A l'initiative de l'ODEADOM (Office de développement de l'économie agricole outre-mer) et Chambres d'Agriculture de France, le monde agricole ultramarin est réuni depuis ce lundi en Guadeloupe à l'occasion d'un séminaire inédit intitulé «Agricultures ultramarines et changement climatique». Plus de 200 participants représentant la recherche, l’innovation, les filières agricoles et les territoires, venus de tous les Outre-mer, sont rassemblés pour la première fois pour approfondir la réflexion sur les mutations de ce secteur face au changement climatique.
Des phénomènes cycloniques de plus en plus violents, des épisodes de sécheresse de plus en plus longs, une répartition de la ressource en eau de plus en plus déséquilibrée, voici les principaux défis auxquels seront confrontés les agriculteurs d'Outre-mer. Pour bâtir des solutions pour lutter contre ces effets du changement climatique, l’ODEADOM en partenariat avec Chambres d'Agricultures de France ont organisé un séminaire inédit autour de la thématique « agricultures ultramarines et changement climatiques».
«L'agriculture ultramarine doit s'adapter au changement tout en relevant d'autres défis (contribution à l'autonomie alimentaire, le renouvellement des générations) avec des contraintes réglementaires qui se ressentent encore de manière plus aiguë en Outre-mer. L'adaptation est une nécessité, les Outre-mer peuvent servir de terrain pour pouvoir comment on peut s'adapter demain dans l'Hexagone» a souligné Isabelle Chmitelin, directrice générale Chambres d’Agricultures France en introduction de ce séminaire.
Pour Jacques Andrieu, directeur général de l'ODEADOM, « ce dialogue entre les différentes sphères est pour nous important, car il repose sur du partage de connaissances, de problématiques des uns et des autres. Ce séminaire arrive au cœur d'une actualité avec de nombreux chantiers ouverts et qui seront abordés au cours de ces trois jours».
Cette première journée de séminaire s'est poursuivie avec un état des lieux des connaissances, l'apport de témoignages et partager autour de de l'atténuation et de l'adaptation. Trois ateliers thématiques sur les thèmes de «Sol et pratiques agronomiques et d'élevage, accès à l'eau et gestion de la ressource et résilience face aux risques croissants» ont été proposés.
Un acte d'engagement pour la résilience de l'agriculture ultramarine
A l’issue de ce séminaire, c’est une « initiative climat-agriculture outre-mer» qui s’est concrétisée au travers d’un document qui présente un acte d'engagement des représentants de la recherche, de l’innovation, des territoires et des filières pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. «Cette initiative a pour objet de traduire notre engagement en vue de mobiliser les acteurs, décideurs, experts pour une adaptation du secteur agricole et agro-alimentaire face aux défis du changement climatique et pour mettre en œuvre des actions et fixer des échéances et des évolutions concrètes. » a rappelé Joël Sorres, le Président de l’ODEADOM.
De son côté, Sébastien Windsor, le Président de Chambres d’Agriculture de France a appuyé que « les Chambres d’agriculture, présentes partout dans les territoires, s'investiront pleinement à la construction et à la mise en œuvre des engagements pris pour accompagner les agriculteurs dans l’adaptation au changement climatique.»
Sébastien Windsor, Président Chambres d’’Agricultures de France : «Il faut comprendre d’abord l’impact du changement climatique puis lister les solutions»
Ce travail autour de l’adaptation à la nouvelle donne climatique est un enjeu de la résilience de l’agriculture pour être au cœur des solutions de l’autonomie alimentaire. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’action 63 du comité interministériel des Outre-mer du 18 juillet 2023 qui appelle à définir d’ici 2024 une stratégie complète d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour chaque territoire ainsi que dans la stratégie de Planification écologique voulue par le Gouvernement.
En clôture de ce séminaire, le Ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier a réaffirmé son soutien à la filière agricole des Outre-mer. Il a notamment salué « une belle initiative de l'ODEADOM de rassembler les agricultures ultramarines car ils anticipent la démarche». Philippe Vigier a également indiqué «qu'il y a des dispositifs qui sont en train d'être mis en place, qui permettront pour les jeunes et ceux qui décident de rentrer dans le métier, il y a des fonds de garantie plus facilement mobilisables. Il y a un arsenal qui est en train de se mettre en place, car le changement climatique est bien là. Il faut qu'ils s'adaptent mais aussi structurer les filières. Le soutien de la Région est essentiel. Si l'on structure mieux les filières, on ouvre des marchés, on crée de la valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée est la seule qui permettra aux agriculteurs d'avoir des revenus décents des aides données par l'Etat ».