Nouvelle-Caledonie: La sculpture en hommage à la « poignée de main » prend forme

Nouvelle-Caledonie: La sculpture en hommage à la « poignée de main » prend forme

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La poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou en 1988 est un geste symbolique marquant la fin d’une période particulièrement violente en Nouvelle-Calédonie. L’association En mémoire de Jacques Lafleur, et en accord avec Marie-Claude Tjibaou, souhaite immortaliser cet événement dans une statue en bronze qui sera exposée à Nouméa. Le sculpteur Fred Fichet travaille actuellement sur ce projet. Un article de notre partenaire Actu.NC.

Il y a 30 ans, le 26 juin 1988, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou signent les accords de Matignon. La poignée de main qui s’ensuit est immortalisée par une photographie connue de tous les Calédoniens. C’est à partir de ce cliché que le sculpteur Fred Fichet est en train de réaliser une statue de ce moment qui a marqué la fin des violences des années 1980. « C’est un grand honneur. Je suis très touché de travailler sur ce symbole car il me parle personnellement. Je me suis installé en Nouvelle-Calédonie il y a trente ans sur la base de cette poignée de main », précise l’artiste. Originaire de Paris, il est arrivé il y a plus de trois décennies et se sent totalement Calédonien. Il partage son temps entre sa production personnelle et des cours. Depuis qu’il a démarré le projet, il a arrêté ses autres projets. « J’y suis de 7 heures du matin à 7 heures du soir depuis le mois de décembre. Déjà soixante-dix jours de travail », dit-il. Il est totalement immergé. Il sent que sa responsabilité est importante dans la réalisation de cette œuvre.

Rendre la statue vivante

« Au-delà de l’aspect technique, le plus difficile est de rendre dynamique une œuvre qui est très statique. Mettre une sculpture dans un endroit public dmande qu’elle soit un objet attrayant et vivant. Or deux personnes qui se serrent la main c’est plutôt austère », note Fred Fichet. Il essaye de trouver une subtilité dans la manière dont se tiennent les deux personnages. Dans son atelier nouméen, le sculpteur de 57 ans travaille sur la statue. Tout autour des photographies de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Tjibaou dont il s’inspire. Les familles des deux hommes politiques viennent voir son avancement et elles corrigent certains détails. Quand il ne travaille pas sur la sculpture, les deux personnages sont sous sacs plastiques afin d’éviter l’évaporation de l’eau. « Si on les laisse dehors plusieurs jours, ils peuvent sécher et cela commence à craquer », dit-il en s’approchant des statues et en les arrosant avec un vaporisateur d’eau. Aujourd’hui, la statue est en terre glaise. Il fera ensuite un moulage à creux perdu.

Cela consiste en un moulage en plâtre de la sculpture. Il va l’ouvrir, enlever la terre et la remplacer par du plâtre. Il prend l’empreinte pour obtenir un original en plâtre, solide et stable, et un en élastomère de silicone, plus souple, pour sécuriser son travail et garder dans son atelier une empreinte de l’œuvre. Le tirage en plâtre sera envoyé en juillet dans une fonderie en France. « L’œuvre va être scannée, numérisée et agrandie pour atteindre le format définitif de l’œuvre qui est de 2m50. Une imprimante 3D en fera une impression en cire, un procédé très long qui durera plusieurs semaines et qui permettra ensuite de refaire un moulage en plâtre et d’obtenir le tirage final en bronze », décrit Fred Fichet. Il suivra la sculpture pour la retravailler entre chaque étape puis effectuer les finitions et la patine lorsqu’elle sera en bronze. Il espère qu’elle reviendra en Nouvelle-Calédonie en mars 2022. La statue se tiendra à l’actuel square Olry, qui sera rebaptisée place de la Paix.

Par Actu.nc