Mondial du Rhum 2025  : Les collectivités locales, nouvelles parties prenantes dans l'écosystème du rhum

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Mondial du Rhum 2025  : Les collectivités locales, nouvelles parties prenantes dans l'écosystème du rhum

Au coeur de la capitale parisienne, les acteurs de la sphère rhum sont tous rassemblés à l'occasion de la seconde édition du Mondial du Rhum. Si les acteurs classiques comme les planteurs, les distilleries, les rhumeries représentent une grande part de cet écosystème de ce spiritueux, de nouveaux venus tentent d'intégrer cet écosystème. C'est le cas notamment de la collectivité départementale de Guadeloupe et de la communauté d'agglomération du Riviera du Levant, qui placent le spiritourisme au coeur de développement économique de leurs territoires respectifs. 


Le Mondial du Rhum réunit pour la deuxième fois consécutive les acteurs phares des territoires ultramarins (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Polynésie française) autour du rhum et de son écosystème. Dans l'univers de ce spiritueux où l'on trouve généralement les traditionnels producteurs, distributeurs, distillateurs ou usiniers, de nouveaux acteurs émergent ces dernières années. « Le Mondial du Rhum est l'occasion de mettre en avant ceux qui ont fait la richesse depuis des siècles des territoires ultramarins, à travers la culture de la canne. C'est leur mondial avant tout. Aujourd'hui, les choses ont changé, les relations sont devenues contractuelles. Pour preuve, les conventions dites conventions cannes signées en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion.La dernière version 2023-2028 qui étaient des conventions entre des partenaires économiques et l'Etat, ont été élargies aux collectivités majeures. Autrement dit, les populations de ces régions prennent en main leurs destins», souligne ainsi le planteur de cannes en Guadeloupe. 

Pour cette seconde édition, la Guadeloupe est largement représentée avec une dizaine d'exposants venant du territoire. Parmi ces exposants, on retrouve deux acteurs assez singuliers dans l'écosystème du rhum. Il s'agit du Département de la Guadeloupe et La Riviera du Levant, deux collectivités locales. Toutes deux nourrissent l'ambition de devenir des acteurs du rhum. Pour cela, elles misent sur le développement du spiritourisme.

Le Président de la communauté d'agglomération de la Riviera (CARL) du Levant Loïc Tonton, entend se positionner comme un fer de lance de cette nouvelle activité économique. « Il faut que nos acteurs, nos artisans (producteurs, distilleries et rhumeries) doivent prendre conscience qu'ils ont de l'or entre les mains comme on peut le voir avec l'oenotourisme. Par exemple, Paris fait de l'oenotourisme mais elle n'est pas pour autant productrice de vin. La CARL n'a pas de distillerie sur son territoire mais le spiritourisme n'est pas seulement la distillerie ou la production mais c'est aussi nos hôtels, nos restaurants nos gîteurs. Tout ce monde a une place à prendre au niveau du spiritourisme.» 

Selon Loic Tonton, il faut pouvoir proposer une nouvelle image du rhum. L’agglomération qui regroupe des communes balnéaires et touristiques du Gosier, de Sainte-Anne, Saint-François et La Désirade, le spiritourisme est une opportunité économique qui fait sens. «Il est important de pouvoir diversifier, pouvoir évoluer et ramener un autre standing, un autre public afin d'impacter beaucoup d'acteurs économiques au sein de la CARL. Nous savons que nous ne pouvons vendre que des belles plages ou que des restaurants. Je pense que nous n'avons pas encore pris suffisamment conscience de l'importance du patrimoine que peut représenter le rhum. Le rhum est encore trop perçu comme un élixir, un produit destiné uniquement à être consommé, or il y a une histoire derrière cela, l'histoire de la Guadeloupe. Tout cela, nous devons savoir le vendre. C'est la possibilité à notre jeunesse de pouvoir connaître un autre monde. C'est un milieu qui peut nous offrir beaucoup et vecteurs d'emplois. Nous devons puiser dans nos ressources et le rhum en fait partie»

Faire de la Guadeloupe un « laboratoire »

Capitaliser sur le rhum et son patrimoine, c'est aussi la volonté du Département de la Guadeloupe. Propriétaire d'un riche patrimoine lié au rhum avec les habitations sucrières et rhumières ou encore les moulins, le Département mise désormais sur ce trésor matériel et immatériel. . « Le rhum est pour nous un héritage qui célèbre notre savoir-faire, nos paysages, nos traditions mais aussi nos souffrances. C'est le fil conducteur de notre histoire qui parlent des habitations sucrières, des distilleries et aussi des champs de canne.(...) Nous avons cette ambition claire de faire du spiritourisme, un véritable laboratoire pour développer un écosystème alliant plusieurs acteurs : planteurs, distilleries, restaurants, hôtels. L'objectif est de constituer une véritable stratégie territoriale alliant le passé et le futur », précise Guy Losbar, président du Département de la Guadeloupe.  

Pour atteindre cet objectif, le président du Département de la Guadeloupe insiste sur la nécessité de converger vers une souveraineté alimentaire. « Cela signifie de reconsidérer la production agricole en accordant une place particulière au rhum. C'est la canne qui permet la production du rhum : il faut qu'il puisse avoir une production cannière en quantité et en qualité pour assurer cette production, d'autant plus que le rhum a une renommée et est en concurrence avec d'autres boissons. (...).

Le président de la collectivité départementale assure aussi vouloir « conjuguer ce patrimoine agricole (les infrastructures historiques) et les traditions culturelles ». « Notre territoire a de nombreuses richesses et nous voulons que cela soit reconnu un peu à l'instar du gwo ka qui a été reconnu au patrimoine mondial de l'Humanité.»