Depuis le 25 février, la seconde édition de Mouv'Outremer, le programme d’accompagnement innovant lancé par le Ministère des outre-mer et porté par l’Agence Française de Développement, a été lancée dans la zone Océan indien. Accessible à tous et gratuite, ce porgramme a pour objectifs d' accompagner les acteurs publics et privés des territoires ultramarins souhaitant développer et mettre en œuvre des projets à impact pour accélérer les transitions durables. A cette occasion, Virginie Delisée-Pizzo, directrice de l’Agence française à La Réunion revient dans cette interview pour Outremers 360 sur les objectifs de cette formation.
La formation Mouv’outremer, lancée par le Ministère des Outre-mer en mai 2020 ouvre ses portes à La Réunion et à Mayotte, après une première édition réussie dans les Antilles et la Guyane. Les inscriptions à la formation Mouv'Outremer sont ouvertes jusqu'au 10 avril prochain. Les candidatures se font directement sur le site www.mouvoutremer.fr (cliquer ici pour postuler), un jury analysera les candidatures et sélectionnera les 40 apprenants de la formation de cette zone qui rejoindront la grande communauté des apprenants des Outre-mer.
1) Le programme Mouv’outremer a été lancé à La Réunion et Mayotte, à quel public s’adresse cette formation et pourquoi ?
Cette formation s’adresse tout simplement à tous les habitants de Mayotte et de La Réunion. L’objectif de Mouv’outremer est de donner les outils aux ultramarins en matière de création et de gestion de projets afin que tout un chacun puisse contribuer au développement de son territoire à l’échelle locale. Nous n’attendons pas un public type, je dirais même que c’est tout le contraire ! C’est aussi de la diversité des participants que viendra la force du programme, par les échanges d’idées, d’opinions et de compétences notamment.
Concrètement, un projet peut aussi bien être présenté par un.e étudiant.e, un.e chef.fe d’entreprise que par une personne en recherche d’emploi. On peut aussi porter un projet pour sa structure ; pour son entreprise, sa collectivité ou son association. Tout est envisageable ! Le dépôt de candidature et la formation sont gratuits, tout le monde peut proposer son projet, qui sera étudié par un jury.
L’important c’est d’avoir une idée plus ou moins concrète et avancée, l’envie d’apprendre, de partager et 3h de son temps à accorder chaque semaine à la formation.
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2) Pourquoi et comment ce programme serait bénéfique pour ces territoires ?
Parce qu’il va dans le bon sens et parce qu’il est bien pensé. Je m’explique ; il va dans le bon sens car il suit les Objectifs du Développement Durable, établis par l’ONU qui sont indéniablement des orientations ambitieuses et positives pour le développement des territoires. Il est bien pensé car il prend en considération les spécificités des départements d’outre-mer de l’océan Indien et souhaite une adaptation de ces grandes orientations par les ultramarins eux-mêmes et localement.
Mouv’outremer offre l’opportunité de rendre concrète la transition vers un monde plus durable.
C’est d’autant plus important dans le contexte actuel de la crise du COVID, on parle beaucoup du « monde d’après », des enseignements que nous tirerons de la crise, alors faisons le sans attendre. A La Réunion, la crise nous a montré une nouvelle fois la capacité des réunionnais.e.s à s’unir, à s’adapter et à innover face aux obstacles.
En somme, ce programme a tout pour réussir car il a été taillé pour s’adapter aux spécificités de Mayotte et de La Réunion et qu’il s’appuie sur des acteurs talentueux ; les habitants ultramarins eux- mêmes.
3) Quel type de projet peut-il faire émerger ou quel type de programme sur votre territoire peut-il accompagner ?
La formation vise à accompagner des projets locaux qui répondent aux Objectifs pour le Développement Durable et plus particulièrement aux cinq axes prioritaires identifiés pour les territoires ultra marins par le Ministère de l’Outre-mer. Ces orientations visent à réduire l’exclusion sociale, la vulnérabilité des territoires au changement climatique, la production de déchets, d’émissions carbonées et le recours aux polluants.
Afin d’être retenu, un projet doit avoir in fine un impact sur positif sur au moins une de ces questions-là. Toutefois, cela peut se matérialiser de multiples façons dans un projet. Pour le comprendre il est intéressant de regarder les projets accompagnés par Mouv’outremer dans la zone Antilles-Guyane l’an dernier ; le programme a fait murir et naître des projets sur l’agroforesterie, la démocratie directe, la monnaie locale, un incubateur pour l’économie sociale et solidaire, une auberge de jeunesse favorisant un tourisme plus résilient et tant d’autres !
Si on considère les besoins et les ambitions de La Réunion, chacune des cinq orientations est intéressante à travailler. Sur l’objectif de réduction des émissions carbonées par exemple, l’île s’est donnée pour ambition d’atteindre la neutralité carbone pour 2030, de ce fait, Mouv 'Outremer représente un intérêt particulier.
Mais rien n’est à laisser de côté, chaque objectif est pertinent au regard des besoins du territoire, ainsi chaque projet qui s’y rattache mérite d’être encouragé et accompagné. Nous attendons avec impatience les projets portés par les réunionais.es et les mahorais.es car s’il est une évidence, c’est bien qu’ils sont les plus fins connaisseurs de leur territoire, les plus à même d’en identifier les besoins et donc de proposer des projets et des solutions.