Agricultures Ultramarines et changement climatique - Otilone Tokotuu, Président de la CCIMA : « A Wallis-et-Futuna, les arbres fruitiers sont passés d’un cycle à trois cycles par an»

Dans un territoire fortement marqué par l'importation (près de 90%), l'agriculture à Wallis-et-Futuna se distingue par la co-existence d'une agriculture familiale vivrière et d'une agriculture professionnelle en pleine construction. A l'occasion du séminaire « Agricultures ultramarine et changement climatique organisé par l'ODEADOM et Chambres d'agriculture de France du 23 au 25 octobre en Guadeloupe, Otilone Tokotuu, Président de la Chambre de commerce et d’industrie, des métiers et de l’agriculture de Wallis-et-Futuna est revenu pour Outremers 360 sur les principaux défis de l'agriculture à Wallis-et-Futuna.

L’agriculture pratiquée à Wallis-et-Futuna est essentiellement familiale. « Chaque famille a son exploitation, son petit élevage. Nous restons sur une agriculture traditionnelle vivrière avec la culture de féculents comme le taro, le manioc, ou l’igname. En matière d’agriculture professionnelle, nous sommes peu nombreux pour satisfaire la demande des expatriés notamment ou pour fournir la « grande distribution». Je fais partie de ces quelques professionnels qui se sont lancés dans cette agriculture dite professionnelle», dresse Otilone Tokotuu, Président de la Chambre de commerce et d’industrie, des métiers et de l’agriculture de Wallis-et-Futuna.

Participant au séminaire co-organisé par l’ODEADOM et Chambres d’Agriculture de France en Guadeloupe, le Président de la Chambre de commerce et d’industrie, des métiers et de l’agriculture de Wallis-et-Futuna a pu mesurer lors des visites de terrain le poids importants des cahiers de charge de ses autres homologues ultramarins. « Je vois notamment les difficultés que vivent les agriculteurs ici, notamment les producteurs de banane. Ils ont un cahier des charges très lourd à respecter. En voyant les normes européennes qui leur sont imposées, je me pose la question de l’attractivité de ce métier. Je constate une difficulté sur la cotisation des formations agricoles. Comment venir en aide aux jeunes et moins jeunes qui ont besoin de formation initiale ou continue? ». Selon Otilone Tokotuu, il est urgent que les autorités se saisissent de ces problématiques en mettant en place des solutions pour faciliter le monde agricole car « d’ici quelques années, il n’y aura plus d’agriculteurs» avertit-il.

Au sujet de l’agriculture wallisienne, Otilone Tokotuu souligne également ne pas relever d’importantes contraintes dans l’exercice de sa profession. « Nous avons toujours pratiqué une agriculture biologique en usant de nos traditions ancestrales». Auparavant, l’agriculture wallisienne-et-futunienne a accusé un certain retard en matière de pratiques agricoles intensives. Mais à l’heure actuelle du retour à une agriculture plus biologique, nous détenons aujourd’hui une certaine avance puisqu’il n’y a jamais eu d’intrants chimiques».

«On produit juste pour s’alimenter»

Si les terres ont été préservées dans ce petit archipel du Pacifique, l’agriculture de Wallis-et-Futuna subit également les effets du changement climatique. « Le changement climatique est aujourd’hui l’affaire de tous ! A Wallis-et-Futuna, nous constatons ce changement en tant qu'agriculteur. Sur les arbres fruitiers par exemple, nous sommes passés d’un cycle annuel à trois cycles par an. Il existe un certain stress qui n’est pas normal. Le comportement de la terre a changé, elle est de plus en plus sèche. Nous essayons de trouver divers moyens en matière de gestion de l’eau, de paillage ou d’agroforesterie».

Tout en préservant cette agriculture traditionnelle, Otilone Tokotuu souhaite voir développer sur son île davantage de projets agricoles. « Il n’y a pas une réelle envie de produire. On produit juste pour s’alimenter et le surplus est vendu sur les petits marchés de village. Sur notre territoire, il nous faut mettre en place des projets adaptés à Wallis-et-Futuna, comme sur l’aquaponie par exemple. C’est dans ce cadre que je me déplace dans les départements et territoires d’outre-mer pour voir les opportunités que l’on peut mettre en place à Wallis.», conclut-il.

 

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