Alors que la direction du Centre hospitalier appelait jeudi 7 août la population à privilégier d’autres solutions pour désengorger les urgences, le syndicat CFE-CGC santé estime que cette tension est plus structurelle que conjoncturelle et appelle « à des mesures concrètes ». Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
L’appel lancé à la population par la direction du CHT, jeudi 7 août, d’avoir recours aux urgences du Médipôle le moins possible et de privilégier une alternative lorsqu’elle est possible fait réagir la CFE CGC santé.
Dans un communiqué daté du 8 août, le syndicat de professionnels de santé s’inquiète de la situation des urgences du CHT et de l’épuisement du personnel soignant de l’ensemble du pays. « La direction du CHT semble attribuer ces difficultés aux vacances scolaires et au mois d’août », s’étonne la CFE-CGC, qui rappelle que « nos alertes sont constantes depuis des mois auprès de toutes les instances compétentes ».
« Crise profonde »
Le syndicat dénonce ce qu’elle considère être une « minimisation d’une crise profonde » qui, selon lui, « trouve ses racines dans des problèmes structurels bien plus graves ». Notamment le départ de professionnels « aguerris qui emportent avec eux un savoir-faire irremplaçable » et le déficit d’attractivité qui ne permet pas « d’attirer de nouveaux talents ni de retenir ceux qui sont déjà en place ».
La direction du CHT attribue sa « situation de tension inédite » à la « fermeture de nombreux centres médico-sociaux (CMS), de cabinets médicaux privés » et de lits d’hospitalisation dans plusieurs services de soins, en raison d’un manque de personnel soignant. Elle invoque également la période de vacances scolaires et l’été métropolitain, peu propice aux recrutements.
Des recrutements qui interrogent
Pour la CFE-CGC, « il ne s’agit pas d’une fluctuation saisonnière, mais bien de conséquences directes d’une gestion qui n’a pas su prendre la mesure de l’urgence de la situation. Nous avons inlassablement alerté sur l’état d’épuisement de nos équipes et la nécessité de prendre des mesures concrètes […] pour assurer la santé de tous les Calédoniens ».
Quand la direction du CHT espère que la création d’un dispositif de bonification d’ancienneté et d’une prime de stabilité permettra de lutter contre la pénurie de professionnels de santé, le syndicat rappelle que cette mesure n’a pas encore été votée au Congrès et s’interroge par ailleurs sur l’arrivée éventuelle de nouveaux soignants en septembre 2025 : « Dans quelle proportion vont-ils arriver, vu la pénurie que connaît également l’Hexagone ? Qui va les former, les accueillir et les accompagner dans un contexte de surcharge de travail et de manque de personnel expérimenté ? »
LA CFE-CGC craint que, « sans politique d’intégration et de formation solide, ces arrivées ne feront qu’accroître la pression sur des équipes déjà à bout » et appelle la direction à des « mesures immédiates et concrètes ».
Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes