Nouvelle-Calédonie : Sébastien Lecornu entend discuter des « implications du OUI et du NON » à l'indépendance

Nouvelle-Calédonie : Sébastien Lecornu entend discuter des « implications du OUI et du NON » à l'indépendance

« Quand les acteurs politiques calédoniens seront à Paris, nous mettrons aussi sur la table un deuxième document sur les implications du OUI et du NON mais qui feront l’objet de négociation », a déclaré le ministre des Outre-mer ce mardi, devant le Sénat. Sébastien Lecornu est également revenu le calendrier du prochain référendum et l’implication des deux assemblées, Assemblée nationale et Sénat, dans l’avenir institutionnel calédonien. 

« Pour réfléchir au jour d’après, encore faut-il se mettre dans les conditions du jour d’après » a argumenté Sébastien Lecornu devant les sénateurs, lors du débat sans vote sur l’avenir institutionnel, politique, économique et social de l’archipel, alors que les élus calédoniens sont attendus à la fin du mois à Paris, à l’invitation du Premier ministre. « La méthode que je propose et que j’ai proposée aux formations politiques calédoniennes, pour essayer de sortir de ce binaire « oui » et « non », c’est prioritairement de travailler sur le « oui » et le « non » », a rappelé le ministre. 

« À aucun moment pendant ces 20 ans (…) on a travaillé sur le « oui » ou sur le « non ». On a laissé dire au « oui » un certain nombre de choses, et on a laissé dire au « non » un certain nombre d’autres choses », a-t-il poursuivi. « Qu’est-ce qui se passe en cas d’indépendance ? qu’est-ce qui se passe, et c’est peut-être juridiquement plus compliqué, en cas de 3ème non ? ». Ce document devrait être envoyé aux élus calédoniens avant leur arrivée à Paris. « Il donnera les effets intangibles du OUI, comme les effets intangibles du NON » a-t-il ajouté, prévenant des « effets redoutables et spectaculaires » en cas de OUI.

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Sébastien Lecornu décrit notamment « un choc de confiance dans l'économie calédonienne, sur les questions financières, monétaires, bancaires ». Sur ce deuxième document, Sébastien Lecornu a donné plus concret sur la teneur que pourrait prendre les échanges à Paris, autour de l'implication du OUI et du NON : « Est-ce qu'une monnaie d’une Kanaky indépendante a vocation à s'adosser à l’euro ? Le principe, non. Est-ce que cela peut faire l’objet d’une négociation plus globale, peut-être ». Aussi, le ministre veut mettre les élus calédoniens face à quatre interrogations « complexes » : « Qu’est-ce que l’indépendance en 2021 ? Quelle est la définition de la pleine souveraineté ? Quelle relation avec la République ? Qu’est-ce qu’être Français en 2021 ? ».

« Nous nous tenons prêts techniquement à l’organiser fin 2021 ou au plus tard en octobre 2022. Ça va beaucoup dépendre des échanges politiques et des éclairages sur le OUI et le NON » a ajouté Sébastien Lecornu, évoquant le calendrier du 3ème référendum d’indépendance dont la demande a d’ores et déjà été faite par les élus indépendantistes du Congrès. Pour l’heure, les formations politiques, tous bords confondus, ne sont pas unanimes sur la date. Il doit en effet avoir lieu avant octobre 2022 mais la présidentielle et les législatives prochaines laissent planer une inquiétude chez certains politiques calédoniens. 

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« Nous devons nous impliquer loin de toutes tendances partisanes » a aussi exhorté le ministre aux sénateurs présents lors de ce débat. « Nous, les responsables politiques nationaux, sommes arrivés à un moment du dossier où il faut se poser toutes les bonnes questions : c’est quoi un processus de décolonisation encadré par les Nations Unies (…) ? Quel est ce processus et quel est son avenir ?  C’est une question à laquelle on sera amené à répondre », a-t-il poursuivi, soulignant une autre interrogation : « Jusqu’où faut-il adapter le droit et modèle républicain pour que la Nouvelle-Calédonie reste Française ? ». 

Sur l’accord de Nouméa, vivement critiqué par le sénateur calédonien Pierre Frogier (LR), Sébastien a rappelé que « l’État est signataire de cet accord et l’État doit tenir sa parole », sans toutefois fermer la porte à une « initiative politique ». « Former le vœu que quelque chose d’autre puisse exister c’est une initiative politique, cela ne peut pas écraser la parole donnée et que d’ailleurs le législateur a donné par la révision constitutionnelle (…). On peut essayer de sortir de ce binaire, mais la parole donnée de l’État, des deux Chambres, est une parole qui a été donnée et que nous ne pouvons pas retirer » insiste-t-il sans pour autant oublier que « l’accord de Nouméa est arrivé à son terme ».