En Polynésie, les communes annoncent leurs priorités pour 2026-2032

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En Polynésie, les communes annoncent leurs priorités pour 2026-2032

Les maires polynésiens réunis au Congrès des communes ont déterminé leurs huit politiques publiques prioritaires pour la période 2026-2032.  Au premier plan, le développement économique, parce que « ce n’est pas à Tahiti de décider » pour les communes. Elles revendiquent un statut de « vrais partenaires » du Pays, avec un SPC renforcé dans ses capacités d’accompagnement juridique et technique. Et pourquoi pas, un rôle institutionnel pour le SPC similaire à celui du Cesec. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Développement économique, autonomie alimentaire, transition énergétique, préservation des ressources marines, sécurité publique, traitement des déchets, jeunesse et sport, culture et patrimoine seront les priorités des tavana (maires ndlr) pour la prochaine mandature 2026-2032. Ainsi en a décidé le 34e Congrès des communes ce mercredi matin.

Avec, dit Félix Barsinas, le maire de Tahuata, une priorité pour le développement économique « pour que, nous les maires, puissions être acteurs de notre propre développement. Et ce n’est pas à Tahiti de décider, ce n’est pas au Pays de dire comment nous allons mener nos projets ». La mise en œuvre dépendra notamment du sort qui sera réservé par l’Assemblée nationale à la proposition de modification de l’article 43-2 de la loi organique pour élargir les compétences des communes.

Mais le président du Syndicat pour la Promotion des Communes (SPC) en Polynésie, Cyril Tetuanui qui était l’Invité de la rédaction de Radio 1 mercredi matin, a rappelé que les communes polynésiennes sont une exception dans la République : « Ici les 48 communes ne bénéficient pas de la clause générale de compétence, c’est le Pays qui l’a. Mais ces compétences on les exerce malgré tout (…). Et nous, notre demande, c’est d’être légal. »

« C’est eux qui ne sont pas conformes à leur profession de foi »

Une proposition que le gouvernement n’a pas vu d’un bon œil. Cyril Tetuanui réplique : « C’est eux (le Tavini, ndr) qui ne sont pas conformes à leur profession de foi. Dans leur profession de foi en 2023, il y avait l’article 43-2 », comme le demandait une lettre ouverte des maires aux partis politiques avant les élections. « Et donc on s’étonne, pourquoi le gouvernement ne suit pas les tavana ? »

Les maires ne cessent de le dire depuis lundi :  ils veulent non pas se substituer au Pays, mais avoir une sécurité juridique lorsqu’ils doivent répondre aux demandes de leurs administrés. « La discussion à l’Assemblée nationale va être une étape importante, je crois savoir que le Pays a encore des amendements à proposer, mais j’aimerais bien savoir quels sont les amendements », dit Simplicio Lissant.

Le sénateur Teva Rohfritsch espère que les maires qui ont l’oreille du président du Pays pourraient le convaincre de ne pas faire introduire d’amendements à l’Assemblée nationale, de façon à avoir un « vote conforme », c’est-à-dire sur un texte identique à celui déjà adopté par le Sénat, ce qui « permettra d’aller rapidement vers une modification de notre statut. Il faut faire confiance aux élus, ils ne vont pas faire n’importe quoi. »

Pour le maire de Punaauia et premier vice-président du SPC, ce changement fera des communes et du Pays « de vrais partenaires, puisque de toute manière la loi va prévoir des conventions à passer avec le Pays. Il faut compter sur la sagesse des tavana et des conseillers municipaux pour travailler pour l’intérêt général. »

Le hakaiki (maire ou chef en langue marquisienne, ndlr) de Tahuata, Félix Barsinas, souligne que l’essor des communautés de communes -elles sont aujourd’hui sept en Polynésie- démontre « la maturité, l’intelligence collective » des maires polynésiens. « Nous ne faisons que ça, démontrer au Pays notre crédibilité », dit-il, « on ne sait plus quel argument employer. » Et il veut aller plus loin, pour que le SPC soit reconnu comme une institution du Pays, à l’instar du Cesec.

Renforcer les capacités d’accompagnement juridique et technique du SPC

Le Syndicat pour la Promotion des Communes, qui a modifié ses statuts à la fin de l’année dernière pour inclure les communautés de communes, réfléchit aussi à étendre son champ d’action. « Il y a des volets qui ont été abordés », dit Simplicio Lissant, notamment l’accompagnement juridique « mais aussi l’accompagnement sur les aspects techniques lorsqu’on parle de transition énergétique par exemple. » 

L’Agence française de Développement a recruté et mis à disposition des communes deux ingénieurs financiers pour pouvoir avancer sur le montage des projets -même si Cyril Tetuanui reconnaît que les tavana sont encore « méfiants » lorsqu’il s’agit d’emprunter.

Élargir les domaines éligibles aux financements du FIP

Ce jeudi, dernier jour du congrès, il sera aussi question de finances. Le Fonds intercommunal de péréquation (FIP) constitue la source de recettes la plus importante des communes. « Au dernier comité des finances locales, explique Cyril Tetuanui, on a proposé d’élargir les domaines éligibles. » L’idée va donc être soumise à tous les maires, car le FIP affiche de confortables réserves à hauteur de 12 milliards, et Cyril Tetuanui veut pouvoir en utiliser « au moins 4 milliards par an pour financer les projets d’investissements des communes ».

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti