INTERVIEW. Ces femmes qui assurent les services essentiels en temps de pandémie : Jocelyne Napol, responsable paie à la Guyanaise des Eaux

INTERVIEW. Ces femmes qui assurent les services essentiels en temps de pandémie : Jocelyne Napol, responsable paie à la Guyanaise des Eaux

À l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes du 8 mars, Suez Outre-mer et Outremers360 vous font découvrir, tout au long de la semaine, les interview-portraits de sept femmes ultramarines qui ont assuré les services essentiels durant l’épidémie de Covid-19. Aujourd’hui, direction la Guyane avec Jocelyne Napol, responsable paie à la Guyanaise de Eaux.

Quel est votre parcours ?

Avant 1974 j’étais Guide de France, puis de 1974 à 1978 j’exerçais en qualité d’employée de comptabilité dans un grand groupe d’assurance en métropole. J’ai intégré la Société Guyanaise des Eaux (SGDE) en décembre 1978 au service comptabilité/paie. Puis comme « renfort » au service clientèle. 

Finalement, j’y suis restée quelques années (contrôle factures, travaux et contentieux). J’ai réintégré le service comptabilité/paie vers 1981 et en 1996 je l’ai quitté pour le service paie qui devenait indépendant avec l’afflux de nouveaux collaborateurs.

Ce n’est pas mon métier qui a favorisé mon retour vers les outre-mer, mais ma vie personnelle en suivant mon époux en Guyane en octobre 1978. La Guyane est mon département de prédilection, avant l’île de la Guadeloupe et avant l’île de la Martinique dont je suis pourtant originaire.

Qu’est-ce qui vous motive dans votre métier ?

Je suis responsable de la paie et à ce titre j’effectue la production des salaires de l’ensemble des salariés de la SGDE. J’ai un parcours de comptable que j’ai exercé à la SGDE de 1978 à 1988. Sur proposition de mon directeur administratif et financier, je me suis orientée davantage sur le social et la prise en main de la globalité de la paie. Dans ce métier, il n’y a pas de copier/coller.  Tous les jours, je découvre, j’apprends, en un mot je n’ai pas le temps de m’ennuyer.

Comment le covid-19 a-t-il impacté votre vie professionnelle ?

En qualité de responsable du service paie, j’ai accompagné et travaillé avec la direction sur les axes liés à la gestion de la paie, notamment sur le dispositif gouvernemental des gardes-enfants. Mettre en place des procédures rapidement et faire des contrôles réguliers en créant de nouveaux paramètres sur notre logiciel comme, le repli, le repli alterné, les gardes-enfants, le télétravail etc. Être en contact permanent avec la Sécurité Sociale, l’ARS pour maîtriser les procédures qui changeaient régulièrement. 

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Comme nous étions en confinement de mars à juillet 2020, sans nous en rendre compte, finalement, les journées étaient très longues, plus longues et épuisantes que lorsque nous sommes là en présentiel car nous étions connectées presque non-stop entre les réunions par téléphone, les Visio via TEAMS, les e-mails à traiter, je me devais d’être réactive et à l’écoute. 

L’impact est lié principalement aux dispositifs gouvernementaux qui évoluent et il nous faut nous adapter, réajuster quand c’est nécessaire. La crise étant toujours présente, certaines procédures ont été modifiées au fil de l’eau. On se doit d’être au fait de l’actualité sociale continuellement.

Les femmes apportent-elles des qualités, des perspectives différentes ?

Certainement. On dit toujours qu’une femme est dure en affaires même si certains hommes peuvent l’être aussi mais je reste persuadée que la femme est plus perfectionniste, qu’elle va au fond des choses, pour atteindre la perfection. La femme créole a reçu de par son éducation, cette valeur du « parfait ».

Vous êtes attachée à votre île, quel serait votre message aux femmes d’outre-mer ?

Je ne connaissais pas la Guyane, je l’ai découverte au fil de temps. Je suis née, j’ai grandi en Martinique jusqu’à 21 ans, d’où je suis partie faire mes études en métropole. J’y ai vécu 6 ans avant de découvrir la Guyane en 1978. J’ai eu mes enfants et depuis 42 ans je vis en Guyane. On peut dire que j’ai construit ma vie d’adulte en Guyane. Il faut oser et ne pas avoir peur de découvrir et de vivre un peu d’aventure. C’est ce qui nous affirme dans notre personnalité. Sortir de sa zone de confort afin de s’épanouir pleinement personnellement et professionnellement.

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