Le Conseil national des grands chefs de Nouvelle-Calédonie, Inaat Ne Kanaky, a mis en garde mardi contre tout accord politique ou économique conclu sans les autorités coutumières lors du Sommet sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, en cours près de Paris.
Créée à l'automne 2022 pour « représenter la coutume et l'identité kanak », cette institution regroupe une quarantaine de chefferies sur les 57 districts de l'archipel. Elle revendique une légitimité directe des chefferies, en concurrence avec le Sénat coutumier, institution officielle issue de l'Accord de Nouméa (1998) et représentée dans les négociations.
« Les institutions coutumières (Sénat coutumier et conseils coutumiers, ndlr) ont été mises en place pour confisquer le pouvoir des autorités coutumières. Elles ne nous représentent pas », a déclaré à l'AFP Hyppolite Sinewami, un des grands chefs de l'île de Maré et porte-parole d'Inaat Ne Kanaky. Il a critiqué l'exclusion des chefferies des discussions, pointant aussi les divisions au sein du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), principale alliance indépendantiste.
Inaat Ne Kanaky, qui a tenu congrès les 1er et 2 juillet à Poindimié (nord), exige d'être associé aux négociations et s'oppose à tout accord sans sa consultation, notamment sur le corps électoral, dont la réforme a provoqué les émeutes meurtrières de mai 2024, et sur le nickel, ressource-clef de l'archipel. Hyppolite Sinewami avait démissionné du Sénat coutumier fin juillet 2024, dénonçant une instrumentalisation politique de l'institution. Malgré sa création récente, Inaat ne Kanaky a gagné en influence.
« Ce n'est pas avec le Sénat ou des élus que les discussions doivent avoir lieu mais avec les coutumiers. S'ils n'associent pas les royaumes en revenant sur le terrain, il y aura des blocages quand ils reviendront sur le terrain », a affirmé Hyppolite Sinewami. Les chefs coutumiers appellent notamment à la mise en œuvre d'un processus de justice transitionnelle en Nouvelle-Calédonie, pour ouvrir une phase de réconciliation. Selon Hyppolite Sinewami, cette phase devra faire l'objet de réparations et d'un accompagnement de la part de l'État.
Une délégation d'Inaat Ne Kanaky doit par ailleurs se rendre en août en Azerbaïdjan pour participer à une réunion de chefs coutumiers du Pacifique et de représentants du Mouvement des non-alignés à l'invitation du Groupe d'initiative de Bakou (GIB), a indiqué Hyppolite Sinewami. Paris accuse depuis plusieurs mois l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie et plus largement dans les outre-mer, dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre les deux pays, des accusations démenties par Bakou.
Avec AFP