Emmanuel Macron a invité « l'ensemble des acteurs du territoire » à un « sommet consacré à la Nouvelle-Calédonie » sous sa présidence à partir du 2 juillet et pour « le temps nécessaire » face à l'impasse actuelle, selon une lettre dont l'AFP a obtenu une copie mardi.
« Au-delà des sujets institutionnels, qui sont majeurs, je souhaite que nos échanges puissent également porter sur les enjeux économiques et sociétaux », écrit le président de la République dans ce courrier daté de mardi.
Le sommet, dont le lieu n'a pas été précisé, se fera aussi sous la houlette du ministre des Outre-mer Manuel Valls, et associera les élus calédoniens, les responsables des partis locaux, et les représentants des forces économiques et sociales de l'archipel, a-t-on précisé de source proche du dossier.
Lors d’un entretien à la presse hier, l’ancien Premier ministre avait précisé que ce sommet « aura une séquence de négociations politiques avec l'ensemble des groupes représentés au Congrès de la Nouvelle Calédonie, mais aussi une séquence économique et sociale et projets de sociétés avec des acteurs économiques, sociaux et sociétaux qui seront invités ».
La Nouvelle-Calédonie a été secouée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise institutionnelle, économique et sociale aiguë. Selon le chef de l'État, dans ces conditions, « la tension était trop forte pour permettre un dialogue apaisé entre toutes les composantes de la société calédonienne » et examiner la situation créée par les trois référendums qui ont successivement acté le maintien dans la République française.
Depuis le dernier référendum d'autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l'archipel.
Manuel Valls a mené en vain début mai des négociations en Nouvelle-Calédonie entre indépendantistes et non-indépendantistes, en proposant un projet de « souveraineté avec la France ». La frange dure des non-indépendantistes a estimé ce projet, qui prévoyait une « double nationalité, française de droit et calédonienne », ainsi qu'un « transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes » le tout régie par une loi fondamentale inscrite dans la Constitution, équivalait à « l'indépendance » du territoire océanien.
Celle-ci a présenté son projet de « fédéralisme interne », rejeté par le ministre et les autres groupes politiques qui ont considéré qu'il mettait « en cause l’unité et l’indivisibilité de la Nouvelle-Calédonie, protégées par l’Accord de Nouméa et notre Constitution ».
« Le ministre d'État a réussi à renouer les fils du dialogue, ce qui est un acquis en tant que tel », mais cela n'a « pas permis de parvenir à un accord sur l'avenir institutionnel du territoire », rappelle Emmanuel Macron tout de même dans sa lettre d'invitation.
Après cet échec, le président avait fait savoir qu'il inviterait les parties prenantes à Paris. Ce sommet aura donc lieu « à partir du 2 juillet » et « nos échanges dureront le temps nécessaire à ce que les sujets lourds que nous aurons à aborder puissent l'être avec tout le sérieux qu'ils méritent », dit-il dans son courrier.
Le 10 juin à Nice, lors d'un sommet Pacifique-France, le chef de l'État avait dit vouloir un « projet nouveau » pour la Nouvelle-Calédonie, tout en promettant de ne pas refaire les « erreurs » liées aux référendums, pas « adaptés » à ses yeux aux cultures locales et plus généralement océaniennes.
Figure du camp non-indépendantiste, le député Renaissance Nicolas Metzdorf s'est « réjoui » de la tenue d'un sommet à Paris, se disant « prêt à travailler pour s'assurer d'une Nouvelle-Calédonie dans la République française », dans un communiqué.
« La proposition de Manuel Valls et l'échec de Deva avaient accentué le désespoir des Calédoniens et aggravé la situation économique et sociale. Je crois dans la construction d'un « projet nouveau » initié par le président de la République », a déclaré Sonia Backès, cheffe de file des Loyalistes, qui participeront « activement à l'ensemble des travaux ».
Le FLNKS doit acter officiellement samedi lors d'une convention sa participation, très probable, à ce sommet. Au lendemain des discussions avec le ministre, Emmanuel Tjibaou, député et président de l’Union calédonienne, avait considéré « que ce projet (présenté par le Manuel Valls, ndlr) répond aux aspirations puissantes de notre mouvement à intégrer les éléments de souveraineté, et à la préservation des intérêts de nos compatriotes qui souhaitent rester dans la France ».
Du côté non-indépendantiste, le partti Calédonie ensemble s’était aussi prononcé favorablement au projet de Manuel Valls.
Avec AFP