« Portraits de Martinique » : Quand Benoît Saudeau interrogeait Luc Laventure

« Portraits de Martinique » : Quand Benoît Saudeau interrogeait Luc Laventure

Luc Laventure et Benoît Saudeau ont été des piliers des chaînes publiques de RFO devenues le réseau Outre-mer La 1ère. Amis et compagnons de route, Benoît Saudeau a un temps mis la main à pâte lors du lancement du site Outremers360, cofondé par Luc Laventure. C’est donc tout naturellement que l’ancien directeur régional Benoît Saudeau nous a transmis une interview de Luc Laventure, qu’il avait lui-même réalisée il y a quelques années pour la Revue de Martinique.

Benoît Saudeau : Définissez-vous, en quelques mots… 

Luc Laventure : Je me suis toujours protégé de tout enfermement. Qu’il soit géographique, mental, culturel ou politique. Me définir, sauf comme « indéfinissable » - ce qui me rangerait parmi les présomptueux infréquentables - m’est donc difficile. Disons que je suis debout et libre. Le journaliste se nourrit des richesses insoupçonnées de l’air du temps, l’homme de l’observation attentive de ses semblables et le Martiniquais du précieux second degré dont son pays natal lui a fait cadeau.

Petit, vous rêviez d’être…

Prêtre. Depuis toujours, les questionnements essentiels me font avancer. Ils sont souvent d’essence religieuse. Pas dogmatique. Sur le chemin d’un rendez-vous, même en retard, je m’arrête souvent quelques instants dans l’église croisée au hasard. Reporter aussi, le seul métier qui fasse du regard son premier outil et de l’écriture une belle exigence pour ne rien oublier.

Ce que vous auriez aimé changer dans votre vie…

Rien. Quels que soient l’endroit où je vis, la place occupée dans la société, les responsabilités assumées, les circonstances auxquelles ma vie professionnelle m’a confronté, les tempêtes - pas toutes tropicales - assorties de rares moments de sérénité, j’ai toujours eu la certitude de simplement écrire les chapitres de mon histoire. Aux rétroviseurs je préfère les longues vues et aux regrets la conviction profonde que tout s’inscrit dans la durée.

Votre plus beau souvenir…

Ce que j’appelle mon autre monde, celui du Pacifique. Les codes mystérieux qui organisent les tribus mélanésiennes, les silences qui précèdent les coutumes et le salut des Vieux à l’hôte venu de l’autre côté de la mer. A moi qui ai cultivé l’altérité pendant toute ma vie, le Pacifique offre une troisième mémoire.

Pour vous, la Martinique représente…

Une mangrove. Un désordre nécessaire. Un bouillon de cultures. Un petit bout de terre, mais tout un monde. Ses habitants qui cultivent l’endémisme autant que la crainte de s’y voir enfermés. Les vapeurs - même imaginaires - de la Montagne qui se confondent avec les nuages au-dessus de St Pierre. Le long ressac sur la côte au vent. Les platiers à l’écosystème fragile, mais qui se régénèrent à chaque marée. Tout ce qui est profondément martiniquais, mais qui renvoie en fait à l’universel.

Propos recueillis par Benoît Saudeau

Note de la rédaction : une soirée hommage sera rendue à Luc Laventure ce mardi 15 mars à partir de 19h, à la Salle Olympe de Gouges à Paris (15 rue Merlin, 75011). Elle est à l’initiative du Consortium composé de l'Académie de l’Art Culinaire du Monde Créole, de l'Association Passerelle Des Territoires et de l'Observatoire National des Originaires d’Outre-Mer, et en présence de sa famille et de ses proches. Ses obsèques se tiendront en l'Église de Saint-Ambroise à Paris (11ème arrondissement), ce mercredi à 10h30.

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