Le chef de l’État a atterri ce lundi matin en Guyane pour une visite de 48h sur le territoire amazonien et sud-américain. Sept ans après son premier déplacement en tant que président de la République, Emmanuel Macron entend évoquer la lutte contre le trafic de stupéfiant, contre l’orpaillage illégal ou encore le développement agricole et la coopération régionale.

S’il assure s’être rendu en Guyane « à chaque étape de (sa) vie professionnelle », c’est la seconde fois qu’Emmanuel Macron s’y rend en tant que président de la République. La première, à l’automne 2017, avait eu lieu quelques mois après un mouvement social majeur avec pour issue la signature d’un plan d’urgence pour la Guyane sous le quinquennat de François Hollande. Cette crise ayant eu lieu en mars, c’était à Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs que la charge revenait de le dérouler.

« Je regarde les engagements qui avaient été pris (…), ils ont été dans la quasi-totalité tenus. Certains sont encore en train de se décliner (…) » mais « en 7 ans, des moyens supplémentaires, à peu près dans tous les domaines, ont été octroyés au territoire, des investissements massifs ont été décidés et des actions convenues ont été engagées » a assuré le chef de l’État, qui ajoute être « pleinement conscient des problématiques qui demeurent » : sécurité, lutte contre le trafic de stupéfiants, orpaillage illégale, agriculture, pêche, aérospatial ou encore coopération régionale. 

Première séquence de son voyage officiel en Guyane : le dispositif 100% contrôle déployé à l’aéroport international Félix-Éboué, pour lutter contre le trafic de stupéfiants. « Depuis le début : 900 interpellations, 13 500 arrêtés individuels, 32 réseaux démantelés », ont énuméré les responsables du dispositif. « C'est le seul territoire en France où on intervient en amont, au départ » et « les saisies de drogues à Paris à l'arrivée ont été divisé par 4 ». « Bravo pour le travail fait, ne lâchez rien, ça porte ses fruits », a répondu le chef de l’État.

Parmi les quelques élus présents à l’arrivée du chef de l’État, le président de la Collectivité territoriale a toutefois alerté sur le sentiment de « discrimination » vécu par certains passagers et associations comme un « délit de faciès ». « On est conscient qu’il faut le faire mais ce serait bien que tout le monde, sans exception, soit contrôlé », a expliqué Gabriel Serville, qui, toutefois, « ne remet pas en cause le dispositif ».  

« Nouvel élan » pour l’opération Harpie

Après cette séquence sur le dispositif de lutte contre le trafic de stupéfiant, Emmanuel Macron est attendu à Cayenne, sur la place des Palmystes, pour une cérémonie d’hommage au major Arnaud Blanc, décédé l’an dernier lors d’une opération de lutte contre l’orpaillage illégale, en présence de sa veuve. L’occasion pour le président d’évoquer « un nouvel élan à Harpie » avec « de nouvelles coopérations et une stratégie commune avec le Brésil », où il se rendra après son déplacement en Guyane, accompagné d’élus et entrepreneurs du territoire.

Parmi les autres « défis » déroulés par Emmanuel Macron ce matin à Cayenne : l’agriculture, « filière où la dépendance alimentaire demeure ». Des annonces et des « décisions rapides » sont attendus dans la journée. Sur la pêche, « je reviendrais sur des dispositifs qui n’ont que trop tardé », critiquant « les procédures et les normes ont été trop lentes ». Emmanuel Macron veut aussi « donner un cadre pour une activité aurifère responsable et pérenne, permettre l’activité agro-forestière responsable et pérenne, et permettre une exploitation durable de notre forêt ».

Sur la question institutionnelle, « on y reviendra pour que ces évolutions potentielles puissent être au service de la population » a assuré Emmanuel Macron qui rappelle avoir dépêché une mission chargée de rencontrer les élus de tous les territoires ultramarins. « Nous avons d’immenses défis », a conclu Emmanuel Macron qui entend « bâtir des solutions responsables et dans la durée pour bâtir d’avenir de la Guyane ». Pour rappel, le président est accompagné sur place par la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le ministre délégué chargé de la Mer, Hervé Berville ainsi que le député et président de la commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, Jean-Marc Zulesi.

Sur un registre plus national et international, et quelques jours après l’attentat de Moscou qui a fait au moins 137 victimes, Emmanuel Macron a assuré 2024 que la branche de l’État islamique « impliquée » a mené « ces derniers mois plusieurs tentatives » en France. « Nous avons proposé aux services russes, comme à nos partenaires de la région, une coopération accrue », a-t-il ajouté, mettant aussi en garde contre « toute instrumentalisation ou déformation ».

« Ce serait à la fois cynique et contre-productif pour la Russie elle-même et la sécurité de ses ressortissants d’utiliser ce contexte pour essayer de le retourner contre l’Ukraine » a-t-il estimé, alors que le Premier ministre a relevé hier la menace terroriste en France à son plus haut niveau.