Festival d'Avignon : Kanaky 1989, Une plongée dans l'histoire personnelle et historique

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Festival d'Avignon : Kanaky 1989, Une plongée dans l'histoire personnelle et historique

Dans la programmation du TOMA (Théâtres d’Outre-mer en Avignon) se joue jusqu’au 24 juillet Kanaky 1989.Si d’ici le 24 juillet vous passez par Avignon ne manquez pas Kanaky 1989 de Fani Carenco, pour vous plonger pendant une heure dans ce spectacle si personnel et si historique.

 

Cette pièce met en scène la rencontre de l’Histoire et des histoires d’une adolescente qui part suivre ses parents en Nouvelle-Calédonie où son père, Jean-François Carenco, est nommé secrétaire général adjoint au Haut-Commissariat pour suivre la mise en place des Accords de Matignon signés le 26 juin 1988 entre jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur.

Comme elle le dit au début de la pièce des accords, pour cette jeune fille d’une dizaine d’années, cela évoque plus la musique que la politique. 

L’autrice mêle avec délicatesse et talent ses souvenirs personnels et l’Histoire qui va prendre un tournant tragique avec l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné le 4 mai 1989 sur l’ile d’Ouvéa par un militant indépendantiste qui leur reproche la signature des Accords de Matignon.

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Son écriture est sensible et sait parfaitement rester sur une ligne où la sensibilité et la tendresse sont en permanence présente. Fani Carenco raconte les joies et les peurs à hauteur d’une de mémoire d’une jeune adolescente qui ne comprend pas ce qu’il se passe mais sent que c’est grave puisque celui qu’elle côtoyait avec ses parents est mort et ne pourra plus lui décrire les oiseaux de son île, les fruits et les richesses de la végétation de sa Kanaky.

 Dans une mise en scène mêlant images d’époques et jeux d’ombres et de lumières les 3 comédiennes sur scène Adeline Bracq, Laurence Bolé et Fani Carenco nous plongent dans un voyage profond et émouvant. A l’heure où une fois encore le destin de cette île du Pacifique fait la une des pages politiques et sociales il est bon de faire cette immersion pour redonner à ce territoire, à son peuple, à sa culture et à son histoire une épaisseur humaine. Cette pièce est touchante à la fois par son écriture spontanée et incisive et par son jeu direct et juste.

J’ai aimé retrouver mes souvenirs d’enfant rentrant de Nouméa à Paris où l’on me demandait à moi aussi si là bas on parlait français et s’il y avait l’électricité et des écoles. J’ai aimé cette façon simple de raconter les relations entre le monde des adultes et celui des enfants enfin j’ai aimé cet hommage rendu à l’Humanité et la bienveillance des parties prenantes de cette Histoire à savoir les parents de Fani Carenco et bien sûr Jean-Marie Tjibaou et sa famille.

Ce voyage est sans danger il ne vous provoquera aucun « jet-lag » mais juste attention au coup de cœur. 

« Que chacun arrache de son cœur l'arbre de la discorde.

Nos ancêtres jetaient à l'eau l'arbre du deuil, nous le jetterons dans le feu ; 

Nous voulons que soit brûlée la haine, et que soit clair le chemin de notre avenir et fraternel le cercle que nous ouvrons à tous les autres peuples,

Tel est le cri que je lance »

Jean-Marie Tjibaou 

 

Infos pratiques 

A voir jusqu’au 24 juillet à 20 00 

Théâtre Chapelle du Verbe Incarné

21G rue des Lices 

84000 Avignon 

Téléphone de réservation 04 90 14 07 49  

 Guillaume Villemot