A travers cette série, Outremers360 vous propose de partir à la découverte des musées en outre-mer : leur histoire patrimoniale, sociale et territoriale, leurs collections, leur programmation culturelle et leurs projets à venir. Cette semaine, Outremers360 vous propose de découvrir le Musée Camélia Costumes et Traditions au Gosier en Guadeloupe qui présente l'histoire et les évolutions du costume créole traditionnel à travers les époques. Il met en scène différentes scènes de vie soigneusement organisées, permettant aux visiteurs de découvrir les modes d'habillement à travers les âges et les coutumes depuis les Amérindiens jusqu'à nos jours. Claude Bausivoir, cofondateur du musée avec sa femme Camélia et gérant, nous guide dans ce voyage dans le temps et l’espace où se mêlent les couleurs chatoyantes de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique.
Pour le poète Paul Eluard, « il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ». Cette phrase semble avoir rythmé la vie de Camélia et Claude Bausivoir depuis plus de trente-cinq ans. Passionnés d’histoire et de culture, tous deux partagent un amour profond pour leur terre natale, la Guadeloupe et une volonté farouche de préserver et de partager l’héritage culturel.
Alors qu’elle enseigne l’anglais, Camélia porte très tôt un intérêt pour la création textile et plus particulièrement pour les techniques de tissage, de la broderie du « point du jour » et du « point de croix » et de confection de costumes traditionnels. Avec son époux, Claude, alors professeur d’histoire, ils se passionnent pour les récits du passé, les légendes et les coutumes qui ont façonné l'identité guadeloupéenne. Leur curiosité créative se portent naturellement vers les costumes et les tissus rares, témoins du passé glorieux de la Guadeloupe. Car le costume est doté d’une fonction signifiante. Il porte une valeur symbolique. Il permet de distinguer les sexes ou les âges, d’identifier l’appartenance à un métier, à un rang, à une fonction sociale.
Camélia et Claude décident alors de créer un lieu où les visiteurs pourraient voyager à travers le temps, découvrir les costumes et les traditions d'autrefois, et se connecter avec l'âme de la Guadeloupe. Le projet du musée Camélia Costumes et Traditions au Gosier vient de naître.
Mais tout reste à faire. Il s’agit désormais pour Camélia et Claude d’entreprendre des recherches minutieuses. Ils parcourent la Guadeloupe et le monde entier, à la recherche de costumes créoles d’époque, d'objets et de textiles rares. Ils croisent la route d’artisans talentueux au savoir-faire ancestral, de passionnés d’histoire et de culture, qui les soutiennent dans leur projet audacieux.
En parallèle de ces recherches, il faut construire le musée. Et c’est une aventure en soi. Camélia et Claude consacrent des années à la restauration d'un ancien bâtiment colonial, lui donnant ainsi une nouvelle vie. Ils aménagent deux grandes salles thématiques dans lesquelles ils recréent des scènes de vie. Soixante costumes - d’époque ou confectionnés par Camélia – sont exposés ainsi que les objets du quotidien de différentes périodes, allant des Amérindiens jusqu'au XXe siècle, offrant ainsi un aperçu de la richesse de la culture matérielle de la Guadeloupe. Camélia porte une attention méticuleuse aux détails. Elle réalise également les chaussures, les bijoux et les accessoires dont sont parés les mannequins, afin de coller au plus près de la réalité, comme nous l’explique Claude : « Les scènes retracent les activités de la cité ou les grands moments qui rythment nos vies comme le baptême, la première communion, le mariage et l’école au début du XXe siècle… Elles ont entièrement été réalisées par Camélia. C’est pour cela que le musée porte son nom. »
Le 25 octobre 2008, le musée ouvre ses portes. Les costumes chatoyants, les tissus anciens et les histoires captivantes transportent les visiteurs émerveillés dans un voyage à travers le temps. Le musée devient rapidement une attraction incontournable pour les amateurs d'histoire, les curieux et les passionnés de culture. Le parcours de visite suit un rythme chronologique. Derrière chaque vitrine et chaque costume c’est une histoire qui est racontée : celle des Amérindiens, des navigateurs, compagnons de Christophe Colomb, des esclaves venus d’Afrique, des soldats de Napoléon, des anciens colons, des créoles et des guadeloupéens : « Car pour parler des costumes créoles, il faut parler de l’Europe, de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Asie » souligne Claude.
La renommée du musée se répand au-delà des frontières de la Guadeloupe, attirant des visiteurs du monde entier : « Nous avons beaucoup de visiteurs Européens majoritairement des Français, des Anglais et des Allemands mais également des touristes américains et canadiens », indique Claude. Le musée accueille également des groupes scolaires, des chercheurs et des historiens qui apprécient la rigueur du travail de recherche et l’approche muséale de Claude et Camélia.
Depuis qu’ils sont en retraite, Camélia et Claude consacrent tout leur temps à la préservation et à l'enrichissement de leurs collections. Les costumes sont renouvelés tous les deux ans et demi. Le musée présente également une cuisine, un jardin et une case créole traditionnelle. Les visites guidées du musée d’une durée d’une heure trente environ, permettent aux visiteurs de vivre une expérience immersive unique.
Le musée Camélia Costumes et Traditions est le fruit de la détermination et de l'engagement de ses fondateurs, Camélia et Claude Bausivoire, couple d’enseignants guadeloupéens dont l’aventure romanesque et historique est gravée dans chaque recoin du musée, rappelant à tous l'importance de préserver et de célébrer les traditions multiculturelles qui façonnent notre identité.
©Musée Camélia Costumes et Traditions
Le costume créole fruit du métissage des cultures Au XVII et XVIIIe siècles, lorsque les colons s’installent aux Antilles, leurs vêtements ne sont guère différents de ceux portés en métropole. Les tissus importés sont principalement des soieries, des broderies, des cotonnades, des dentelles et des madras en provenance d’Inde. Peu à peu, les tenues évoluent pour s’adapter au climat tropical. Le coton fin est privilégié. Mais c’est par l’intermédiaire de la domesticité esclave que va se construire l’identité vestimentaire antillaise. Les esclaves récupèrent les vêtements usagers de leurs maitres qu’ils adaptent et transforment. Ils inventent la mode créole, mélange de superposition de tissus africains, indiens et européens. Les couleurs chatoyantes du madras se mêlent au blanc du coton ou de la percale. Le costume féminin antillais voit le jour avec le matadore, le costume jupe chemise ou corsage ; la gole créole, simple robe blanche en coton ou percale montée en fronces, avec des manches dont la longueur varie selon les envies des femmes qui la porte ; la robe dit ti collet, portées par les fillettes à partir de 12 ans faite de coton ordinaire au motif fleuri, à rayure ou à carreaux de couleurs vives ; la robe à corps ou grand’robe qui apparaît entre la Restauration et le Second Empire. Les tenues sont accessoirisées avec des foulards triangulaires et des coiffes madras nouées sur la tête de telle façon qu’elles permettent de savoir si l’on est mariée ou si l’on a un cœur à prendre. Quant aux bijoux, principalement en or, ils sont le reflet d’un métissage de savoir-faire et d’orfèvrerie. |
Plus d’infos sur la page facebook du musée : https://www.facebook.com/museecostumesettraditions/photos_by?locale=fr_F   |
Pour en savoir plus :
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