Ce lundi après-midi, Emmanuel Macron s'est rendu à Camopi, dans l'est guyanais, sur la base militaire des Forces armées en Guyane qui luttent contre l'orpaillage illégal au sein du Parc amazonien de Guyane. Pour réduire la présence d'orpailleurs clandestins sur le territoire, il a notamment évoqué une « approche opérationnelle améliorée » pour lutter contre l’orpaillage illégal dans le cadre de l’opération « Harpie », appelé à une stratégie transfrontalière renforcée avec le Brésil et le Suriname. Le chef de l'Etat s'est montré favorable une installation d’une filière « d’orpaillage légal » en Guyane « dans certains endroits ».
Après une séquence consacrée à la souveraineté alimentaire avec une visite au marché aux poissons à Cayenne, puis une visite d'une exploitation agricole à Matoury, Emmanuel Macron s'est envolé en milieu de journée vers la commune de l'intérieur guyanais, Camopi.
Ce village, situé au coeur du Parc Amazonien Guyanais est concerné par deux enjeux majeurs : la biodiversité avec la préservation de la forêt amazonienne et la lutte contre l'orpaillage clandestin. Au cours de ce déplacement dans cette commune isolée de Camopi, le chef de l'Etat s'est rendu sur la base opérationnelle avancée des Forces Armées en Guyane, pour échanger avec les militaires et gendarmes de l’opération Harpie, qui luttent contre l’orpaillage illégal. L'occasion pour Emmanuel Macron de rendre hommage à l'adjudant-chef Barcarel décédé en mai dernier lors d'un accident de pirogue dans le cadre d'une opération de lutte contre l'orpaillage illégal. « Un homme du pays qui a tant contribué à la lutte contre l'orpaillage illégal et à toutes ses activités» a déclaré le chef de l'Etat avant de poursuivre « la lutte contre l'orpaillage illégal que nous menons est essentielle mais aussi difficile, dangereuse».
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« Aller plus loin dans la lutte contre l'orpaillage illégal »
Emmanuel Macron a notamment évoqué le bilan du dispositif Harpie, lancé pour la première fois en 2008 et qui mobilise 150 gendarmes et 330 militaires des Forces Armées en Guyane (FAG). « Ces dernières années ont montré le début de l'efficacité de cette mission. On a réussi à commencer à réduire les volumes d'or, extraite par l'orpaillage illégal.C’était en moyenne 10 tonnes par an ces dernières années, on a réussi à diminuer à 7 tonnes, et les chiffres provisoires de 2023 indiquent encore une baisse à 5 tonnes », a-t-il précisé.
Toutefois, il a plaidé pour une « consolidation de ces résultats en proposant une approche opérationnelle améliorée». «Je souhaite qu'on puisse bâtir d'ici à 3 mois une nouvelle génération qui doit se construire sur les bons résultats qu'on a eu ces deux dernières années. On doit aller plus loin dans la lutte contre l'orpaillage illégal » tout en reconnaissant que l'orpaillage illégal constitue «une catastrophe sur le plan de la santé humaine et de la biodiversité».
Dans ce combat contre «ce système de délinquance qui nourrit l'insécurité sur le territoire», Emmanuel Macron souhaite renforcer la coopération transfrontalière avec le Brésil ou le Suriname. « Notre volonté est d'aller plus loin dans ce Harpie III en termes de coopération avec nos voisins brésiliens. Notre volonté est d'avoir une gestion plus intégrée, scientifique, militaire et une coopération policière». Emmanuel Macron échangera sur «cette stratégie transfrontalière» avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva, lors de son déplacement au Brésil dès ce mardi 26 mars.
Vers une installation de la filière de l'orpaillage légal
Enfin, Emmanuel Macron s'est montré favorable à l'installation d'une filière «d'orpaillage légal». « Pour donner toutes les opportunités aux zones aurifères qui ne sont pas protégées, je souhaite qu’on aille vers l’installation, dans certains endroits, d’un orpaillage légal respectant le code de la mine durable qui a été bâti ces dernières années»,a-t-il expliqué. Selon le chef de l'Etat, cette installation « permettrait de structurer une filière qui n'utilise pas le mercure et soit exemplaire en la matière, éviterait d'attirer les orpailleurs et réduirait leurs activités
Pour cela, une consultation avec les élus locaux, la filière des mines guyanaises des experts et les services de l'Etat « pour définir les sites sur lesquelles cette stratégie serait pertinente». Elle «permettrait d'améliorer la protection du territoire, de la santé et développer une exploitation minière légitime qui fait partie de l'identité et l'histoire de la Guyane et que nous pouvons beaucoup mieux encadrer», a conclu Emmanuel Macron.