Manuel Valls met en garde contre une dissolution qui « hypothéquerait l'avenir » de la Nouvelle-Calédonie

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Manuel Valls met en garde contre une dissolution qui « hypothéquerait l'avenir » de la Nouvelle-Calédonie

Manuel Valls a mis en garde mercredi contre une dissolution de l'Assemblée nationale qui pourrait « hypothéquer l'avenir de la Nouvelle-Calédonie » en remettant en cause l'accord de Bougival signé en juillet, au risque de « replonger dans le chaos et la violence ». Il réclame plus globalement une « stabilité » pour les Outre-mer, citant Mayotte, les Antilles et La Réunion.

« Provoquer une dissolution, ce serait d'abord hypothéquer l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, érigée désormais en priorité par le premier ministre et les présidents des assemblées », écrit le ministre des Outre-mer démissionnaire dans une tribune publiée par Le Figaro.

Évoquant l'importance de l'accord de Bougival signé le 12 juillet entre l'État, les non-indépendantistes et les indépendantistes (le FLNKS s'en est depuis retiré), « porteur de stabilité », Manuel Valls rappelle que le texte doit désormais être traduit juridiquement.

« Il faut maintenant que le Parlement se saisisse d'une proposition de loi organique pour reporter les élections provinciales, et d'un projet de loi constitutionnelle. La dissolution empêcherait d'avancer, voire conduirait à remettre en cause l'accord », écrit le ministre. « Le risque que la Nouvelle‑Calédonie replonge dans le chaos et la violence serait alors immense », prévient-il.

Sébastien Lecornu a fait de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie une des « deux urgences » des négociations du socle commun de la droite et du centre. Priorité qu'il a rappelée mercredi matin dans sa déclaration depuis Matignon, rappelant que « des textes importants sont à prendre dans les jours qui viendront » et faisant part de sa « préoccupation majeure » face au blocage parlementaire. 

Un « texte contesté »

L’urgence autour de la Nouvelle-Calédonie tient à la proposition de loi organique visant à reporter les élections provinciales, condition jugée indispensable à la mise en œuvre de l’accord de Bougival signé en juillet entre les non-indépendantistes, l’État et les indépendantistes, sauf le FLNKS qui s’est depuis retiré et qui demande, lui, la tenue du scrutin d’ici le 30 novembre. 

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Le texte devait être examiné fin septembre au Sénat, mais son examen a été repoussé faute de gouvernement. Il devait être de nouveau examiné au Sénat mercredi soir en séance publique, selon plusieurs sources parlementaires. La loi doit être promulguée avant le 2 novembre, soit quatre semaines avant le scrutin prévu au plus tard le 30 novembre. À défaut, les électeurs calédoniens seraient automatiquement convoqués pour renouveler les assemblées provinciales, ce qui compromettrait l’application de l’accord déjà fragilisé.

Mardi soir, les deux parlementaires calédoniens indépendantistes, le député Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie, se sont opposés à cette urgence. « L'avenir de notre pays ne peut être engagé sur la base d'un texte contesté, fondé sur un accord non partagé et juridiquement incertain », ont-ils dit dans un communiqué, jugeant « dangereux que la Nouvelle-Calédonie devienne l'otage de calculs politiques ou de décisions hâtives ».

Mayotte, les Antilles, La Réunion, la vie chère

Plus largement, Manuel Valls a estimé que la dissolution « empêcherait de mener à terme tous les chantiers engagés pour les 2,8 millions de nos compatriotes ultramarins ». Il a cité Mayotte, « frappée de plein fouet par le cyclone Chido », où deux lois ont été adoptées et « près de quatre milliards d'euros de crédits sur six ans » programmés.

Sans budget, « la dissolution (...) pourrait empêcher de traduire ces engagements dans les faits », souligne-t-il. Il cite aussi la lutte contre la vie chère et le narcotrafic, « qui gangrène particulièrement les Antilles, la Guyane, mais aussi de plus en plus La Réunion ». Le ministre d’État devait également, à la rentrée parlementaire, défendre son projet de loi de lutte contre la vie chère, présenté cet été en Conseil des ministres.

Un « accord » avec les socialistes

Plus tôt ce mercredi matin, Manuel Valls a plaidé pour « un accord entre les forces du socle commun et les socialistes ». Invité sur France 2, il a exhorté les partis politiques à « trouver les voies d'un accord » car « le coût d'un non-accord, d'un non-budget » sera « bien supérieur » à celui d'un compromis.

« Il y a une forme d'attraction morbide vers le vide », s'est alarmé l'ex-Premier ministre de François Hollande, « comme si, tous les jours, il fallait franchir une marche supplémentaire pour détruire les institutions de la Ve République, et d'une certaine façon, la République et la démocratie ». Il déplore une « forme de suicide collectif » dans un « monde en ébullition », traversé par « une guerre en Ukraine, des tensions commerciales avec les États-Unis, et une vague antisémite qui s'est abattue sur la France » en raison du conflit à Gaza.

Pour s'en sortir, selon lui, « il faut trouver un accord entre les forces du socle commun et les socialistes ». « Une dissolution qui conduirait à un blocage supplémentaire de notre pays, ou une victoire du RN, serait un désastre », a-t-il martelé. « Nous avons besoin de cette stabilité » pour les Outre-mer.

 Avec AFP