Les trois ministres ont repris le chemin de Paris hier soir après trois jours de voyage officiel bien rempli qui ont mené les ministres de Mamoudzou, à Acoua, à Sada en passant par Dzaoudzi-Labattoir, Mtsapéré et Tsararano sans oublier Combani. Faut-il espérer des changements réels dans la manière dont Mayotte va désormais être vu par Paris ? Notre partenaire France Mayotte Matin fait le bilan de cette visite ministérielle.
De prime abord, on pourrait penser que le message envoyé par les urnes à l'occasion de l’élection présidentielle et des élections législatives a été entendu 5 sur 5 par le président de la République et par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
En effet, pour la première fois depuis longtemps, pas de faux-semblant dans le cadre du voyage officiel où on organise des séquences plus ou moins politiciennes pour faire plaisir aux uns et aux autres. Ce voyage officiel a été organisé pour parler de sécurité, d'immigration et de réussite en matière d'insertion et de formation. En réalité le but était probablement d'envoyer un signal fort à la population autour des deux thèmes qui secouent la société mahoraise depuis plusieurs années.
2022 aura été une année particulièrement violente avec des meurtres incroyables, des scènes de guérilla urbaine qui sont désormais devenues une habitude, des autocars de transport scolaire caillassés presque tous les jours ; bref une situation de chaos à laquelle Gérald Darmanin semble avoir répondu par « je vous ai compris, nous allons agir ». De nombreuses annonces significatives en la matière ont été faites notamment s'agissant du droit du sol, s'agissant de la répression pour les mineurs délinquants, s'agissant aussi des moyens dévolus à la sécurité avec la sédentarisation d'un escadron de 72 hommes de gendarmerie.
Cette fois pas d'allusion à la coopération régionale avec l'Union des Comores, la fermeté a été à l'ordre du jour avec la menace de la suppression des visas pour les comoriens souhaitant se rendre en métropole si la coopération en matière de lutte contre l'immigration clandestine n'est pas plus efficace. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a parlé de sanctions et nouveaux moyens de lutte contre l’immigration clandestine, avec les drones et la base navale.
La Secrétaire d'État chargée de l’Enfance a parlé d'éducation de ceux qui sont là, à condition de couper le robinet de l'immigration clandestine. La gestion depuis Mayotte des demandes d’asile et des accompagnements à la frontière vers les pays des Grands Lacs en oubliant l’Hexagone sont aussi de nature à éviter que des camps de migrants tels que celui qui est installé devant la préfecture ne se ne se dupliquent.
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Ce sont des mesures particulièrement attendues qui nécessitent certes encore que certains textes de loi soient votés. La population mahoraise restera sûrement vigilante après ces annonces de Gérald Darmanin ; car en effet tellement de promesses ont été faites par ses prédécesseurs qui n'ont pas été suivies d'effets que la population a quelquefois du mal à croire la parole exprimée. Reste maintenant à déterminer quand les effets de ces politiques publiques nouvelles seront visibles car mises bout à bout elles pourraient tout de même changer les choses dans notre département.
Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin