Législatives : En Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf et Alcide Ponga candidats de l’union Les Loyalistes et Le Rassemblement-LR

©Facebook / Les Loyalistes

Législatives : En Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf et Alcide Ponga candidats de l’union Les Loyalistes et Le Rassemblement-LR

Le député sortant Nicolas Metzdorf et le maire de Kouaoua Alcide Ponga sont les candidats de « l’union » des loyalistes qui tenteront de décrocher leur siège respectivement dans la première et dans la seconde circonscription de la Nouvelle-Calédonie. En réaction à la crise « inédite » que traverse le pays, les chefs des partis Générations NC et Le Rassemblement LR appellent « tous les Calédoniens » à faire usage de leur « arme politique » en utilisant leur bulletin de vote les 30 juin et 7 juillet prochains. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Les Républicains calédoniens, Générations NC, le Mouvement populaire calédonien, Tous calédoniens (partis membres de la coalition Les Loyalistes) et Le Rassemblement-LR… Les chefs de file de ces différents partis non-indépendantistes, qui ont décidé de jouer la carte de l’unité aux prochaines élections législatives, se sont tous rangés, ce jeudi matin, derrière un jeune militant. C’est Caël Normandon, qui du haut de ses 24 ans, a eu la mission de dévoiler à la presse les noms des deux candidats loyalistes en lice pour les scrutins des 30 juin et 7 juillet prochains.

« Ils ont été maires, et être maire, c’est connaître la sensibilité dans les quartiers, dans les tribus et c’est reconnaître tout le monde. Ce sont deux chefs de parti qui représentent tous les Calédoniens, la paix, le vivre ensemble et le respect de chacun », assure ce jeune homme originaire de Ouégoa, qui précise avant de mettre fin au suspense que cette campagne sera régie par trois valeurs : l’union, la démocratie et la droiture. Pour précision, Alcide Ponga, président du Rassemblement-LR, est le maire de Kouaoua en province Nord. Nicolas Metzdorf a été élu maire de La Foa en 2020, commune rurale de la province Sud, avant de rejoindre le palais Bourbon en 2022.

« Face à nous, il y a beaucoup de colère et de haine »

Ce dernier, chef du mouvement Générations NC et député sortant dans la seconde circonscription, remettra ainsi son mandat en jeu, mais dans la première circonscription cette fois-ci (qui réunit Nouméa et les îles Loyauté), laissant sa place à Alcide Ponga, pour tenter de décrocher son siège de député auprès des électeurs de la seconde circonscription, englobant toute la Grande Terre hors Nouméa.

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Signe que « le moment est grave », pour la première fois, ces deux figures politiques seront « alliées » et non adversaires dans une élection. Cette unité, « la plus large possible » des non-indépendantistes, qui ont « mis leur égo de côté », est jugée « fondamentale » par Nicolas Metzdorf. « C’est important parce que face à nous il y a beaucoup de colère et de haine, avec un projet politique qui ne correspond pas à l’esprit des accords. La volonté de construire est de notre côté, pas celle de détruire, pour que la Nouvelle-Calédonie reste une terre de démocratie », assure le député sortant, qui ne ferme pas la porte à la discussion mais uniquement avec « les indépendantistes modérés et responsables qui veulent construire et pas avec les radicaux qui veulent obtenir l’indépendance par la force dès cette année. On est en totale opposition avec le discours haineux et radical de la CCAT et de l’UC qui veulent mettre le feu à la Nouvelle-Calédonie. »

De son côté, Alcide Ponga a tenu à commencer son discours « en condamnant avec fermeté » les violences qui frappent le pays depuis un mois, jour pour jour. « La Calédonie, ce n’est pas ça, ce n'est pas mettre fin à 30 ans de paix. J’ai un profond sentiment de tristesse », confie le maire de Kouaoua. « Les anciens qui ont travaillé à mettre en place un précédent accord avaient trouvé la recette et nous avons peut-être failli, les uns et les autres, à nos responsabilités pour trouver un chemin ou une issue à la sortie de l’accord de Nouméa. Il n’est pas trop tard et il va falloir s’y mettre sinon la Nouvelle-Calédonie sera dans un état encore plus critique. »

« Il ne faut pas se mettre des œillères »

Mais pour ce faire, Alcide Ponga appelle « tous les Calédoniens » à faire usage d’une « arme politique » : leur bulletin de vote. « On est un pays à la pointe de la démocratie et des valeurs républicaines, il faut les préserver », martèle le président du Rassemblement LR, qui entend bien tirer des leçons des émeutes qui ont éclaté dans le pays. 

