Série - Musées en Outre-mer : La Savane des Esclaves en Martinique, lieu de mémoire et de transmission ouvert sur le monde

Série - Musées en Outre-mer : La Savane des Esclaves en Martinique, lieu de mémoire et de transmission ouvert sur le monde

A travers cette série, Outremers360 vous propose de partir à la découverte des musées en outre-mer : leur histoire patrimoniale, sociale et territoriale, leurs collections, leur programmation culturelle et leurs projets à venir.

Cette semaine, Outremers360 vous propose de déambuler dans les villages de La Savane des Esclaves et de remonter le temps pour découvrir la vie quotidienne en Martinique il y a 400 ans. Centre d'interprétation et de transmission La Savane des Esclaves est implantée dans la commune des Trois-Ilets, au quartier La Fermé, dans un parc de deux hectares, en lisière de forêt. Gilbert Larose, propriétaire et fondateur du village a réussi à reconstituer l’atmosphère d'un village « Antan Lontan ». On y trouve des cases traditionnelles d'habitation, un grand carbet, une case à manioc, un musée de l'esclavage, un jardin créole dans lequel les cultures sont faites sans engrais ni pesticides, à la mode des anciens, de nombreuses plantes médicinales et des arbres fruitiers rares.

©La Savane des Esclaves

« Ma passion est devenue mon métier ! »

En 2000, à l’âge de 36 ans, Gilbert Rose, alors ouvrier dans le bâtiment décide de changer de vie et de se consacrer entièrement à sa passion : « La Savane des Esclaves retrace ma passion de l’histoire de mon pays ». La commune lui met à disposition un terrain initialement pour pratiquer un élevage de cailles. Mais les obstacles se multiplient et Gilbert Larose doit abandonner son projet. Il décide alors de se lancer seul et sans aucune aide financière, dans la construction d’un lieu de mémoire dont l’objectif est de mettre en valeur et de faciliter la compréhension, auprès d'un large public, d'un patrimoine singulier qu’il lui semble impossible à réunir dans un musée classique.

Il effectue des recherches, consulte de nombreux ouvrages d’histoire pour mieux comprendre le mode de vie de ses ancêtres. Son objectif est alors de reconstituer le mode de vie des premiers habitants de l’île : « Il y avait une civilisation bien avant l’arrivée des colons ». En effet, durant la période précolombienne, les premiers habitants de la Martinique sont les Arawaks, venus d'Amazonie. Ils s'installent aux alentours de la montagne Pelée, pour pratiquer la pêche, l'agriculture, la cueillette.

©La Savane des Esclaves

Le site propose également de découvrir le mode de vie des esclaves avant l’abolition de l’esclavage en 1848. Il s’attèle alors à recréer un village typique sur le modèle de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Gilbert Larose considère qu'il est essentiel de connaître ses origines pour se construire en tant qu'individu : « Nos enfant doivent s’approprier leur histoire ». Il imagine les ambiances du site, construit chaque recoin du paysage pour qu'il soit harmonieux, bâtit les habitations de ses propres mains et fait évoluer la structure de la Savane des Esclaves.

©La Savane des Esclaves

Un voyage dans le temps

Le site propose une immersion dans un circuit mêlant histoire et environnement. Il attire de nombreux visiteurs chaque année. En 2006 il a accueilli plus de 10 000 visiteurs. Gilbert Larose nous explique que le site peut accueillir jusqu’à six cents visiteurs par jour durant la saison touristique.

Lire aussi : Série - Musées en Outre-mer

Lieu incontournable de l’île, la Savane des Esclaves n'est pas uniquement centrée sur l'esclavage, mais présente également la beauté de l'île et ses avantages naturels. En plus de sa fonction muséale, le site accueille des manifestations culturelles telles que des marchés d'artisanat et la « Fête de l'abolition de l'esclavage » chaque année le 22 mai.

©La Savane des Esclaves

A travers La Savane des Esclaves, Gilbert Larose propose de faire découvrir son âme, sa générosité et son savoir aux Martiniquais et aux touristes du monde entier notamment nord-américains. Les visiteurs arpentent le village Kalinago dédié aux Amerindiens, la Rue Case-Nègres et la Place de l'Esclave Romain qui détaillent le mode de vie des esclaves sur les habitations et le Village Antan Lontan, avec ses vingt-cinq cases traditionnelles et ses jardins (créole et médicinal) qui mettent en avant le mode de vie après l'abolition de l'esclavage.

©La Savane des Esclaves

Ouvert sur le monde 

En 2020, le site se réinvente pour rester accessible à son public. Plusieurs saynètes sonores racontent l'histoire des villages et des martiniquais à travers les siècles. En plus de cette présentation, le public peut accéder à des informations historiques et des vidéos en les activant à partir d'un QR Code.

Gilbert Larose réalise également de nombreux partenariats notamment avec des écoles aux Etats-Unis à Portland, Washington et Boston. Les étudiants peuvent participer à des ateliers de construction des cases ou effectuer un stage au sein de l’équipe constituée d’une quinzaine de personnes tous passionnés par l’histoire de l’île. L’équipe accueille régulièrement des stagiaires en études d’art et tourisme.

Depuis plusieurs années, Gilbert Larose diversifie son activité. Il offre aux visiteurs l'occasion de découvrir l'histoire de Ti Gilbé à travers quatre bandes-dessinées : « À travers ses BD, Ti Gilbé rappelle que le peuple martiniquais est le fruit de multiples métissages dus à la colonisation européenne et à la déportation de millions d'Africains. »

©La Savane des Esclaves

Enfin, la boutique de produits locaux bio Délices Gilbert propose aux visiteurs de découvrir les saveurs de la cuisine martiniquaise tels que des cassaves, des farines et des poudres pour agrémenter les plats sucrés et salés.

©La Savane des Esclaves

Avec La Savane des Esclaves, Gilbert Larose réalise son souhait de transmettre aux jeunes générations l’histoire de l’esclavage en Martinique : « La graine de la connaissance a germé, une fleur a poussé il faut maintenant attendre les fruits ».

Pour visiter La Savane des Esclaves, rendez-vous sur : Le musée historique en Martinique : La Savane des Esclaves

©La Savane des Esclaves

EG

Pour lire ou relire nos précédents numéros, c'est ici