À la découverte ou redécouverte du patrimoine des territoires ultramarins, durant ce mois de juillet et août, Outremers360 vous propose une série sur le patrimoine riche et varié des Outre-mer. Toute la semaine, Outremers360 fait une halte en Polynésie française, profitant de la venue des ministres Gérald Darmanin, Philippe Vigier et de Amélie Oudéa-Castera dans ce territoire aussi vaste que l’Europe, et s’intéresse à la plus grande cathédrale de Polynésie, la Cathédrale Saint-Michel de Rikitea sur l’île Mangareva de l’archipel des Gambier.
Plus grande cathédrale de la Polynésie, pouvant accueillir jusqu’à 2 000 fidèles, ce haut lieu de la foi polynésienne, classée aux Monuments historiques, a été construit de 1839 à 1841, bénite le 15 août 1841, le jour de l'Assomption par les religieux picpuciens, notamment les Pères Laval et Carré, venus évangéliser l’archipel. Le Père Cyprien, qui avait créé le couvent de Rouru sur les hauteurs de Rikitea, avait, en avril 1841, qualifié l'édifice de « cathédrale de l’Océanie ».
La cathédrale a été édifiée à l’emplacement de l’ancien temple des idoles, « are tapere », que le roi Matua avait permis d’utiliser comme église provisoire dès 1835, et qui d'un point de vu historique, apparaît comme un symbole de l'évangélisation et de colonisation, du changement de l'ordre religieux et politique de ces îles du Pacifique.

L’édifice est particulièrement remarquable par le mixage des techniques occidentale et polynésienne de construction et l’utilisation de matériaux locaux : ainsi la voûte est réalisée à partir d’une triple nappe de bambous cueillis dans la montagne, croisés et ligaturés puis recouverte de chaux de corail. Elle est accrochée à la charpente en bois d’uru (arbre à pain) par un ingénieux système de ligature en fibre de coco (nape).
Les 18 colonnes en pierres de corail taillées supportent une voûte tissée en roseaux recouverte de chaux appuyée sur une solide charpente en bois de uru (arbre à pain) reliées avec du nape (bourre de cocotier tressée). La couverture est réalisée en feuilles de cocotiers tressées et en feuilles de pandanus. Les décorations intérieures en nacre de l'archipel sont impressionnantes.

Les dimensions de l’édifice sont tout aussi impressionnantes ; 48 mètres de long, 18 mètres de large, 21 mètres de hauteur. La cathédrale n’avait pas les deux tours et le portail, qui ornent sa devanture aujourd’hui. Les deux clochers furent édifiés dans les années 1847-1848.
Bien connue de tous, la cathédrale Saint-Michel a dû fermer ses portes en 2005, avant d'être restaurée en 2009 et réouverte au public en 2011 en présence des personnalités religieuses du Pays. L'architecte des bâtiments historiques de France, Pierre-Antoine Gilbert et Dominique Touzeau, architecte DPLG à Tahiti et maître d’œuvre, étaient les responsables du chantier.
Rikitea, berceau de la religion catholique dans le Pacifique sud :
Rikitea est l’île principale de l'archipel des Gambier. Lorsque les frères du Sacré-Coeur de Picpus débarquent en 1834 sur Mangareva, les tikis, les idoles ancestrales, cèdent le pas devant la Vierge et son cortège de saints.
En moins de deux ans, l'île, convertie à grand renfort de Pater, d'Ave Maria et de coups de pied au derrière, devient le berceau rayonnant du catholicisme dans le Pacifique sud. Les vestiges construits par les missionnaires catholiques témoignent de l'évangélisation réussie de l’archipel. En opposition aux catholiques français installés aux Gambier, l'île de Tahiti est elle évangélisée par les missionnaires protestants de la London Missionnary Society.

D'autres vestiges et ruines du passé de ce berceau du catholicisme polynésien peuvent être vus et visités. Notamment le couvent de Rouru, plusieurs tours de guet, la tour du Roi, la fosse royale à nourriture, des ruines d'anciennes constructions royales ainsi qu'un arc de triomphe et une ancienne tissanderie à côté de la cathédrale.
M.M.
Dans la même série :
À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : La Maison de la Reine Marau
À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : le Marae Taputapuatea à Raiatea
À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : les Canons Américains de Anau, Bora Bora
