INTERVIEW. Ces femmes qui assurent les services essentiels en temps de pandémie : Rosaline Bredent, responsable d’agence Karuker’ô

INTERVIEW. Ces femmes qui assurent les services essentiels en temps de pandémie : Rosaline Bredent, responsable d’agence Karuker’ô

À l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, ce 8 mars, Suez Outre-mer et Outremers360 vous font découvrir les interview-portraits de sept femmes ultramarines qui ont assuré les services essentiels durant l’épidémie de Covid-19. Après une première rencontre avec Alizée Nielly, Directrice administrative et financière de la Calédonienne des Eaux, découvrez l’interview de Rosaline Bredent, responsable d’agence Karuker’ô – Eaux de Guadeloupe. 

Quel est votre parcours ?

Après une scolarité menée en Guadeloupe jusqu’au baccalauréat, et un crochet par Marseille en prépa, j’ai étudié l’agronomie à l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse. Devenue Ingénieur Agronome spécialisée en Environnement et Aménagement des Territoires, j’ai poursuivi mon parcours dans le sud-ouest et en Picardie en bureau d’étude spécialisé dans l’irrigation des cultures tels que le maïs et la betterave.

Le retour au pays a toujours été un objectif et une évidence : mettre mon énergie au service de mon île que j’affectionne particulièrement. Ce retour s’est opéré en 2004 sur un poste d’ingénieur agronome au sein d’un groupement de producteurs puis au sein de la Cellule Irrigation à la Chambre d’Agriculture de Guadeloupe. Ces expériences enrichissantes m’ont permis de m’orienter graduellement vers mon poste actuel.

Fin 2011, je suis recrutée en tant que responsable d’agence Guadeloupe par la Nantaise Des Eaux Services. En 2015, Nantaise Des Eaux Services est rachetée par le groupe  SUEZ Eau France. Le Groupe crée en 2018 une filiale dédiée en Guadeloupe : KARUKER’Ô où j’ai gardé les mêmes fonctions.

Qu’est-ce qui vous motive dans votre métier ?

Depuis neuf ans, j’occupe le poste de responsable d’agence, métier qui touche aux domaines les plus variés : management et ressources humaines, techniques d’exploitation des réseaux d’eau brute et d’assainissement, respect des obligations contractuelles, gestion comptable, finances et budgets.

Je suis entourée de collaborateurs professionnels, impliqués et bienveillants qui m’ont beaucoup apporté professionnellement et personnellement. Aussi, je veille à toujours être à l’écoute de leurs préconisations. La diversité dans les tâches et les échanges quotidiens avec les équipes techniques et administratives est passionnante et motivante. Les journées sont toujours différentes, bien remplies et pleines d’enseignements. Je ne sais toujours pas si j’ai choisi ce métier ou si c’est mon parcours de vie qui m’a emmenée jusque-là, en tous cas, je le réalise avec plaisir.

Comment le covid-19 a-t-il impacté votre vie professionnelle ?

En 2020, une sécheresse exceptionnelle a touché la Guadeloupe concomitamment à la mise en place du confinement. Mon rôle était de créer et mettre à jour les plans de continuité d’activité afin de limiter le risque de propagation du virus au sein des équipes, tout en mettant en  œuvre de nouveaux modèles d’exploitation du réseau pour gérer la crise sécheresse.

Il a fallu déployer de nouvelles méthodes de management et de nouveaux outils de gestion des réseaux à distance, apprendre à faire différemment afin de ne pas passer à côté des choses importantes. J’avais pleinement confiance en les équipes sur le terrain et tout s’est bien passé. La circulation d’information avec les collaborateurs a été démultipliée et adaptée à la situation. La surcharge de travail a été nettement ressentie, mais malgré ces contraintes les résultats sont clairement positifs.

L’impact du confinement a été principalement économique dans les Outre-mer. Cependant, les femmes ont dû jongler entre le travail et la vie de famille, tout en assurant l’instruction des enfants. Une nouvelle organisation a dû être trouvée par chacune d’entre nous. Le grand écart à réaliser pour les femmes a été particulièrement éprouvant pour les corps et les esprits. Heureusement, la qualité de vie en outre-mer et en Guadeloupe est très agréable, et j’ai la chance de pouvoir compter sur un socle familial présent.

Ce confinement m’a permis de tester ma première expérience de télétravail de longue durée et a mis en lumière les limites d’un travail à la maison où on peut ne jamais déconnecter. Je continue le télétravail avec parcimonie en essayant de maintenir un juste équilibre entre mon travail et ma vie de famille.

Les femmes apportent-elles des qualités, des perspectives différentes ?

Les femmes ultramarines réussissent à allier vision globale des situations et prise en compte du contexte culturel et historique. Leur savoir-faire technique n’est pas en reste et le mélange donne de très bons résultats. La mixité permet de garder un équilibre sain et les femmes amènent la rondeur et la stabilité nécessaires à la construction d’une équipe forte.

Vous êtes attachée à votre île, quel serait votre message aux femmes d’Outre-mer ?

Mon attachement à la Guadeloupe, aux autres îles ou à la Guyane, est viscéral et mes racines sont ici. Sur des territoires parfois de très petite taille, isolés naturellement et/ou structurellement, sujets fréquemment aux catastrophes naturelles ou autres, la résilience, l’innovation et la capacité que nous avons à trouver des solutions, à rebâtir, est fascinante et impressionnante. Je suis fière d’être Guadeloupéenne, fière d’être des Outre-mer.

L’expression « Des mains de fer dans des gants de velours »  est appropriée pour caractériser les femmes d’Outre-mer qui par leur force souriante ont la culture d’être multitâches dans le cadre professionnel et personnel. L’entraide et le respect mutuel sont les clés permettant aux femmes ultramarines de gagner en sérénité au quotidien.

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