Du 23 au 26 juin 2025, les Sables d’Olonne ont accueilli la 13ᵉ Conférence d’Interco’ Outre-mer, rendez-vous annuel du réseau des intercommunalités d’Outre-mer. Un moment fort accueilli par le maire et président de l’Agglomération, Yannick Moreau et ouvert par Lyliane Piquion-Salomé, présidente d’Interco’ Outre-mer, en présence de Thani Mohamed-Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux.
Une 13ᵉ édition qui avait pour titre « Intercommunalité-communes : jouer collectif pour le territoire » et comme fil conducteur une conviction forte : face aux urgences économiques, sociales et climatiques, la coopération entre intercommunalité et communes n’est pas une option, mais une nécessité. Un titre qui reflète aussi une réalité vécue par nombre d’élus : une relation parfois complexe, tantôt source d’innovation, tantôt de tensions. « Pour réussir l’intercommunalité, la relation intercommunalité-communes nécessite clarté dans les rôles, respect des responsabilités, partage de la vision et engagement mutuel dans l’intérêt général » a souligné en ouverture Lyliane Piquion-Salomé.
Des séquences pour interroger, comprendre et proposer
Un riche programme pour cette Conférence annuelle organisée en six séquences structurantes, pensées pour mettre en débat les leviers de transformation des territoires d’Outre-mer. Cette conférence s'est ouverte sur un appel à encourager les élus locaux à être davantage à la manœuvre pour davantage adapter, en usant des dispositions offertes par l’article 73 de la Constitution, les institutions locales aux spécificités et problématiques d’Outre-mer. Un appel à œuvrer activement par et pour l’intérêt général des territoires avec probité et dans un souci constant d’honnêteté.
La première séquence sur la «Contractualisation : sortir de la logique de guichet» a abouti à un constat vite partagé : les relations entre les intercommunalités, l'Etat et les Régions doivent gagner en stabilité et en efficacité. Les participants ont exprimé le besoin d’en finir avec la culture de l’appel à projets, au profit d’une contractualisation co-construite, souple, adaptée, respectueuse des spécificités locales. Une forme de diplomatie de projets, exigeante, inscrite dans le temps long et fondée sur l’évaluation.
Sur le thème «Littoraux : entre solutions techniques et vision politique», les échanges ont mis en évidence la nécessité de combiner des réponses techniques et une vision politique claire face à l'érosion des sols. La recomposition territoriale n’est plus un tabou, mais une anticipation nécessaire. C’est aux élus de la préparer avec lucidité.
La séquence sur les finances locales a mis en lumière un constat partagé : l’évolution des finances publiques impose de nouvelles responsabilités. Être rigoureux sur les dépenses (patrimoine, masse salariale…), créatifs sur les recettes (élargissement des bases fiscales), transparents sur les choix. Un sujet prioritaire que la présidente d’Interco’ Outre-mer a proposé d’inscrire au cœur du programme d’activités de l’association en 2026.
Sur le sujet du « Développement économique. Des stratégies à affirmer » où, avec des responsabilités dans l’animation des tissus économiques locaux et dans l’accueil physique des entreprises, les intercommunalités ont un rôle de premier plan à jouer. Les stratégies de développement doivent être claires, le territoire offrir un climat social apaisé, la commande publique être plus vertueuse dans son soutien à l’économie locale, la jeunesse être mobilisée et sensibilisée au goût d’entreprendre... Donner envie de s’engager sur les territoires d’Outre-mer, voilà l’impératif d’avenir.
A propos de la séquence « Gouvernance : repenser les modes d’élection», les élus ont échangé sur la place de l’intercommunalité dans les campagnes et projets de mandat se devait d’être au programme de cette Conférence, à l’approche d’échéances électorales. Des échanges politiques comme juridiques sur les modalités de désignation des exécutifs intercommunaux, sur le lien entre le citoyen-électeur et son intercommunalité, sur la lisibilité démocratique de l’organisation institutionnelle locale.
Enfin, un temps de partage libre a été dédié à la gestion des crises. Les réalités vécues sur le terrain (récents cyclones à Mayotte comme à La Réunion…) ont largement alimenté, dans le diagnostic comme dans les propositions d’évolutions, les fragilités et les forces de résilience des collectivités dans la gestion de crise.
Sur le champ de l’adaptation des territoires au dérèglement climatique, un focus fut consacré au projet "Territoire de demain – AMI +4", porté par la communauté de Tehereamanu, emblématique d’une démarche locale ambitieuse, partenariale et ancrée dans le réel identitaire.
Une conférence utile, vivante, exigeante
En clôture, la présidente Lyliane Piquion-Salomé a exprimé toute sa satisfaction quant à la richesse des échanges et de la densité des propositions formulées « Je ne doute pas, et beaucoup me l’ont dit, que ce que nous avons vécu ici ces trois jours dépasse le cadre d’une conférence. C’est une étape de plus vers une parole ultramarine plus audible, une action publique plus adaptée, et des territoires plus unis. »
Les conclusions de cette 13ᵉ édition seront partagées avec l’ensemble des adhérents dans les prochaines semaines. « Les travaux menés durant cette Conférence nourriront les orientations 2025-2026 d’Interco’ Outre-mer, avec un accent renforcé sur les finances locales, la gestion de crise, l’ingénierie du projet de territoire et la consolidation des relations interinstitutionnelles.», a souligné Interco'Outre-mer.
Le rendez-vous est pris en 2026 en Guyane, pour poursuivre ce travail collectif, renforcer les coopérations interterritoriales et continuer à porter haut la voix des Outre-mer au cœur des politiques publiques.