INTERVIEW. Marie Guévenoux, ministre déléguée en charge des Outre-mer : « L'Europe est un bouclier pour nos Outre-mer»

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INTERVIEW. Marie Guévenoux, ministre déléguée en charge des Outre-mer : « L'Europe est un bouclier pour nos Outre-mer»

Ce jeudi 9 mai, est célébrée la Journée de l'Europe. Géographiquement éloignés du continent européen, les territoires ultramarins français sont liés à l'Union Européenne, avec six régions ultrapériphériques (la Guyane, la Guadeloupe, Saint-Martin, la Martinique, La Réunion, Mayotte) et 6 pays et territoires ultramarins (la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, les Terres australes et antarctiques française et Wallis-et-Futuna). A l'occasion de cette journée, la Ministre déléguée en charge des Outre-mer Marie Guévenoux revient sur le rôle de l'Union européenne dans le développement économique des territoires ultramarins français.

 

A l’occasion du 9 mai, pourquoi nos compatriotes d’Outre-mer devraient se soucier d’Europe ?

Marie Guévenoux : Nos Outre-mer apportent énormément à l’Europe et inversement, l’Europe est un bouclier pour nos Outre-mer. 

Face aux désordres et aux crises du monde, à la fois économiques, géopolitiques ou climatiques, l’Union Européenne joue un rôle crucial pour développer et protéger nos territoires, en leur offrant des ressources financières, de nombreuses opportunités économiques et une plateforme de valorisation unique.

D’ici à 2027, ce sont 5Mds€ d’investissements au titre des fonds européens, sur une enveloppe nationale de près de 30Mds€, qui bénéficieront directement aux outre-mer, pour financer   des infrastructures et des actions dans le domaine social et économique. 

Je pense au hall sportif du collège de Papaïchton, à l’hôpital de Petite Terre à Mayotte, au téléphérique urbain de Saint-Denis ou au nouvel aérogare de l’aéroport Roland Garros, que les réunionnais et tous les touristes empruntent quand ils arrivent sur l’île et au soutien des filières agricoles ultramarines. Les projets financés par l'Union européenne sont partout.

Parallèlement, grâce à l’action déterminée de nos députés européens et du Président de la République, l’Union européenne a su s’adapter aux spécificités des Outre-mer en facilitant et assouplissant ses règles. C’est le « réflexe Outre-mer », qui doit guider chacune des politiques publiques adoptées à Bruxelles. 

Ainsi, nous avons récemment l’accord pour mettre en œuvre le régime d’aides au renouvellement des flottes de pêches ultramarines, qui permettra à nos pêcheurs de développer leurs activités dans de meilleurs conditions de sécurité.

L'Union Européenne joue un rôle crucial pour développer et protéger nos territoires

Pour les élections européennes, le Rassemblement national devrait pourtant arriver en tête …

Marie Guévenoux : Dans cette élection, le RN préfère manifestement les polémiques aux propositions concrètes.

En Guadeloupe, le représentant de la liste de Jordan Bardella est défavorablement connu pour avoir giflé une femme il y a quelques années. A Mayotte, Marine Le Pen a investi un candidat sexiste, misogyne et admirateur de Vladimir Poutine. Pire encore, leurs alliés au Parlement européen militent pour le rattachement de Mayotte aux Comores. Quel casting ! On ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis. Personne ne doit être dupe de la duplicité du Rassemblement national vis-à-vis des Outre-mer. 

A contrario, je suis heureuse que Valérie Hayer, la candidate de la majorité présidentielle, se soit entourée de quatre candidats ultramarins de talent. Sylvie Gustave dit Duflo, Max Orville, Moerani Frébault et Hélène Pollozec, porteront haut les préoccupations de nos compatriotes d’Outre-mer dans cette élection, puis à Strasbourg et Bruxelles.

L’Outre-mer c’est la France et chacun de nos territoires doit pouvoir bénéficier équitablement des outils dont l’Union européenne dispose.

Quelles sont les propositions que porte Valérie Hayer pour les Outre-mer dans cette élection ?

Marie Guévenoux : Depuis 2017, notre ambition est constante : une France forte dans une Europe souveraine. Avec ce projet, nous proposons de garantir la sécurité de l’Union européenne, de développer sa prospérité économique, d’être fer de lance de la transition environnementale et d’en faire un modèle de défense de nos valeurs démocratiques. Par leur positionnement géographique, leur démographie et leur histoire, nos Outre-mer sont aux avant-postes de tous ces enjeux. 

Notre candidate, qui s’est rendue à La Réunion le mois dernier pour faire campagne, le mesure parfaitement et elle a nos Outre-mer au cœur. Plusieurs mesures spécifiques aux Outre-mer figurent d’ailleurs dans son programme.

D’abord, une fois élus, nos députés se battront pour mettre en place un plan pluriannuel d’investissement dans les services publics et les infrastructures clés de chaque territoire, avec des financements européens garantis. C’est absolument fondamental pour répondre aux enjeux de développement de nos outre-mer et aux besoins de nos compatriotes dans ces territoires.

Ensuite, Valérie Hayer propose de renforcer les liens entre nos Outre-mer et les pays voisins dans les domaines de la sécurité, de l’écologie, des sciences et de la formation. Cette coopération est vitale pour relever les défis très spécifiques auxquels nos territoires font face dans leur environnement régional.

Enfin, pour faire face à l’immigration illégale et aux trafics, nous mettrons en place un dispositif de soutien et d’appui spécifique de Frontex. L’Outre-mer c’est la France et chacun de nos territoires doit pouvoir bénéficier équitablement des outils dont l’Union européenne dispose. Cela doit notamment être le cas à Mayotte par exemple, qui fait face à une immigration irrégulière sans pareil.

Sur Mayotte justement, comment avancent les projets de loi ?

Marie Guévenoux : Je rentre justement de mon 4ème déplacement sur l’île depuis ma nomination.

Mayotte fait face à plusieurs crises majeures, une crise démographique et migratoire qui submerge l’île, et une crise de la sécurité qui déstabilise profondément le département.

Face à cette situation, notre objectif est simple : ramener le calme à Mayotte et installer durablement la paix sociale. C’est ce que nous demandent nos compatriotes mahorais. 

Dans cet objectif et conformément à l’engagement du Président de la République, nous déposerons deux projets de loi pour Mayotte. Le premier pour supprimer le droit du sol et le second pour développer Mayotte.

Tous deux seront le résultat d’une concertation approfondie avec les élus du territoire. Le 17 mai, avec une semaine d’avance sur le calendrier initial, le Président de la République présentera les grandes orientations sur les projets de loi aux élus mahorais, qu’il recevra à l’Elysée. 

C’est le signe de l’engagement total du Gouvernement et du Président pour Mayotte.

Et l’opération Mayotte place nette, où en sommes-nous ?

Marie Guévenoux : L’opération donne des résultats très significatifs grâce au travail formidable des policiers, des gendarmes et des militaires qui sont engagés sur place.

L’an dernier, Gérald Darmanin a lancé l’opération Wuambushu qui a permis de lutter très efficacement contre la violence, l’immigration irrégulière et l’habitat illégal.

Pour aller plus loin, nous avons lancé il y a trois semaines une nouvelle opération, Mayotte Place Nette. Cette opération va durer jusqu’à la fin du mois de juin, soit 11 semaines d’opération et mobilise 1700 effectifs des forces de l’ordre.

D’ores et déjà je peux vous annoncer que près de 250 habitations illégales ont été détruites sur un objectif de 1300. 1/5ème du chemin a été fait.

Près de 12 000 contrôles ont également été conduits et près de 225 délinquants ont été interpellés, dont 29 individus qui figurent sur la liste des 60 personnes les plus dangereuses que nous voulons interpeller.

Ce sont des très bons résultats, auxquels je suis particulièrement attentive.