« Je me battrai avec vous pour classer les îles Marquises à l’UNESCO » a déclaré le président de la République Emmanuel Macron, devant quelque 3 000 personnes de l’archipel du nord-est de la Polynésie française, rassemblées au stade de l’île de Hiva Oa. Un discours porté sur les liens entre la nature et la culture.
« J’aurais voulu que cette cérémonie ne se termine jamais », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue de la démonstration culturelle préparée pour sa venue dans l’archipel ce dimanche 25 juillet. Premier président de la République à se rendre aux îles Marquises, Emmanuel Macron a pour l’occasion été rebaptisé en langue marquisienne « Te Hakaiki Tahaoa » : le grand chef qui marche et ira loin. De quoi donner le ton, à quelques encablures maintenant de la campagne présidentielle.
Le chef de l’État était surtout attendu, ce dimanche soir aux Marquises, sur son soutien à la candidature de l’archipel au Patrimoine mondial de l’Humanité, en tant que bien mixte nature et culture. « Je me battrai avec vous pour classer les îles Marquises à l’UNESCO », a-t-il finalement assuré dans un discours final mettant en évidence les liens entre nature et culture. « Vous nous avez raconté vos mythes, vos histoires » a poursuivi le chef de l’État, qui s’est essayé en introduction de son discours à la langue marquisienne.
« Rien ne devait nous conduire à ce que la France soit là, face à l’océan et sous ce ciel. Ce sont des centaines d’années de conquêtes, d’invasion, de drames, d’épidémie, ce sont des centaines d’années d’histoire d’amour. Mais une chose est sûre, les Marquises à la fin ont choisi la France », rappelle-t-il. Les îles Marquises, Te Henua Enata en Marquisien (la Terre des Hommes), ont été annexées par la France en 1842, soit avant le reste de la Polynésie française, et rattachées à ce vaste territoire lors de l’annexion progressive du royaume de Tahiti en premier lieu, puis des autres îles et archipels, à partir de 1880. On considère également que le peuplement des Marquises précède le peuplement des îles de la Société, dont Tahiti.
« Il y a quelque chose d’impensable, de plus grand que nous, de plus fort », a poursuivi le président de la République, « une nature et une culture ». « Il y a quelque chose qui précède la France ici, et que vos chants, vos danses, votre artisanat, vos tatouages, votre musique traduisent : la réconciliation d’une nature et d’une civilisation millénaire ». « Ceci est plus fort que nous, cela nous précède et nous survivra et c’est ce qui nous rend fort » a insisté Emmanuel Macron.
Reconnaissant les « fragilités de cette nature et cette culture », Emmanuel Macron a salué la renaissance de la culture marquisienne qui, « il y a quelques dizaines d’années était presque en train de disparaître ». « Et au moment où nous nous parlons, plusieurs de nos terres risquent de disparaître à cause du changement climatique », a-t-il ajouté. « Nous sommes toutes et tous les dépositaires de civilisations et de cultures qui sont plus grandes et plus fortes que nous » et qui « peuvent disparaître », a poursuivi le chef de l’État, appelant à la « résistance par la transmission ». « Notre trésor c’est notre nature et notre culture ».
« Il y a ici une part de France qui vit, une part plus grande que la France, une part d’avant la France (…) que nous aimons » a ajouté Emmanuel Macron, citant le poète Patrice de la Tour du Pin : « les peuples qui n’ont plus de mythe, sont condamnés à mourir de froid ». « La France, avec vous, a de grandes histoires, de grands mythes. Et que grâce à vous, nous ne mourrons jamais de froid ». Emmanuel Macron passera la nuit de dimanche à lundi sur l’île de Hiva Oa. Il visitera lundi matin (heure locale) le site archéologique de Upeke, parmi les nombreux sites de cette candidature de classement en série.
Il ira ensuite à la rencontre des jeunes volontaires du Régiment du Service militaire adapté avant de rejoindre l’atoll de Manihi, dans l’archipel des Tuamotu, où il visitera un abri de survie anticyclonique et une centrale hybride. De retour à Tahiti lundi après-midi, il clôturera une réunion des acteurs économiques de Polynésie.