Les projections du comité d’organisation de Tahiti 2027 lui laissait craindre un manque de fonds pour assurer la logistique, l’encadrement technique et l’achat de matériel. Le Pays a déjà été sollicité, et l’État, qui soutient déjà beaucoup la préparation de l’évènement, l’a aussi été à l’occasion de l’inauguration par Manuel Valls au pôle de combat de Punaruu. Dans le même temps, la ministre des Sports Nahema Temarii a défendu une nouvelle enveloppe pour le dispositif « Pass’Sport », qui a permis a déjà orienté vers les clubs et fédés 4 500 jeunes Polynésiens. Précisions avec notre partenaire Radio 1.
4 500 athlètes de 24 pays, 329 épreuves, 30 sites de compétitions, 12 500 accrédités en comptant les 500 officiels, les 4 500 volontaires ou les techniciens, jusqu’à 450 000 repas à servir sur deux semaines. Tahiti 2027 s’annonce, de loin, comme « la plus grande compétition jamais organisée à Tahiti ». Et les chiffres de ce défi ont été soigneusement détaillés, ce dimanche matin, par la ministre des Sports Nahema Temarii et la présidente du comité d’organisation des Jeux du Pacifique (COJ), Noëlline Parker, auprès de Manuel Valls. Le ministre des Outre-mer, qui a « inauguré » le nouveau pôle de combat de Punaruu, qui attendra encore quelques semaines avant d’entrer en opération, a consacré une bonne partie de ses échanges à la préparation de la compétition.
L’État déjà très présent auprès des Jeux
Sans surprise, les organisateurs tenaient avant tout à remercier le représentant du gouvernement central pour le soutien de l’État dans ces Jeux. « Ils sont à nos côtés depuis le début » , rappelle Noëlline Parker. D'abord pour soutenir les investissements dans les constructions ou rénovations d’infrastructures pris en charge par le Pays, et qui sont jusque-là chiffrés à 13 milliards de francs. Sur les 6,7 milliards consacrés à la rénovation des stades de Fautaua, Punaruu, Pater et la construction du stade de Hitia, l’État en injecte par exemple 2,6.
Paris accorde aussi son aide du côté sécuritaire, bien sûr, avec la mobilisation des forces de l’ordre, de la sécurité civile ou de la police aux frontières à l’occasion de l’évènement. Et l’État soutient directement l’organisation, en mettant à disposition du Coj un inspecteur de la Jeunesse et des Sports – devenu coordinateur général du comité -, en cofinançant dix postes développement dans les fédérations sportives, et en faisant intervenir son Agence nationale du sport de manière appuyée.
Un « merveilleux outil » géopolitique et sanitaire
Les remerciements fusent, donc, et il s’agit aussi de convaincre de l’importance du soutien à un tel évènement sportif. Parce qu’il est un « merveilleux outil de santé public, de cohésion sociale, d’insertion professionnelle », comme le martèle Nahema Temarii. Parce qu’il présente, aussi, un intérêt géopolitique pour la France. Le Coj prend ainsi soin de rappeler que les derniers jeux, à Honiara en 2023, ont été financés en majorité par la Chine (61% des investissements), aux côtés de l’Australie et de l’Arabie saoudite. Cette édition polynésienne, qui « concerne » 44 millions d’océaniens, qui permet de former un « hub culturel et sportif » dans un territoire français à 5 ans des JO de Brisbane, « offre une visibilité stratégique inédite, renforçant l’influence française et polynésienne dans tout le Pacifique Sud. »
Des arguments qui servent une demande : celle d’un « effort supplémentaire » de l’État dans le soutien à l’organisation. La présidente du COJ le rappelle : si la préparation des infrastructures est à la charge du Pays, le comité, entre les importantes commandes de matériel et la logistique d’hébergement, de restauration et d’encadrement technique, est soumis à des coûts poussés à la hausse par l’inflation de ces dernières années. Les délais de versement des subventions par la Polynésie n’aident pas, mais c’est le total des aides prévues, même si elles doivent s’ajouter à 500 millions de francs de sponsorship et partenariats, qui paraissent aujourd’hui insuffisants. « D’après nos projections, il va falloir aller chercher d’autres financements », explique la présidente, sans évaluer précisément le besoin de ces deux prochaines années.
Prolonger Pass’Sport, le temps que le Pays « récupère le bébé »
La demande devrait faire l’objet de nouvelles discussions dans les semaines à venir. Elle s’est doublée, ce dimanche, d’une autre requête, formulée par le Pays cette fois, et appuyée par plusieurs responsables sportifs qui ont pu échangé avec Manuel Valls, comme Fanauatea Gatien de Tamarii Punaruu, Raihere Dudes de Islander MMA, et Franck Bellard, cadre technique de la fédération de judo : le redéploiement du dispositif Pass’Sport. Nahema Temarii l’a rappelé au ministre : ce dispositif national avait été étendu à la Polynésie en 2021, et avait vu, à la demande du Pays, ses critères élargis et adaptés à partir de 2024, pour finalement rencontrer un grand succès : 4 500 jeunes Polynésiens ont pu profiter d’une aide à l’adhésion à un club ou une fédération et à l’achat de premier matériel sportif. L’enveloppe étant désormais consommée, Nahema Temarii défend le déblocage de nouveaux fonds « le temps pour la Polynésie de mettre en place sa réglementation, récupérer le bébé et s’autofinancer. »
Par Radio 1