Le 14 septembre 2013, Dominique Martin Ferrari et Luc Laventure donnaient naissance au Think Tank « L’outre-mer en métamorphose ». Luc, qui par ailleurs organisait le projet multimédia Outremers360, en devint le Président. Poste qu’il occupait sans relâche malgré ses nombreuses autres responsabilités. Dominique Martin Ferrari, journaliste et directrice de Métamorphoses Outremers, lui rend hommage.
Cette naissance intervenait après un an et demi de réflexions. Bien sûr, le combat majeur de Luc était celui de l’information. Mais nous partagions l’analyse selon laquelle l’Hexagone connaissait trop mal l’Outre-mer. Je venais de produire en tant que journaliste spécialisée en Développement durable le magazine « Éclats de Planète » pour France Ô sous sa direction, puisqu’il était alors directeur des programmes. Ces réalisations nous avaient permis de mesurer à quel point certaines situations pouvaient être mieux prises en compte. Ainsi naissait Métamorphose Outremers.
Un Think Tank ayant pour objet la promotion des Outre-mer, la visibilité des populations ultramarines. Elle devait mobiliser toutes les ressources disponibles pour promouvoir un Outre-mer en pointe dans les domaines de l’innovation, de la recherche, de la dynamique entrepreneuriale, de ses richesses environnementales.
Entre sa naissance et aujourd’hui, notre Think Tank s’est d’abord félicité du choix de son nom : ne sommes-nous pas face à un monde en pleine transformation et les territoires ultramarins n’y échappent pas. Demain ils vont être au cœur des nouvelles stratégies indopacifiques, la montée des océans les concerne, certains vont même disparaître. Il faudra veiller au financement de leur adaptation aux effets du réchauffement climatique…
Nous avons construit des liens avec de nombreuses associations et fidèles à nos statuts avons créé cet espace de réflexion et d’échanges, entretenu un large réseau d’experts et scientifiques souvent multidisciplinaires, produit une revue thématique « l’Outremer en métamorphose » reprenant les témoignages croisés issus des colloques, des publications, des événements politiques internationaux.
Ainsi, nous avons travaillé sur l’habitat dispersé, la biodiversité et les filières agricoles, le désenclavement des îles et l’importance de l’océan, l’énergie et plus récemment le droit à l’eau potable dont les actes seront publiés dans quelques mois. Le décès de Luc ayant quelque peu freiné notre action en lien avec le forum de Dakar, nous gardons en mémoire la défense du Plan Eau DOM.
Me laissant œuvrer sur les terrains du développement durable, chantier que nous avions ouvert ensemble à Rio en 1992 et dont nous fêterons, cette année, trente ans d’histoire, Luc se penchait ces derniers jours sur la création du volet culturel qui lui a toujours tenu à cœur. Il envisageait la création d’une Académie de l’Outre-mer dispensant des formations au journalisme et à l’audiovisuel mais aussi aux métiers des arts.
Nous partagions Deleuze, Glissant, Michel Serres… Il m’avait initié aux cultures antillaises et polynésiennes, à Chamoiseau et à Césaire. Nous avions des désaccords : il croyait au retour du nucléaire, doutait du multilatéralisme… Il a conduit de grandes réalisations : Noires mémoires, Les noirs dans la République, Panthéon des mémoires noires, Les trois lunes du Ramadan… Luc se flattait d’agir localement mais de penser globalement.
J’espère pouvoir continuer dans la douleur de son absence.
D Martin Ferrari
Note de la rédaction : une semaine après la disparition soudaine de Luc Laventure, une soirée hommage lui sera rendu le 15 mars à partir de 19h, à la Salle Olympe de Gouges à Paris (15 rue Merlin, 75011). Elle est à l’initiative du Consortium composé de l'Académie de l’Art Culinaire du Monde Créole, de l'Association Passerelle Des Territoires et de l'Observatoire National des Originaires d’Outre-Mer, et en présence de sa famille et de ses proches.
