Mayotte, Nouvelle-Calédonie, vie chère, CIOM, prochains déplacements en Outre-mer : six mois après son arrivée rue Oudinot, le ministre d’État a dressé un panorama des dossiers en cours et prochains, dans un contexte fragile et sensible lié à l’instabilité politique nationale mais aussi, internationale.
C’était le 24 décembre dernier : François Bayrou nommait l’ancien Premier ministre socialiste pour succéder à François-Noël Buffet, dont le gouvernement était tombé quelques semaines auparavant. La transformation du ministère délégué aux Outre-mer en ministère d’État, second dans l’ordre protocolaire, et assuré par un ancien Premier ministre, a su rassurer une partie des élus ultramarins,
« Au cours des six derniers mois, je me suis déplacé dans quasiment l'ensemble des territoires ultramarins » a rappelé le ministre lundi, alors qu’il conviait la presse pour un bilan sur la situation à Mayotte et une réexplication de la loi-programme de refondation post-Chido, en débat à l’Assemblée nationale. C’est d’ailleurs à Mayotte mais aussi en Nouvelle-Calédonie que Manuel Valls s’est rendu plus d’une fois.
Il faut dire qu’entre le cyclone Chido et la crise institutionnelle calédonienne, ce sont les deux territoires ultramarins qui ont davantage retenu l’attention de Paris, tant politiquement que médiatiquement. Le ministre s’est aussi rendu à La Réunion, également touchée par un cyclone -Garance- aux effets dévastateurs ; aux Antilles, où les questions de lutte contre le narcotrafic, de vie chère et d’échouages massifs de sargasses sont prégnantes ; et en Guyane, territoire qui prépare depuis plusieurs années sa mue institutionnelle.
Polynésie mi-juillet, Saint-Pierre et Miquelon en septembre
Pour la suite, et pour son prochain déplacement, Manuel Valls a annoncé se rendre en Polynésie française à la mi-juillet. Il est aussi attendu début septembre à Saint-Pierre et Miquelon, « pour la rentrée scolaire », et dans la foulée, se rendra une nouvelle fois en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane. Manuel Valls évoque aussi un déplacement, « très vite », à Wallis et Futuna, et « dans les prochaines semaines », un nouveau déplacement à Mayotte « après l'adoption de ce texte ».
« Au cours des six derniers mois, je me suis engagé clairement sur un certain nombre de dossiers que je considère primordiaux » a rappelé le ministre qui énumère la crise de l’eau en Guadeloupe, « la responsabilisation des constructeurs automobiles sur le dossier tragique » des airbags Takata, « l'accompagnement financier des entreprises touchées par les émeutes de l'automne dernier » en Martinique ; l’intégration des enseignants du 1er degrés à la fonction publique à Wallis et Futuna ; ou encore la mise en place d'un groupe de travail sur la péréquation du prix d'électricité en Polynésie.
En attendant, les prochains jours seront mobilisés par les débats parlementaires autour de la loi-programme Mayotte. Débats qui subissent quelques retards sur le calendrier de l’Assemblée nationale, en raison de la situation explosive au Proche et Moyen-Orient. Autre dossier qui s’impose dans les jours qui viennent : les négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie qui reprennent le 2 juillet à l’Élysée, deux mois après le conclave de Deva.
« Il y aura évidemment une séquence de négociations politiques que je mènerai avec l'ensemble des acteurs politiques, c'est-à-dire les groupes présentés au Congrès de la Nouvelle Calédonie, mais il y aura aussi une séquence économique et sociale et projets de sociétés avec des acteurs économiques, sociaux et sociétaux qui seront invités » a précisé Manuel Valls. Un « accord reste possible et nous comptons beaucoup sur les discussions que nous aurons la semaine prochaine avec le président de la République, puis ensuite avec l'ensemble des acteurs politiques de ce territoire ».
La loi contre la vie chère en octobre au Parlement
« J'ai aussi fait de la lutte contre le narcotrafic, qui menace de faire s'effondrer la société des Antilles et de la Guyane, une priorité, avec davantage de force sur le terrain », et « de nouveaux moyens aux forces de sécurité et aux magistrats ». Manuel Valls dit vouloir « aller beaucoup plus loin : il faut que chacun, dans l'Hexagone, à tous les niveaux de l'État et du gouvernement, se rende compte de ce que nos compatriotes de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane sont en train de vivre ». « J'ai adressé une note à tous les ministres concernés et j'en appelle à une mobilisation de tous les instants. La même mobilisation qui a lieu dans l'Hexagone doit avoir lieu à la Martinique et en Guadeloupe, ce sont les portes d'entrée du narcotrafic vers l'Europe » a-t-il insisté.
Sur « la question de la vie chère (…), fléau qui nourrit légitimement un sentiment d'injustice et d'inégalité », « une circulaire et trois décrets seront signés en marge du comité interministériel aux Outre-mer le 10 juillet » a-t-il annoncé. Le projet de loi que le ministre prépare « sera présenté en juillet et débattu au Parlement en octobre ».
« Sur les six derniers mois », et certainement également pour les prochains, Manuel Valls appelle une nouvelle fois à « la construction d'un nouveau rapport entre l'Hexagone et les Outre-mer ». « Ces territoires nous font rayonner, mais je souhaite aussi qu'ils puissent rayonner par eux-mêmes et pour eux-mêmes dans chacun des espaces régionaux, des océans dans lesquels ils se trouvent » a poursuivi le ministre qui entend « engager un processus de dé-métropolisation de nos rapports ».
« La question de mémoire, de culture et le rapport aussi entre l'État et ces territoires doivent être profondément revus » a ajouté le ministre, qui souhaite également « rétablir la confiance » entre l’État et les populations des Outre-mer, sans toutefois ignorer le fragile équilibre du gouvernement Bayrou.