À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : Le buste de Pouvanaa a Oopa

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : Le buste de Pouvanaa a Oopa

À la découverte ou redécouverte du patrimoine des territoires ultramarins, durant ce mois de juillet et août, Outremers360 vous propose une série sur le patrimoine riche et varié des Outre-mer. Toute la semaine, Outremers360 fait une halte en Polynésie française, profitant de la venue des ministres Gérald Darmanin, Philippe Vigier et de Amélie Oudéa-Castera dans ce territoire aussi vaste que l'Europe, et s’intéresse au buste de Pouvanaa a Oopa.

Une véritable oeuvre d’art qui a été réalisé par le sculpteur franc-comtois Georges Oudot à partir d’une pierre brute de douze tonnes. Un artiste qui se veut témoin de son temps, à son actif plusieurs bustes d’hommes célèbres allant de De Gaulle à Gaston Flosse. 

Le buste Pouvanaa a Oopa est devenu un monument incontournable de la place Taraho’i à Papeete, juste devant l'Assemblée territoriale de la Polynésie, institution que le Metua, père du nationalisme tahitien, a marqué. La statue est posée sur un socle en béton et elle est soutenue par deux colonnes d’une hauteur de 4 mètres.

Cette année, le Pays a classé au titre des monuments historiques ce buste qui fait honneur à cet homme qui n’a eu de cesse de se battre pour les intérêts de sa population et de ses générations futures. 

Pouvanna a Oopa, père du nationalisme tahitien

Pouvanaa a Oopa naît en 1895 sur l'île d'Huahine, qui vient alors d'être annexée par la France. Il meurt en 1977, quelques mois avant l'adoption d'un statut d'autonomie qui donne aux Tahitiens des pouvoirs élargis pour gérer leur territoire. Entre ces deux dates, le simple charpentier est devenu le père du nationalisme tahitien. Un héros local, inconnu en France. Pourtant, il a été élu député à trois reprises, puis sénateur et a été le premier vice-président de la Polynésie française, ce territoire associé aux essais nucléaires, qui y ont eu lieu entre 1966 et 1995.

On l’appelait Te Metua, le Père ou le Sage en Tahitien. A seulement 22 ans, Pouvanaa a Oopa s'engage dans les rangs de la 1ère Guerre mondiale. Puis, lors de la 2nde Guerre mondiale, il se rallie au Général de Gaulle et devient un farouche partisan de la France Libre. Après la Seconde Guerre mondiale, il créée le « Comité Pouvanaa » qui réclame une profonde modification des rapports entre la France et ce territoire. 

Élu député en août 1949 , il fonde en octobre le RDPT, Rassemblement démocratique des populations tahitiennes, parti qui va dominer la vie politique locale jusqu’en 1958. Sans prôner ouvertement l'indépendance, les objectifs du RDPT sont d'obtenir l'autonomie et de lutter contre les capitalistes. En décembre 1957, Pouvana'a est élu vice-président du Conseil de gouvernement grâce au statut résultant de la loi-cadre Defferre.

En 1958, il défend le non au maintien de la Polynésie française dans la République. Premier échec électoral, il a été arrêté dès le lendemain du scrutin, puis jugé et condamné à huit ans de prison et quinze ans d'exil dans l'Hexagone, jugé coupable d'avoir voulu incendier Papeete en octobre 1958. Historiens et politologues estiment encore que l'influence du Metua sur les Polynésiens auraient mis à mal le projet du Général de Gaulle d'installer le Centre d'expérimentation du Pacifique sur ce territoire. Certains juristes qualifierons son procès de procès politique.  

De son côté, Pouvanaa a Oopa a toujours clamé son innocence et entamera dès son retour d'exil un long chemin de croix pour le prouver, et obtenir son innocence. « La France est une grande nation, et c'est pour cela qu'elle me rendra justice », disait-il. Son combat a ensuite été repris par ses enfants, ses petits-enfants et ses arrières-petits-enfants qui, aidés par les historiens, juristes, artistes, politiques et l'ensemble de la société polynsienne, obtiendront la réouverture du procès par la ministre de la Justice Christiane Taubira. 

En octobre 2018, la Chambre criminelle de la Cour de cassation décharge la mémoire du Metua et ainsi, reconnaît son innocence et annule la décision de 1959.

M.M.

Dans la même série :

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : le phare de la Pointe Vénus

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : Les sites archéologiques des Îles Marquises

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : La Cathédrale Saint-Michel de Rikitea

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : La Maison de la Reine Marau

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : le Marae Taputapuatea à Raiatea

À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : les Canons Américains de Anau, Bora Bora