Le Premier ministre démissionnaire poursuit ses consultations ce mercredi avec la « gauche républicaine », tout en éloignant « les perspectives de dissolution » de l’Assemblée nationale. Outre le budget, le déficit et la situation internationale, Sébastien Lecornu insiste : « La Nouvelle-Calédonie (…) est un sujet de préoccupation majeure ».
« La Nouvelle-Calédonie, qui peut paraître loin de l'hexagone, mais sur laquelle, des textes à prendre sont importants dans les jours qui viendront » a réaffirmé le Premier ministre ce mercredi matin, avant de reprendre ses consultations avec le Parti socialiste, le Parti communiste et EELV. « Malheureusement, la situation politique nous empêche de débuter les débats et l'adoption éventuelle de ces textes par l'Assemblée nationale et le Sénat. C'est un sujet de préoccupation majeure ».
L’urgence autour de la Nouvelle-Calédonie tient à la proposition de loi organique visant à reporter les élections provinciales, condition jugée indispensable à la mise en œuvre de l’accord de Bougival signé en juillet entre les non-indépendantistes, l’État et les indépendantistes, sauf le FLNKS qui s’est depuis retiré et qui demande, lui, la tenue du scrutin d’ici le 30 novembre.
Le texte devait être examiné fin septembre au Sénat, mais son examen a été repoussé faute de gouvernement. Il devait être de nouveau examiné au Sénat mercredi soir en séance publique, selon plusieurs sources parlementaires. Mais le temps presse : la loi doit être promulguée avant le 2 novembre, soit quatre semaines avant le scrutin prévu au plus tard le 30 novembre. À défaut, les électeurs calédoniens seraient automatiquement convoqués pour renouveler les assemblées provinciales, ce qui compromettrait l’application de l’accord déjà fragilisé.
Mardi, le chef du gouvernement, qui avait démissionné lundi « suite à un certain nombre de problèmes partisans », a réuni pendant près de deux heures trois partis de la fragile coalition gouvernementale sortante : Édouard Philippe (Horizons), Gabriel Attal (Renaissance), et Marc Fesneau (MoDem), avec les présidents des deux chambres, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet.
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Manquait toutefois le patron du parti LR Bruno Retailleau, qui a menacé dimanche de quitter le gouvernement en raison notamment de la présence de l’ex-ministre de l’Économie Bruno Le Maire dans la nouvelle équipe. Ce dernier a annoncé ensuite qu’il renonçait à y participer. Bruno Retailleau a, lui, rencontré Sébastien Lecornu plus tard ce mardi, séparément de Laurent Wauquiez, chef des députés LR, qui s’est entretenu avec le Premier ministre démissionnaire juste avant. Signe d’une fracture au sein même du parti LR.
« Un mouvement et une convergence qui éloignent les perspectives de dissolution »
Ce mercredi matin, Sébastien Lecornu a fait part de « bonnes nouvelles », notamment « une volonté », parmi les formations du « socle commun » rencontrée mardi, « d'avoir pour la France un budget avant le 31 décembre de cette année » parmi ses interlocuteurs. « Cette volonté crée un mouvement et une convergence qui éloignent les perspectives de dissolution » a-t-il assuré, soulignant « les conséquences économiques, sociales, y compris en matière d'emploi » de la situation politique actuelle.
« Cette volonté d'avoir un budget avant le 31 décembre de cette année oblige chacun à avoir capacité à avancer et aussi d'ailleurs pour permettre aux Françaises et aux Français d'avoir des élections municipales qui se tiennent dans les meilleures conditions » a martelé le chef du gouvernement qui cite aussi la réduction du déficit et la situation politique internationale.
Ce mercredi, Sébastien Lecornu reçoit le Parti socialiste, le Parti communiste et EELV, « pour voir quelles sont les concessions » que la gauche « demande aux autres formations politiques pour garantir la stabilité, et quelles sont les concessions qu'elle est prête à faire le cas échéant pour permettre cette stabilité ». « J'ai cru comprendre qu'elle souhaitait aussi que la France puisse se doter d'un budget avant la fin de cette année » a-t-il estimé.
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Une « gauche républicaine » dit Sébastien Lecornu, or LFI, avec laquelle il espère une convergence. La veille, l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, qui a porté la très contestée réforme des retraites, s’est dite ouverte à sa suspension, suscitant les divisions au sein de son propre camp.
« Ce soir, je me rendrai à l'Élysée pour présenter au président de la République les solutions qui sont sur la table, si nous arrivons à trouver des solutions » a aussi dit Sébastien Lecornu, qui espère que « ce moment de difficulté, de crise, crée aussi un moment de responsabilité ».