Lutte contre les drogues/Métamphétamines (Ice) : Manuel Valls enterre les espoirs d'augmentation du quantum des peines

© Haut-Commissariat de la Polynésie

Lutte contre les drogues/Métamphétamines (Ice) : Manuel Valls enterre les espoirs d'augmentation du quantum des peines

Manuel Valls était lundi en fin d’après-midi à la gare maritime, pour une séquence « sécurité » centrée sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, « une manière de montrer combien l’État est utile » en Polynésie française. Mais le ministre des Outre-mer estime, contrairement au président du Pays et aux élus de l’assemblée, que le quantum des peines pour les trafiquants de drogue est « déjà très élevé ». Et il affirme son opposition à la dépénalisation du cannabis non médical, porte d’entrée vers la consommation de drogues dures. Détails avec notre partenaire Radio1.

 

Police, gendarmerie et douanes ont mené sous ses yeux des recherches sur les véhicules en partance et les passagers qui débarquaient de Moorea en ce lundi après-midi. « C’est une priorité de l’État » et si « les collègues de l’Intérieur, de la Justice et des Finances ont cette charge » Manuel Valls, qui « n’oublie pas » qu’il a « été chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur » se dit, en tant que ministre des Outre-mer, « en première ligne sur ces sujets-là. » Il a salué « l’excellente coopération entre tous les services, douanes, gendarmerie, police, police municipale aussi », ainsi que la coopération internationale dans le Pacifique :  « La mondialisation, elle est aussi dans le domaine de la délinquance, du crime organisé. »

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« C’est une manière de montrer combien l’État est utile et agit de manière efficace ici en Polynésie française. C’est une priorité, poursuit-il, parce que ce sont des sociétés, en général, qui sont plus fragiles. Et donc davantage encore, si c’était nécessaire de le souligner, menacées par ces trafics de drogue. » Et si l’ice est une préoccupation majeure, « c’est aussi le cannabis dont je veux souligner encore une fois les effets extrêmement nocifs en matière de santé, sur la jeunesse » d’autant que « le taux (de THC, ndr) de ce cannabis est particulièrement élevé. »

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Dépénalisation du cannabis : « J’ai toujours été opposé à la levée de cet interdit »

Lorsqu’on évoque la position en faveur de la dépénalisation du cannabis de Moetai Brotherson, Manuel Valls répond : « Il y a toujours eu ce débat dans la société (…). Moi j’ai toujours été opposé à la levée de cet interdit », notamment pour protéger la jeunesse, même s’il dit que « le cannabis médical, c’est autre chose. »

« Attention à ce type de débat qui donnerait le sentiment que le cannabis n’est pas dangereux, renchérit le ministre. Tous ceux qui fument le cannabis ne consomment peut-être pas d’autres drogues, cocaïne, héroïne, ice, mais tous ceux qui consomment l’héroïne, la cocaïne et l’ice sont passés par le cannabis. Donc le message qu’il faut faire passer ici aux familles de la Polynésie française, c’est que le cannabis est un élément particulièrement dangereux quand il est consommé régulièrement et à haute dose. Donc grande prudence et surtout mobilisation de tous. »

Le quantum des peines « déjà très élevé »

Interrogé sur la résolution adoptée récemment par l’assemblée de Polynésie, demandant une augmentation du quantum des peines en matière de trafic d’ice, Manuel Valls répond que « le quantum des peines est déjà très élevé, contrairement à ce qui est dit parfois. La justice, sur ces sujets-là, cogne, et cogne dur. » C’est donc une fin de non-recevoir pour l’idée avancée par  Moetai Brotherson d’une « expérimentation juridique » qui augmenterait les peines des trafiquants d’ice. Autant pour les tentatives d’intervention sur ce sujet régalien par excellence. Manuel Valls rappelle également que la loi contre le narcotrafic adoptée fin avril, dont les dispositions s’étendent à la Polynésie française, démontre la détermination de l’État.

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Traitement des addictions : l’État « ouvert à toutes les propositions »

Sur la contribution que pourrait apporter l’État au traitement des personnes dépendantes aux drogues – grâce notamment à l’attribution à la Polynésie des fonds confisqués et des amendes infligées par la justice aux trafiquants, proposée par Nicole Sanquer – le ministre des Outre-mer ne se prononce pas mais reconnaît que sur la prévention et le traitement, « souvent, c’est là où nous n’avons pas mis, où nous n’avons plus les moyens nécessaires pour faire face à cela. (…) Donc j’imagine que nous sommes ouverts à toutes les propositions (…).

Quant à l’idée de former au fenua des chiens renifleurs de drogue, là aussi avancée la semaine dernière par le président du Pays, Manuel Valls reste vague : « Il m’en a parlé, effectivement. Donc nous allons parler là avec le directeur des douanes sur les chiens qui sont formés en Nouvelle-Zélande. La Polynésie peut être un des centres, même si parfois, j’ai bien compris, il y a des méthodes de formation qui ne sont pas tout à fait les mêmes. »

Par Radio 1.