Energies en Polynésie: La Punaruu, une centrale électrique toujours indispensable

Energies en Polynésie: La Punaruu, une centrale électrique toujours indispensable

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Transition énergétique, énergies renouvelables… La Polynésie va forcément et nécessairement vers cette voie, selon notre partenaire le magazine Dixit. Mais aujourd’hui, la réalité est que la Polynésie ne peut pas se passer de la centrale thermique Émile-Martin installée dans la Zone Industrielle de la Punaruu (côte ouest de Tahiti). Inaugurée le 3 mai 1986 par Bernard Pons, alors ministre des Dom-Tom, elle est aujourd’hui encore indispensable à la production d’électricité pour l’île de Tahiti.

Nous sommes toujours dans l’ère du fioul et cette installation le rappelle: près de 70 000 tonnes de fioul sont brûlées à la centrale électrique de la Punaruu chaque année, soit près de 200 tonnes par jour, l’équivalent de sept camions-citernes. Ce chiffre est une moyenne car tout dépend de l’hydroélectricité. À la Punaruu, huit groupes sont installés. Il y en a forcément un en maintenance. Par prudence, les ingénieurs en comptent également un susceptible de tomber en panne. Il en reste donc six de « sûrs ». Quelquefois, en période de sécheresse où l’hydroélectricité n’a pas un bon rendement, il faut ces six groupes en route pour passer la « pointe ».

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Mais l’objectif est bien sûr d’en avoir le moins possible en route et d’économiser le fioul. « La centrale est un outil indispensable à l’émergence des énergies renouvelables : sans Punaruu, pas de stabilité du réseau et pas de réactivité en cas de défaut sur le transport ou la distribution », assure Vetea Vitrac, chef du service exploitation thermique de Tahiti, qui par ailleurs rappelle les efforts entrepris par Electricité De Tahiti (EDT, filiale d’Engie) pour moins impacter l’environnement : « Notre carburant est désormais à 1 % de soufre depuis septembre 2016, ce qui signifie l’émission de deux fois moins de composés soufrés dans l’atmosphère. Nous réalisons également une amélioration continue de nos moteurs dans le but de les rendre plus performants, donc moins polluants grâce à moins d’émission de CO2 par unité d’énergie produite ».

Des mécaniciens à la pointe du savoir-faire

À la centrale de la Punaruu, les 77 employés sont bien conscients que l’avenir appartient aux énergies renouvelables, tout particulièrement les 30 mécaniciens qui chouchoutent ces moteurs énormes. Ils s’adaptent à la machine, inventant des outils pour l’entretenir ou pour résoudre des problèmes particuliers. Dans cette grande maison, les travailleurs écoutent et « sentent » leurs moteurs. Le bourdonnement des machines qui emplit tout le bâtiment est le signe de la bonne santé des moteurs. Vetea Vitrac a même une installation dans son bureau qui résonne en fonction de l’activité : si les vibrations sont plus fortes ou d’une intensité anormale, les ingénieurs réagissent immédiatement.

Quand un groupe est en maintenance, il est entièrement démonté et remonté pièce après pièce après vérification de chacune d’elles. Ces travailleurs sont à la pointe du savoir-faire et de l’expertise sur ce genre de moteurs. Ils ont même reçu un prix et les félicitations du constructeur, l’entreprise MAN, car aujourd’hui les huit groupes ont tous plus de 100 000 heures à leur compteur et leur bon état est un exemple. Cette entreprise avait même proposé aux techniciens d’EDT de s’occuper de la maintenance des moteurs de bateaux (l’équivalent des moteurs installés à la Punaruu) en escale à Tahiti. Ils l’ont fait pendant un moment, mais ont vite arrêté car la centrale occupe tout leur temps.

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La maintenance et la main-d’œuvre de la centrale de la Punaruu coûtent un milliard de Fcfp par an, soit environ 8,38 millions d’euros. Certains de ces moteurs vont arriver en fin de vie dans les années à venir (150 000 heures sont le maximum) : l’un en 2020 et deux autres en 2024. Le gouvernement polynésien le sait et verrait bien des productions d’énergies renouvelables prendre le relais de ces vieilles machines. Mais si ces productions renouvelables ne sont pas prêtes, il faudra bien remplacer ces moteurs par d’autres. D’autant que la consommation d’électricité n’est pas en baisse.

EDT-Engie travaille déjà sur un schéma directeur de renouvellement des moyens thermiques de Tahiti en étudiant de nouvelles énergies comme le gaz, moins émetteur de carbone. On espère voir le renouvelable prendre la place du thermique, mais la centrale reste indispensable aujourd’hui.

par Lucie Rabréaud, Dixit Magazine