Pacifique : un rapport de l’université d’Adelaïde (Australie) note le rôle stratégique de la France, notamment grâce à ses territoires d’Outre-mer

Exercices militaires dans la zone Indopacifique ©DR

Pacifique : un rapport de l’université d’Adelaïde (Australie) note le rôle stratégique de la France, notamment grâce à ses territoires d’Outre-mer

Dans un récent rapport intitulé « Coopération en matière de sécurité maritime dans le Pacifique : vues du Pacifique et de ses partenaires » (en anglais) de l’université d’Adelaïde, un chapitre est consacré au positionnement de la France dans cette partie du monde. Rédigé par Céline Pajon (Institut français des relations internationales) et Geneviève Quirk, il détaille le rôle stratégique des territoires d’Outre-mer ainsi que l’expertise de la France dans la gestion durable des ressources marines, de la conservation de l'environnement et de la sécurité régionale, entre autres.

’étude souligne que la France, seul État de l’Union européenne (UE) à posséder des territoires d’Outre-mer à la fois dans l’océan Indien et dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française et Clipperton) a été, en 2019, le premier pays de l’UE à adopter une stratégie Indopacifique. « La France dispose de forces militaires permanentes basées dans ses territoires d'Outre-mer : 1650 militaires sont stationnés en Nouvelle-Calédonie et 1180 en Polynésie française. Ces forces sont chargées de la surveillance et de la police maritime, de la prévention des crises, de la sécurité civile et de participer à des initiatives de coopération régionale, en offrant un soutien aux pays insulaires du Pacifique pour surveiller leurs ZEE (zones économiques exclusives, ndlr), et en fournissant la logistique pour l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe », écrivent les autrices.

La France collabore en tant que membre du Quad Pacifique avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis dans le cadre d’opérations de surveillance maritime dans les ZEE des pays insulaires du Pacifique, en soutien à l’Agence des pêches du Forum des îles du Pacifique. Depuis 1992, les forces françaises sont également coordonnées avec leurs homologues australien et néo-zélandais dans le cadre de l’accord dit FRANZ pour offrir des solutions de prévention et de réponse aux catastrophes aux États insulaires du Pacifique.

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En outre, les Forces armées de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française organisent, chacune à leur tour, deux exercices conjoints multinationaux annuels axés sur des mesures de réaction rapide aux catastrophes, connus sous le nom de « Marara » et « Croix du Sud ». La France participe aussi à des exercices navals conjoints, tels que l’exercice Rim of the Pacific (RIMPAC), et à des dialogues consacrés à la défense tels que le Symposium naval du Pacifique occidental et la réunion des ministres de la défense du Pacifique Sud. « Depuis 2021, la France organise un séminaire annuel des garde-côtes du Pacifique Sud, alternant entre la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française comme lieux d'accueil », précise le rapport.

Toutefois, ce dernier relève que « les ambiguïtés existantes concernant la latitude avec laquelle les autorités locales peuvent exercer leurs compétences et leur autonomie – de manière indépendante ou de manière coordonnée – en matière de sécurité maritime et de politiques de coopération régionale sont susceptibles de compliquer les contributions de la France ».

Par exemple, en 2016, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie ont rejoint le Forum des îles du Pacifique en tant que membres non étatiques. La France, pour sa part, est un partenaire du Forum. Le gouvernement central français conservant le contrôle de la défense et de la politique étrangère de ses territoires d’Outre-mer, cela peut créer des incompréhensions concernant la posture de la France et compliquer le rôle de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française en tant que membres du Forum, affectant leur rôle dans les initiatives régionales et leurs relations avec les autres membres, constatent les autrices. Sans compter que les questions de décolonisation et de statuts institutionnels sont toujours à l’ordre du jour, particulièrement en Nouvelle-Calédonie.

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Malgré ces problèmes, l’étude observe que « la France dispose d’une vaste expérience dans l’élaboration d’un cadre politique et juridique pour réglementer les activités de pêche, ainsi que pour renforcer le suivi maritime, la surveillance et l’application de l’état de droit en mer ». Par exemple, Paris est à l’avant-garde de l’initiative 30x30, qui vise à protéger 30% des océans du monde d’ici 2030, en établissant des Aires Marines Protégées (AMP), ainsi que d’autres projets. Le Parc Naturel de la Mer de Corail en Nouvelle-Calédonie, d’une superficie de 1,3 million de km², en est un symbole.

En Polynésie, les autorités locales ont mis au point le modèle original des « aires marines gérées » pour concilier protection et exploitation responsable, après une vaste consultation avec la communauté côtière pour intégrer les connaissances locales et autochtones. Après la désignation des Marquises au Patrimoine mondial de l’humanité en 2024, d’autres annonces d’AMP polynésiennes pourraient intervenir alors que l’Hexagone accueille cette année la Conférence des Nations unies sur les océans. « La France pourrait donc partager son expertise en matière d’établissement, de réglementation et de mise en œuvre d’AMP fondées sur la science avec les pays insulaires du Pacifique qui élaborent leurs politiques marines nationales », conclut le document.

PM