80 ans du Débarquement de Provence : Ces Compagnons de la Libération venus des Outre-mer engagés dans la Libération de la France

©  ECPAD/Musée de l'Ordre de la Libération / DR

80 ans du Débarquement de Provence : Ces Compagnons de la Libération venus des Outre-mer engagés dans la Libération de la France

Après la célébration des 80 ans du Débarquement de Normandie en juin dernier, le Président de la République commémora le 80ème anniversaire du Débarquement de Provence ce jeudi 15 août 2024, dans le Var. Une commémoration qui se tiendra en présence de chefs d’Etat et de gouvernement et qui rendra hommage aux « trois mémoires de ce débarquement : franco-africaine, franco-américaine, et française, en honorant tout particulièrement les soldats de l’armée B, de toutes origines et confessions, tombés au combat.». Plus de 3500 ultramarins se sont engagés dans la France Libre et certains d'entre eux ont participé au Débarquement de Provence.


Le débarquement de Provence est intimement lié à celui de la Normandie. Préparés ensemble, ils devaient se dérouler simultanément pour prendre la France en tenaille. Mais, le débarquement de Provence intervient à partir du 15 août sous le nom de l’opération« Anvil-Dragoon ». Navires, parachutistes et soldats lancent l’assaut sur 18 plages, entre Cavalaire et Saint-Raphaël. Les troupes étaient composées de 350 000 hommes dont 260 000 combattants de la première armée française dirigée par le général de Lattre de Tassigny, constituée principalement entre autres de soldats venus d’Afrique du Nord, de tirailleurs d'Afrique subsaharienne, dissidents antillais, Français libres venus du Pacifique.

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Plusieurs milliers de soldats ultramarins ont participé à ce « Débarquement de Provence ». On peut citer le Néo-Calédonien Jean Tranape, qui fut le porte-fanion du Bataillon d'infanterie de Marine et du Pacifique. Au sein de ce bataillon, il participe  à toutes les actions de son unité : Bir Hakeim, campagnes de Libye, de Tripolitaine, de Tunisie et d'Italie. Il débarque en Provence en août, prend part à la libération de Toulon au cours de laquelle il est de nouveau blessé par balle, le 21 août 1944. Il est évacué sur l'Afrique du Nord. Il ne rejoindra que le 26 décembre 1944 les rescapés de son bataillon qui a été relevé du front et mis au repos, en réserve, à la caserne Latour-Maubourg à Paris. Jean Tranape est décédé le 21 août 2012 à Rueil-Malmaison (92) où il a été inhumé.

Le Saint-Pierrais s'engage dans la marine à l'âge de 19 ans. Il rallie la France libre dès les premières heures en 1940. Incorporé au groupe expéditionnaire envoyé devant Dakar fin septembre 1940, il assure les transmissions pour l'amiral commandant l'opération. Constant Colmay est débarqué ensuite au Cameroun, à Douala, avec son service. Il est ensuite affecté au 1er Bataillon de fusiliers marins (1er BFM) qu'il rejoint en plein désert de Libye au début de 1942. Il prend la tête d'un commandement d'une section de DCA (défense contre aéronefs) puis, à Bir-Hakeim, en mai-juin 1942, d'une batterie. Après El-Alamein en octobre 1942, le Bataillon, qui est chargé de la protection aérienne de la 1ère Division française libre, prend part à la poursuite de l'ennemi jusqu'en Tunisie. Lors du débarquement en Provence et de la libération de Toulon, Constant Colmay est chef d'une batterie de DCA et se montre d'un courage éprouvé. Constant Colmay meurt le 25 novembre 1965 à Toulon où il est inhumé.

Le Réunionnais, Auguste Técher, s'engage comme soldat de 2e classe à 18 ans au titre du 21e Régiment d'infanterie coloniale (21e RIC) puis du 11e RIC ; il passe plusieurs années à Saigon puis est affecté au 9e RIC, se réengage et se trouve en poste pendant 18 mois à Haïphong. Sous les ordres du capitaine Folliot, il va participer à de nombreuses campagnes : Auguste Técher prend part ensuite à la campagne de Libye et notamment à la défense du siège de Bir-Hakeim. Auguste Techer est nommé caporal en octobre 1942 et participe à la bataille décisive d'El Alamein (Egypte) puis, avec la 1ère Division française libre, à la campagne d'Italie (mai-juin 1944). Caporal-chef, il débarque en Provence en août 1944 et prend part à la campagne de France (Vallée du Rhône, Vosges, Alsace). Nommé sergent en janvier 1945, il termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l'Authion.

Native de Saint-André, Marguerite Jauzelon avait rejoint l’Armée française de Libération en 1943, en tant qu’ambulancière volontaire. Le 21 août, la Compagnie de Marguerite Jauzelon débarque à Cavalaire. Puis elle prend la direction de Toulon où ont lieu des combats pour la libération de la ville. La première mission sur le front est d'évacuer les blessés allemands du Fort Sainte-Marguerite.

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Ari Wong Kim est né à Tahiti en 1924, d’un père chinois et d’une mère tahitienne. Il a grandi comme enfant fa’amu (adopté) chez son oncle et sa tante maternelles « Papa et Mama Ta’aroa » à Papara sur la propriété de la famille Rey. C’est à l’âge de 16 ans que Ari s’est engagé dans l’armée, sous le nom d’emprunt de son frère Tetuahira a Teaupahere dit Tetua né le 6 avril 1922 à Papeete. Ari est tout de même incorporé à la Compagnie d’infanterie coloniale de Tahiti le 16 septembre 1940 et fera sous le nom de son frère aîné toutes les campagnes du Bataillon du Pacifique. Dans le désert de Lybie, Ari est chargeur d’un canon de 75 monté sur un camion et participe à des jock column. Il combat à Bir Hakeim pour s’en échapper lors de la sortie de vive force en juin 1942. Il combat à El Alamein, fait la campagne de Tunisie, se bat en Italie où il est blessé une première fois le 11 mai 1944. Lors du débarquement de Provence, il est blessé une seconde fois à la Garde le 22 août 1944, évacué sur Cavalaire où il est embarqué pour Oran le 25 août 1944.

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