Jacky Bernard, pianiste compositeur et arrangeur martiniquais, l'un des fondateurs avec ses frères Nicol et Alex du groupe Fal Frett, est décédé du Covid-19. Il avait 69 ans. Aussi discret que talentueux, Jacky Bernard faisait partie intégrante du patrimoine musical caribéen qui perd, avec sa disparition, un de ses plus ardents défenseurs. 

Le monde de la musique antillaise n'en finit pas d'être en deuil et est en train de payer un lourd tribut à cette crise sanitaire. Après l'immense Jacob Desvarieux, co-fondateur du légendaire groupe kassav, le Covid-19, cette satanée pandémie, a encore frappé. Il vient de faucher un de nos talentueux musiciens martiniquais en la personne du pianiste, compositeur et arrangeur Jacky Bernard âgé de 69 ans.

Né dans une famille de musiciens – son père coiffeur était musicien amateur – Jacky Bernard avait choisi le piano et les claviers, tandis que son frère Alex optait pour la contrebasse et Nicol jetait son dévolu sur les percussions. Après avoir collaboré avec quelques groupes de quartier, il fonde avec ses frères auxquels viendront s'ajouter Bib Monville, Jacky Alpha, puis Ralph Thamar, le groupe Fal Frett. Un groupe qui dressera un pont entre tradition et modernité et va naviguer entre jazz créole et musique traditionnelle martiniquaise.

De nombreux musiciens passeront par l'école Fal Frett tels Robin Vautor, Luther François, Philip Paolo ou encore André Woodvine ainsi que quelques chanteurs très connus du répertoire martiniquais à l'instar de Tony Chasseur ou de Luc Labonne qui prêteront leurs voix à Fal Frett célèbre pour laisser libre cours aux improvisations et qui permet aux créations individuelles de s'exprimer. Pilier du groupe, Jacky Bernard ne cessera jamais d'accompagner et d'encourager ses talents.

Aussi discret que talentueux

Parallèlement à Fal Frett, le compositeur, arrangeur et pianiste martiniquais a également collaboré à des groupes et musiciens de renom comme Malavoi, La Perfecta, Acoustik Zouk, West Indies Jazz Band, Marius Cultier, Henri Guédon...

Discret, affable, toujours souriant, il fait l'unanimité autour de lui. En 2005, après avoir passé son temps à mettre ses talents d'arrangeur et de compositeur au service des autres, il ose et se lance dans un album personnel au doux nom de "la tendresse des marteaux". Ce sera son seul album sous son nom propre en 50 ans de carrière.

Le 31 mars dernier, avec ses frères, il donnait une représentation à l'Atrium du Saint-Esprit qui a connu un franc succès. Ce sera sa dernière apparition publique. Avec la disparition de Jacky Bernard, le patrimoine musical martiniquais, mais aussi caribéen, perd un de ses plus ardents défenseurs.