Océan Indien : « Mon objectif, c'est que Mayotte puisse être éligible aux programmes de la COI » insiste Emmanuel Macron

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Océan Indien : « Mon objectif, c'est que Mayotte puisse être éligible aux programmes de la COI » insiste Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a défendu l'intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l'océan Indien (COI), à l'occasion du 5ème Sommet de l'organisation intergouvernementale organisé dans la capitale malgache. Il a aussi annoncé, à l’instar d’Haïti, la création d’une commission mixte d’historiens franco-malgaches chargée de « rouvrir (…) un moment de notre Histoire », notamment la colonisation.

C’était un des nombreux sujets que le chef de l’État souhaitait faire avancer, à l’occasion du Sommet des chefs d’État de la COI, ce jeudi à Antanarivo : l’intégration de Mayotte au sein de l’organisation, qui se heurte toujours au refus des Comores voisines.

« Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes », a dit le président français, en citant expressément le Département français. La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien. Mais à la différence de La Réunion, Mayotte reste à la porte de l'organisation.

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L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975. « L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité (..) sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région », a toutefois insisté le président français.

Il a suggéré d' « avancer de manière pragmatique vers cet objectif », en soulignant que la « France est le premier bailleur de la COI », sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel. La France apporte en effet 40% du budget de fonctionnement de la COI, et 125 millions d’euros de financement aux programmes de l’organisation régionale, via l’AFD.

« Restaurer les faits »

Le ministre comorien des Affaires étrangères Mohamed Mbae Ministre, présent à Antananarivo et sollicité par l'AFP, a réitéré qu' « il ne saurait être question d'intégration de Mayotte à la COI, Mayotte est comorienne ». « Nous avons une méthode qui est celle de l'honnêteté, de la bonne volonté du pragmatisme » a confié de son côté Emmanuel Macron, satisfait d’avoir « posé » ce sujet auprès de ses homologues de la région.

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« Nous avons un différend avec les Comores, qui ne reconnaît pas le caractère français de Mayotte, qui est le fruit d'un choix exprimé par référendum par le peuple mahorais qui a choisi lui-même d'être français et de devenir département français » a rappelé le président pour « restaurer les faits, la vérité historique ». « Mayotte est française par le choix du peuple Mahorais » a insisté Emmanuel Macron, qui se défend de toute « provocation ».

« Il est normal que Mayotte fasse partie des territoires qui sont inclus dans la coopération et les programmes de la COI » a-t-il aussi déclaré, précisant « finaliser le travail en bilatéral de manière respectueuse avec le président (des Comores) Azali ». « Mon objectif, c'est que Mayotte puisse être éligible aux programmes de la COI et en particulier les programmes de sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

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Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures. La commission mixte France-Madagascar sur les îles Éparses, lancée en 2019, sera d’ailleurs relancée le 30 juin.

Commission mixte d’historiens franco-malgache

Avant le Sommet des chefs d’État de la COI, Emmanuel Macron était au Palais du Rova pour une séquence mémorielle, consacrée à la restitution des restes humains malgaches et aux « conditions » du « pardon » face à la colonisation. Le chef de l'État avait évoqué une « approche pour faire travailler (les) historiens » des deux pays, à l'image des commissions d'historiens créées avec d'autres territoires colonisés par la France comme le Cameroun, l'Algérie, le Sénégal ainsi que, plus récemment, Haïti.

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« Nous avons décidé, avec le président Andry Rajoelina, ce matin, d'installer une commission mixte d’historiens franco-malgaches » a précisé Emmanuel Macron plus tard ce jeudi. Une commission mixte chargée de « rouvrir (…) un moment de notre Histoire » : les guerres, la colonisation ou encore l’insurrection de 1947 réprimée dans le sang par l'armée française, qui « reste encore une plaie très forte dans l'histoire ».

Ce jeudi après-midi à Madagascar, le chef de l’État s’est rendu sur les terres de l’œuvre humanitaire Akamasoa du père Pedro Opeka, où 20 000 enfants étaient rassemblés pour l’occasion. Un moment « émouvant » a confié le président de la République, clôturant cette visite d’État à Madagascar, la première d’un président français depuis 2005, et qui avait pour objectif de renforcer les liens bilatéraux avec la Grande île de l’océan Indien.

Outremers360 avec AFP