic, et sa modernisation est à l’étude

©Port autonome de Nouvelle-Calédonie

SÉRIE. Ports en Outre-mer (5/6) : en 2023, le Port autonome de Nouvelle-Calédonie a enregistré une progression de 11,7% de son trafic, et sa modernisation est à l’étude

Alors que le ministre chargé des Outre-mer François-Noël Buffet se rendra dans l’archipel calédonien ce mercredi, Outremers 360 fait le point sur le port autonome de Nouvelle-Calédonie, cinquième volet de notre série en six parties. Le port consolide sa position de deuxième port ultramarin après La Réunion, et des réflexions ont été engagées sur sa modernisation, dont la structuration du hub régional, l’extension du quai du commerce et l’évolution du marché de la croisière.

 

En 2023, l'économie de la Nouvelle-Calédonie a montré des signes d’essoufflement après une année 2022 dominée par la croissance. Cette situation est principalement due à la crise du nickel, un secteur essentiel pour l'économie de l'île, basée sur la production, la transformation et l’exportation de ce minerai. « Or, en 2023, les deux principaux actionnaires des mines de nickel, Eramet et Glencore, ont annoncé ne plus souhaiter financer leurs usines métallurgiques respectives. Ces désengagements s’inscrivent dans un contexte de baisse continue des cours du nickel, qui a perdu 45% sur l’année 2023 », selon le bilan des sites Ports et Corridors et Mer et Marine, consacrés à la logistique portuaire et l’actualité maritime.

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Malgré ce contexte difficile, le Port autonome de Nouméa a enregistré une hausse de 11,7% du trafic, soit 4,4 millions de tonnes, principalement grâce au minerai de l'usine de Doniambo. Cependant, les exportations directes de nickel depuis les mines ont diminué de 6%, totalisant 7,1 millions de tonnes. Le port est principalement un site dédié aux vracs. En 2023, les vracs solides ont atteint 3,2 millions de tonnes, enregistrant une augmentation de 16,6% par rapport à 2022. Une grande partie de ces flux concerne le transport intérieur entre les sites miniers et les lieux de traitement. « Ces trafics ont totalisé 2,9 Mt en 2023, en hausse de 22,7%. Le solde, soit 256 390 t, s’est réparti entre les importations, qui ont totalisé 216 441 t, en baisse de 30% », souligne l’étude.

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 « L’autre grande composante des importations est le clinker, produit destiné à la fabrication du ciment. Ce flux a augmenté de 49% en 2023 à 57 707 t, mais n’a pas été suffisant pour compenser la diminution du charbon », relève le rapport. Les exportations de scories de minerai se sont stabilisées à 40 198 tonnes. De plus, les importations de vracs liquides, principalement des produits pétroliers, ont augmenté de 32,8%. En 2023, les exportations de marchandises générales à Nouméa ont diminué de 13,8%, atteignant 206 220 tonnes. Les exportations de ferronickel ont baissé de 8,8%, totalisant 5 412 EVP (abréviation française pour équivalent vingt pieds. C'est l'unité de mesure pour exprimer une capacité de transport en multiple du volume standard occupé par un conteneur 20 pieds (6 mètres), ndlr). Cependant, les conteneurs en transbordement ont progressé de 68%, atteignant 4 786 EVP, ce qui a contribué à une légère augmentation de 0,4% du trafic conteneurisé total, atteignant 65 621 EVP.

 Au niveau des initiatives, le projet du poste 8 du quai du commerce, jugé essentiel par le port autonome, vise à étendre ce quai de 750 à 1000 mètres afin d'accueillir des navires plus grands. Lancé en 2017, il avait été interrompu en raison de problèmes techniques. La direction souhaite dorénavant relancer ce projet structurant pour le port. « Derrière le poste 8 se dessine aussi l’ambition de voir le Port autonome de Nouvelle-Calédonie conforter son rôle de hub dans la région », précise l’étude.

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« Pour cela, outre l’allongement du linéaire de quai, la direction prévoit de draguer le chenal d’accès au port pour augmenter le tirant d’eau admissible et, ainsi, accueillir des navires de plus fort gabarit », ajoute le texte. Le port suit également de près l'évolution du marché de la croisière, où le nombre de passagers a globalement augmenté ces dernières années, en dehors des périodes de crise sanitaire. Cependant, le nombre d'escales de navires a baissé, chaque navire transportant désormais un plus grand nombre de passagers. Cette tendance nécessite donc des investissements dans des infrastructures adaptées pour accueillir ce trafic en hausse.

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« Or, les évènements ayant secoué l’île en mai 2024 pourraient inciter des armateurs à retirer leurs escales à Nouméa, dans l’hypothèse où les tensions ne s’apaiseraient pas. Ces troubles créent un risque, notamment pour les croisières de luxe », conclut le rapport. Par ailleurs, la modernisation du port va au-delà des simples infrastructures. Créer de nouveaux postes et réorganiser les services pour optimiser les opérations et renforcer la sécurité est crucial. Cette dernière, en particulier, joue un rôle clé pour les compagnies de croisière qui dépendent d’une navigation sans incident pour leurs clients.

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PM