Le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux achève ce jeudi une visite de trois jours aux Seychelles, où il a notamment défendu, mercredi, l’intégration de Mayotte à la Commission de l’Océan Indien (COI) auprès de ses homologues des pays membres de cette organisation régionale.
En 40 ans d’existence, il est temps que Mayotte intègre la COI au même titre que La Réunion. C’est le message porté par le ministre Thani Mohamed-Soilihi, originaire du département, et que portera aussi le président de la République à l’occasion du Sommet des chefs d’État de la COI, la semaine prochaine à Madagascar.
Mercredi, lors du Conseil interministériel de la COI, Thani Mohamed-Soilihi a tenté de paver le chemin vers cette intégration régionale de Mayotte. Mais à l’issue de cette réunion, force est de constater que cette intégration se heurte au contentieux politique entre la France et les Comores, qui revendiquent sa souveraineté sur Mayotte, bien que le département lui-même refuse de quitter le giron de la République.
La COI, explique Thani Mohamed-Soilihi, « a ses règles de fonctionnement, et notamment la règle de l'unanimité pour adopter des décisions, des résolutions. À partir du moment où un seul membre fait obstacle, donne son véto, on ne peut pas arriver à une discussion ». En d’autres termes, les Comores, membres de la COI, refusent l’intégration de Mayotte. Et par conséquent, « nous n'avons pas pu adopter la déclaration finale » ajoute le ministre, « notamment parce que les amendements que la France souhaitait faire adopter ne l'ont pas étés ». Parmi ces amendements : l’intégration de Mayotte à la COI.
« Pour autant, la France ne baisse pas les bras » assure Thani Mohamed-Soilihi, qui précise que la question devrait aussi être abordée la semaine prochaine, lors du Sommet des Chefs d’État. « Et si ce n'est pas cette fois-ci, ça sera la fois prochaine. Nous allons maintenir, continuer nos efforts ».
« Il est important que Mayotte ait aussi sa place dans cette institution qui a 40 ans aujourd'hui » insiste le ministre qui rappelle que les problématiques et enjeux politiques, sanitaires, climatiques ou sécuritaires, traités par la COI, ne « s’arrêtent pas aux frontières de Mayotte », qui par ailleurs participe déjà à certains programmes de l’organisation régionale.
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L’un des arguments qui pourrait toutefois faire pencher la balance en faveur de Mayotte serait de faire valoir le poids de la France dans le fonctionnement de la COI, puisqu’elle finance l’organisation régionale à hauteur de 40%. En outre, l’Union européenne est un partenaire important de la COI, grâce là encore, à la présence française dans l’organisation. Et l’Agence française de Développement apporte 125 millions d’euros aux programmes portés par la COI.
Thani Mohamed-Soilihi met aussi en avant le message envoyé par sa nomination à la Francophonie et aux Partenariats internationaux. « Il était important aujourd'hui qu'en tant que ministre du gouvernement français, mais aussi en tant qu’enfant de l'océan Indien, enfant de Mayotte, ma voix soit entendue. Je suis un témoin vivant de ce que les Mahorais ont intégralement leur place au sein de l'océan Indien et au sein de la COI. Et ce symbole fort, j'en suis persuadé, finira par payer », estime-t-il.
Et de défendre au passage, à la fois le choix des Mahorais de rester au sein de la République, et à la fois l’histoire pré-européenne de l’île, déjà « autonome, qui avait décidé, par la voix de son responsable, le sultan Andriantsoly, de s'attacher à la France ». Une piqûre de rappel aux Comores « qui se prévalent de la règle de retour à la situation d'avant la colonisation ».