« Il y a beaucoup de choses à améliorer et je l’ai aussi compris. Il ne faut pas se mettre des œillères et ne pas analyser ou écouter ce qu’il s’est passé. Ce sera le travail de l’ensemble des élus calédoniens pour apporter des solutions aux problématiques notamment celles posées par les jeunes », explique le candidat, qui a été jugé « le mieux placé » pour défendre la seconde circonscription et qui tient également à adresser un message à ses adversaires : « Les responsables politiques indépendantistes doivent également faire un travail profond sur la trajectoire qu’ils ont voulu toujours défendre et qui a été perdue ces dernières années. C’est pour ça qu’on se retrouve dans cette situation aujourd’hui. »

« Sortir la Nouvelle-Calédonie du marasme »

Alors que les barrages sont encore nombreux et les tensions, plus que palpables dans le pays, la courte période de campagne électorale ne s’annonce pas simple. Dans ce contexte, les médias et les réseaux sociaux « joueront un rôle encore plus important que d’habitude », faute de pouvoir effectuer un travail de terrain digne de ce nom partout dans le pays. 

Les thèmes abordés par ces deux candidats concerneront forcément cette « crise inédite » et donc la situation sociale et économique du Caillou « qui n’a jamais été aussi grave ». Mais aussi les perspectives d’un éventuel accord sur l’avenir institutionnel « afin de sortir la Nouvelle-Calédonie du marasme et que tous les Calédoniens puissent se projeter dans les 30, 40, voire 50 prochaines années », ambitionne Alcide Ponga.

« Notre autonomie est morte »

Les mesures économiques et sociales d’urgence déployées par l’État seront également l’une des grandes priorités des candidats s’ils sont élus. « Le rôle des parlementaires sera de faire entendre la voix de cette Calédonie détruite, de tous ces employeurs et de toutes ces familles qui se retrouvent sans emploi », assure Nicolas Metzdorf, qui juge bon de rappeler : « On n’a jamais été aussi dépendants de l’État, qui sera là pour nous aider. Aujourd’hui, notre autonomie est morte. »

La suspension du dégel du corps électoral jugée « sévèrement »

L’annonce d’Emmanuel Macron de « suspendre » le projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral afin de « donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre », ce mercredi soir, est jugée « assez sévèrement » par Nicolas Metzdorf, qui s’en explique : « Le projet était suspendu de fait, mais cela ne signifie pas, contrairement à ce que j’ai pu entendre, qu’il est retiré. Le texte est en suspens le temps que l’Assemblée nationale soit reconstituée. Cette annonce est inutile et ne fait plaisir à personne car les indépendantistes en demandent le retrait et que nous, on demande son maintien. Je trouve donc que c’est un peu insultant pour les Calédoniens qui se battent pour le maintien de la paix, pour rester Français et donc pour le dégel du corps électoral. Ce n’est pas très malin. »

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La candidature d’Alcide Ponga et de Nicolas Metzdorf est annoncée comme celle de « l’union des non-indépendantistes ». A un détail près, et de taille. Cette alliance ne comprend pas Calédonie ensemble, dont Philippe Dunoyer a annoncé sa candidature dans la première circonscription où les deux députés sortants s’affronteront donc. Changement radical de stratégie donc par rapport au scrutin de 2022 où les Loyalistes et Calédonie ensemble s’étaient unis au détriment du Rassemblement LR qui était parti seul en campagne. Reste à savoir sous quelle étiquette politique se présenteront donc ces deux candidats qui se réclament de la majorité présidentielle. L’investiture du parti Renaissance étant promise aux députés sortants appartenant au « champ républicain ».

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes